Les 10% des citoyens européens les plus riches seraient responsables de plus d’un quart (27%) des émissions de l’UE, soit la même quantité que la moitié la plus pauvre de la population de l’UE réunie. (Photo: Shutterstock)

Les 10% des citoyens européens les plus riches seraient responsables de plus d’un quart (27%) des émissions de l’UE, soit la même quantité que la moitié la plus pauvre de la population de l’UE réunie. (Photo: Shutterstock)

Si les émissions de gaz à effet de serre baissent dans l’UE, tous n’y contribuent pas de la même façon. La moitié la plus pauvre de la population a ainsi réduit ses émissions de près d’un quart de 1990 à 2015. Dans le même temps, les émissions des 10% les plus riches ont augmenté de 3%.

La Commission européenne s’est récemment réjouie, dans son dernier rapport sur l’état d’avancement de la lutte contre le changement climatique, de la diminution des émissions de gaz à effet de serre dans l’UE, avec 24% de baisse depuis 1990 constatés en 2019.

Mais, selon une étude d’Oxfam et de l’institut de l’environnement de Stockholm publiée le 8 décembre, tout le monde ne contribuerait pas à cette réduction à la même hauteur. Et cela révélerait des inégalités flagrantes. Car si les émissions des Européens à revenus faibles et intermédiaires ont diminué entre 1990 et 2015, celles des 10% les plus fortunés ont augmenté durant ces 25 années.

Plus précisément, la moitié la plus pauvre de la population européenne a réduit ses émissions de près d’un quart (24%), et celle «à revenus moyens», de 13%. En revanche, les 10% des Européens les plus riches ont augmenté leurs émissions de 3%, et cette augmentation atteint 5% chez «le 1%» des plus nantis.

Le Luxembourg pas épargné

De manière générale, l’étude rappelle que les 10% des citoyens européens les plus riches sont responsables de plus d’un quart (27%) des émissions de l’UE, soit la même quantité que la moitié la plus pauvre de la population de l’UE réunie. Les 40% d’Européens classés dans la tranche de revenus intermédiaires sont, quant à eux, responsables de 46% des émissions, et «le 1%» des plus riches de 7% des émissions.

Des inégalités qui sont d’ailleurs encore plus extrêmes à l’échelle de la population mondiale, selon le Programme des Nations unies pour l’environnement , qui estime, quant à lui, que «le 1%» des plus riches sont à l’origine de davantage d’émissions que 50% des plus pauvres.

Et ces inégalités n’épargnent pas le Luxembourg, loin de là: «Les plus gros émetteurs de l’UE sont de loin les citoyens les plus riches du Luxembourg», tacle l’étude d’Oxfam et de l’institut de l’environnement de Stockholm. «Dans le pays, ‘le 1%’ des plus riches enregistrent une empreinte de 214 tCO2/an, soit 26 fois plus que la moyenne de l’UE, et ils comptent ainsi parmi les plus gros émetteurs au monde. Cela reflète les revenus et le pouvoir d’achat très élevés de ce groupe, et la forte dépendance du pays à l’égard des combustibles fossiles importés», explique l’étude.

Les inégalités au cœur de la lutte

Par conséquent, note l’étude, pour maintenir le réchauffement planétaire en deçà de 1,5°C, il faudrait réduire l’empreinte carbone des 10% d’Européens les plus riches par 10 d’ici 2030, et celle «du 1%» les plus riches par 30. Les 50% les plus pauvres devront aussi contribuer, mais à une échelle moindre, en diminuant de moitié leurs émissions.

Ainsi, il est essentiel que l’UE place «la lutte contre les inégalités au cœur de ses efforts de réduction des émissions au niveau national», remarque l’étude. Au Luxembourg, déclare que la politique climatique est notamment régie par le principe de justice climatique et «doit viser à réduire ou limiter des inégalités déjà existantes ou nouvelles générées par le réchauffement planétaire».

devrait illustrer ce principe. La hausse du crédit d’impôt et de l’allocation de vie chère a été prévue pour compenser l’impact sur les ménages modestes, qui «sera ainsi neutralisé», selon une étude du Statec. Qui estime que «l’incidence fiscale sera progressive, ce qui signifie que l’impact de la taxe augmentera avec le niveau de vie». Reste à espérer que le principe soit désormais rigoureusement appliqué par la suite pour les prochaines mesures.

Cet article est issu de la newsletter Paperjam Green, le rendez-vous mensuel pour suivre l’actualité verte au Luxembourg.