Romain Bausch, de retour à la présidence du CNFP depuis mars dernier, ne cesse d’interpeller le gouvernement à propos de la soutenabilité des finances publiques. (Photo: Olivier Minaire)

Romain Bausch, de retour à la présidence du CNFP depuis mars dernier, ne cesse d’interpeller le gouvernement à propos de la soutenabilité des finances publiques. (Photo: Olivier Minaire)

Le ministère des Finances a sèchement répondu, par une prise de position publique, aux recommandations du CNFP mettant en cause sa méthodologie concernant les estimations du PIB, ou encore celles de la situation financière des communes.

Institué en 2014 comme organe indépendant, le Conseil national des finances publiques a su faire entendre une voix respectée au long de sa jeune existence et n’a jamais manqué d’émettre des remarques et recommandations quant à la façon de présenter le budget.

«Le CNFP continue à recommander un OMT (objectif budgétaire à moyen terme, ndlr) qui ne perd pas de vue les défis de demain en matière de soutenabilité à long terme, tout en permettant de procéder aux investissements nécessaires aujourd’hui», indiquait le rapport du CNFP remis le 25 mars dernier. «Comme le Statec l’a relevé dans sa publication, des questions subsistent sur la pertinence de certaines données sous-jacentes et sur la méthodologie d’estimation du PIB, sur lequel se basent les prévisions macroéconomiques, ainsi que le solde structurel. Le CNFP recommande au gouvernement de répondre aux problèmes méthodologiques inhérents dans le calcul du PIB et de rétablissement des prévisions macroéconomiques.»

Le gouvernement défend «le bien-fondé de ses choix»

Une recommandation qui agace visiblement le ministère des Finances, rappelant que c’est le Statec qui est chargé de ces calculs. Le ministère rappelle que «la situation financière des administrations publiques a pu être considérablement renversée, et elle a été durablement assainie, comme en témoignent les derniers chiffres publiés dans le cadre de la notification EDP d’avril 2019, ainsi que dans la documentation budgétaire, et ce indépendamment des révisions qui ont été successivement apportées au PIB». Autrement dit: erreur ou pas, le gouvernement a réussi l’assainissement des finances publiques.

Il évoque également les simulations comprises dans le projet de loi de programmation financière afin d’«illustrer la sensibilité des finances publiques par rapport à des scenarii de croissance du PIB divergents». Des simulations probantes. «Tous ces éléments soulignent le bien-fondé des choix du gouvernement en matière budgétaire, et ils confirment que d’éventuels problèmes liés à l’estimation du PIB ne sont pas de nature à remettre en cause la bonne santé des finances publiques du pays», conclut le ministère des Finances.

L’estimation des soldes nominaux résulte d’une approche prudente et non biaisée dans l’élaboration des prévisions budgétaires.

Ministère des Finances

En outre, celui-ci a pris en considération la recommandation concernant une «simulation des chocs sur le solde structurel des administrations publiques», tout en soulignant «la charge de travail supplémentaire qu’impliquerait une extension des analyses de sensibilité». Mais il ne compte pas remettre en question ses prévisions sur la situation financière du secteur communal – «d’une qualité entièrement satisfaisante», selon lui – ni découpler le volet pluriannuel et le budget annuel afin de bénéficier de prévisions macroéconomiques plus fines.

Le ministère de la rue de la Congrégation rejette encore l’idée d’un «biais systématique dans l’estimation des soldes nominaux» des administrations publiques. «L’estimation des soldes nominaux résulte d’une approche prudente et non biaisée dans l’élaboration des prévisions budgétaires, en raison notamment des incertitudes évoquées par le CNFP lui-même, ainsi que d’une multitude de facteurs techniques ou autres qui ne sont que difficilement prévisibles dans le cas d’une petite économie ouverte», argumente-t-il.

Le CNFP avait également souligné le grand écart entre les prévisions de croissance affichées par le budget 2019 et celles estimées par la Commission européenne – respectivement – de 3,8% et 2,7% en 2020.

À l’origine du débat ouvert – et vite refermé – sur la en 2016, le CNFP n’hésite donc pas à se positionner en poil à gratter du gouvernement. C’était le destin auquel le vouait la coalition Gambie. Elle est servie.