«Les commandes de vaccins sont calculées en fonction du nombre de résidents», a rappelé la ministre de la Santé. (Photo : Matic Zorman/Maison Moderne)

«Les commandes de vaccins sont calculées en fonction du nombre de résidents», a rappelé la ministre de la Santé. (Photo : Matic Zorman/Maison Moderne)

Paulette Lenert, la ministre de la Santé, l’a dit: la vaccination des travailleurs frontaliers se fera dans leur pays de résidence. Une situation frustrante, mais pas forcément désavantageuse pour ces frontaliers.

La ministre de la Santé, (LSAP), a confirmé mercredi soir lors d’ (où , le directeur de la Santé, l’accompagnait) à destination du grand public, ce que peu de journalistes avaient compris lors de . À savoir qu’au-delà de la première phase de vaccination, celle concernant le personnel médical et les personnes les plus âgées, les travailleurs frontaliers ne sont pas concernés par la suite de la campagne luxembourgeoise. «Les frontaliers seront vaccinés dans leur pays d’origine», a-t-elle expliqué. Justifiant ce choix par le fait que «les commandes de vaccins sont calculées en fonction du nombre de résidents». Ces derniers ont donc la priorité.

Forcément, avec plus de 200.000 travailleurs frontaliers au Luxembourg, ce genre de nouvelles fait des mécontents. Beaucoup de mécontents. Il a suffi de jeter un œil sur les réseaux sociaux ces dernières heures pour s’en rendre compte. Beaucoup ne comprennent pas. D’un côté, ils cotisent au Luxembourg en tant que travailleurs. De l’autre, on ne leur permet pas de se faire vacciner dans ce même pays. Il y a effectivement de quoi avaler de travers son café du matin et se sentir offusqué. Mais plus pour le principe qu’autre chose. Car ce sentiment de frustration ne résiste pas complètement à l’analyse froide de la situation. Du moins, celle valable à l’heure actuelle.

Le Luxembourg, (légèrement) en retard sur ses voisins

Car, pour un frontalier, avoir le droit d’être vacciné au Luxembourg n’a d’intérêt que s’il peut le faire avant que son pays de résidence ne lui propose. Or, personne ne peut aujourd’hui dire si ce sera le cas. Si on jette un œil aux chiffres compilés (et arrêtés à mardi) par la version européenne du très fiable site américain Politico, pour l’heure, 2,28% de la population luxembourgeoise est vaccinée. C’est moins que les 2,53% de la France, les 2,82% de la Belgique et les 3,24% de l’Allemagne. En zoomant plus spécifiquement sur les territoires de la «Grande Région», on trouve des chiffres plus ou moins équivalents: 2,32% en Sarre, 3,50% en Rhénanie-Palatinat, 2,15% en Moselle française et 2,68% en Meurthe-et-Moselle (les données ne sont pas disponibles pour la province belge du Luxembourg).

La vaccination des frontaliers est encore loin

Des chiffres qui montrent, avant tout, qu’on n’en est qu’au début de cette longue campagne. Mais aussi que tout ce petit monde se tient dans un mouchoir de poche. Ce qui paraît logique quand on se souvient que l’Union européenne distribue les doses de vaccin au prorata de ce qu’elle reçoit et proportionnellement à la population de chaque pays. Tous les États de l’UE sont donc censés avancer à un rythme plus ou moins similaire.

On ajoutera que les politiques en matière de campagne de vaccination dans les trois pays qui entourent le Luxembourg sont comparables dans les grandes lignes à celle du gouvernement Bettel. À savoir traiter dans un premier temps le personnel médical et les personnes âgées, avant une priorité déclinée autour de plusieurs phases successives, sur base des catégories d’âge et de différents degrés de vulnérabilité associés à l’infection au Covid-19. On peut ainsi noter que dans ces différentes campagnes, les personnes en âge de travailler  feront à chaque fois partie des dernières à être appelées. La vaccination des frontaliers est donc encore loin. Et tant de choses peuvent arriver d’ici-là…