Le système de santé luxembourgeois est un des meilleurs au monde. Mais pour ceux qui en bénéficient. Or, nombreux sont ceux qui, dans le pays, n’y ont pas accès. «Tout le monde n’a pas d’assurance maladie au Luxembourg», explique la directrice de Médecins du Monde, Sylvie Martin, lors d’une conférence de presse durant laquelle l’association présentait son rapport annuel 2019. «Et je crains qu’il y ait de plus en plus de cas comme ça suite à la crise sanitaire.» Le nombre de personnes sans assurance maladie aurait ainsi augmenté de 10% entre 2018 et 2019.
En 2019, 2.867 consultations ont eu lieu dans les centres de soins de Médecins du Monde, et 884 personnes ont reçu un suivi médical – des chiffres en constante augmentation depuis 2015. Or, 79% de ces bénéficiaires n’avaient aucune prise en charge des frais de santé, et seulement 13% bénéficiaient de la couverture CNS.
Des personnes pour l’essentiel pauvres, seules et mal logées: 95% vivent sous le seuil de pauvreté, 84% considèrent leur logement comme temporaire, et une personne sur trois n’a personne sur qui compter.
L’urgence d’une CSU
«D’année en année, la situation sociale de nos patients se dégrade», constate Sylvie Martin. Une tendance qui devrait s’accélérer avec les conséquences de la crise sanitaire, . D’où l’urgence de garantir un droit à la domiciliation pour chaque personne et de mettre en place une couverture sanitaire universelle (CSU), selon Médecins du Monde.
«Nous voudrions un élargissement de l’accès à l’assurance maladie pour toute personne qui est au Luxembourg depuis trois mois, même sans revenu stable ou sans logement stable», explique Sylvie Martin. Une proposition, actuellement en cours d’élaboration au sein d’un groupe de travail de l’association, qui se baserait sur le modèle français de l’aide médicale d’État (AME).
Généraliser le tiers payant
Une prise en charge qui n’est pas utopique puisque la crise du Covid-19 a créé un précédent: les personnes sans assurance maladie ont été accueillies dans les centres de dépistage, tous frais pris en charge par l’État, souligne Médecins du Monde.
Ce n’est d’ailleurs pas le seul apprentissage de la crise, qui a mis en exergue d’autres nécessités, d’après l’association: généraliser le tiers payant – –, élargir les critères d’admission aux structures d’hébergement existantes, créer un centre d’accueil d’urgence des sans-abris ouvert toute l’année et, bien sûr, soutenir les associations travaillant dans le domaine social. Car c’est essentiellement et à ses 130 bénévoles que Médecins du Monde continue de soigner.