Tonika Hirdman: «Il est important d’être conscient que les gens réagissent de différentes manières vis-à-vis d’une telle crise.» (Photo: DR)

Tonika Hirdman: «Il est important d’être conscient que les gens réagissent de différentes manières vis-à-vis d’une telle crise.» (Photo: DR)

Paperjam est parti à la rencontre des femmes figurant dans la liste des «100 femmes pour un conseil d’administration» publiée fin février. Pour comprendre leur vécu de la période que nous traversons. Entretien avec Tonika Hirdman, directrice générale de la Fondation de Luxembourg.

Comment avez-vous vécu cette première phase de la crise?

– «Plutôt bien. Ma vie privée est devenue plus calme, j’en ai profité pour lire des livres dans mon jardin, me balader dans la nature avec mon mari et découvrir mon voisinage. Au niveau professionnel, c’était une période très intense. Il a d’abord fallu nous réorganiser pour le télétravail, ainsi qu’assurer la communication avec nos donateurs et le CA. Ensuite, en réaction aux besoins d’urgence nés de la crise, nous avons rapidement créé la Fondation Covid-19 pour aiguiller les dons vers des projets d’urgence. La grande mobilisation des donateurs et l’adaptation exceptionnelle du secteur civil nous ont beaucoup impressionnés.

Quels sont les trucs et astuces que vous souhaiteriez partager en termes de management d’entreprise ou de tenue d’un board lors de cette période de confinement?

«Je pense que la communication et le dialogue avec ses collègues dans cette situation de télétravail sont primordiaux. Même si on n’a pas toujours quelque chose d’important à dire, il faut maintenir le dialogue avec ses collègues au travers des Zoom calls journaliers. Il est important d’être conscient que les gens réagissent de différentes manières vis-à-vis d’une telle crise. Certains sont plus inquiets, alors que d’autres ne sont pas affectés, le dialogue contribue à normaliser la situation.

Il est également nécessaire d’assurer le ‘business as usual’ et de préserver l’implication de tous les membres de l’équipe – le lancement de la Fondation Covid-19 a certainement contribué à cette dynamique. Cela a apporté beaucoup d’activité et d’enthousiasme à un moment où le rythme commençait à ralentir.

Dans le cadre de notre opération «Luxembourg Recovery: 50 idées pour reconstruire», nous proposons à nos lecteurs de partager une idée concrète, une expérience ou une mesure à mettre en œuvre pour faciliter le rebond de l’économie luxembourgeoise. Quelle serait la vôtre?

«Je crains que nous devions vivre avec ce virus d’une manière ou d’une autre pendant une durée assez longue. Les impacts sur l’économie seront certainement graves, du moins pendant une ou deux années. Cela nous a donné un aperçu de ce qu’il pourrait advenir si nous continuons à ignorer les alertes des scientifiques au sujet du changement climatique.

Cependant, une crise peut être aussi une opportunité, et dans le cas présent, elle nous a propulsés à l’ère de la digitalisation. Dorénavant, nous ferons sans doute moins de voyages professionnels. D’une part, je vois une réelle opportunité pour intégrer les aspects environnementaux dans la relance de l’économie et, d’autre part, pour investir dans des dispositifs de ‘job switch’.

Pour vous citer un bon exemple provenant de mon pays d’origine la Suède, j’évoquerai la transformation d’urgence du personnel de cabine de la société aérienne Scandinavian Airlines en personnel soignant hospitalier, suite à une formation accélérée de trois semaines.»