Erica Monfardini: «Je suis de nature optimiste, et je crois que, dans les temps de crise, il faut investir, pour autant que l’on peut.» (Photo: Université du Luxembourg/Sophie Margue)

Erica Monfardini: «Je suis de nature optimiste, et je crois que, dans les temps de crise, il faut investir, pour autant que l’on peut.» (Photo: Université du Luxembourg/Sophie Margue)

Paperjam est parti à la rencontre des femmes figurant dans la liste des «100 femmes pour un conseil d’administration» publiée fin février. Pour comprendre leur vécu de la période que nous traversons. Entretien avec le Dr Erica Monfardini, director of Administration and Finance à l’Université du Luxembourg.

Comment avez-vous vécu cette première phase de la crise?

– «J’ai été très occupée, en tant que membre du comité de crise de l’Université du Luxembourg, à gérer la transition vers le télétravail et l’enseignement à distance, la première phase de confinement, ainsi que, maintenant, celle de déconfinement, pour faire en sorte que les employés et les étudiants de l’Université puissent continuer à travailler et à étudier dans les meilleures conditions.

Comme il s’agit de plus ou moins 8.000 personnes, il a fallu que l’administration de l’Université soit rapide, efficace, et que les services aux utilisateurs soient au niveau attendu. Je dispose maintenant d’une équipe très forte, avec des professionnels de haut niveau, sur laquelle je peux compter. Les investissements faits par l’UL en compétences et outils informatiques ont été précieux en ce moment de crise et ont permis à mes équipes de répondre aux nouveaux besoins en télétravail, télé-enseignement, et en gestion des infrastructures et de la sécurité d’une manière très satisfaisante.

Quels sont les trucs et astuces que vous souhaiteriez partager en termes de management d’entreprise ou de tenue d’un board lors de cette période de confinement?

«En ce qui me concerne, il est prioritaire, pour le type de travail que je fais, d’être le maître de l’identification des risques potentiels et de leur gestion. Il est clair que, mieux on arrive à anticiper dans des moments de crise, mieux on sera préparé à faire face aux urgences, et à gérer les efforts et les ressources. On gagnera alors un peu de temps pour prendre du recul et pour réfléchir.

Après, il est essentiel que les managers soient ouverts et à l’écoute. Il faut mettre en place des systèmes qui puissent permettre d’identifier et remonter les problèmes rapidement, pour que les investissements soient faits aux bons endroits. Pour cela, l’esprit d’équipe est essentiel. Profiter des temps plus ‘creux’ pour former les gens à coopérer ensemble, et à sortir de leur zone de confort équivaut à investir sur le capital humain, et sur des compétences qui seront précieuses au bon moment. Enfin, il faut être capable de faire preuve d’empathie et d’enthousiasme.

Dans le cadre de notre opération «Luxembourg Recovery: 50 idées pour reconstruire», nous proposons à nos lecteurs de partager une idée concrète, une expérience ou une mesure à mettre en œuvre pour faciliter le rebond de l’économie luxembourgeoise. Quelle serait la vôtre?

«Je suis de nature optimiste, et je crois que, dans les temps de crise, il faut investir, pour autant que l’on peut. Je suis aussi passionnée par l’entrepreneuriat, et très admirative des entrepreneurs qui ne lâchent pas, et qui continuent à travailler et à croire en la croissance économique dans les périodes les plus dures.

Je suis convaincue que mettre en place un petit fonds d’investissement luxembourgeois ‘non dilutive’ ciblant les start-up et les PME, avec des tickets relativement petits (par exemple jusqu’à 250K€) et un board composé d’entrepreneurs, pourrait sûrement contribuer à la reprise du pays, et encourager les entrepreneurs à poursuivre leurs idées et à innover. J’ai vraiment confiance en eux et je suis sûre que cette crise fera sortir des talents du buisson...»