Le nombre de nouveaux contrats dans l’apprentissage a diminué de 15,6% par rapport à 2019. (Photo: Paperjam.lu)

Le nombre de nouveaux contrats dans l’apprentissage a diminué de 15,6% par rapport à 2019. (Photo: Paperjam.lu)

La crise sanitaire a fait souffler un vent d’incertitude sur les possibilités de formation professionnelle initiale au Grand-Duché. Les jeunes ont donc choisi des options plus scolaires, laissant de nombreux postes d’apprentis vacants en 2020, selon la Chambre des salariés.

Difficile de trouver un emploi pendant la crise, surtout lorsqu’il s’agit du tout premier. Si le taux de chômage est passé de 5,3% à 6,3% entre 2019 et 2020 au Grand-Duché, selon le Statec, pour les 15-24 ans, il a pris six points, pour atteindre 22,9%. Plus précisément, le pays comptait en moyenne 1.275 jeunes demandeurs d’emploi en 2019, contre 1.973 en 2020. En janvier 2021, ils étaient 1.923. Des données révélées par la Chambre des salariés (CSL) lors d’une conférence de presse, mardi 18 mai.

501 postes vacants

Pour entrer dans l’emploi, l’une des portes est l’apprentissage. Sur lequel la crise a eu son effet. 1.885 nouveaux contrats ont été signés en 2020 – 347 de moins qu’en 2019, mais seulement 53 de moins si on compare à 2018. En cause: «Beaucoup de jeunes se sont dit que c’était incertain et ont préféré une formation à temps plein à l’école», explique Jeannine Kohn, conseillère de direction à la CSL.

Le nombre de personnes à la recherche d’un apprentissage a ainsi chuté de 2.340, en 2019, à 2.062 en 2020 – le niveau «le plus bas depuis dix ans», souligne la CSL. Et le nombre de postes vacants passe de 201 à 501. À l’inverse, 177 jeunes n’ont pas réussi à trouver un poste d’apprentissage – contre 108 en 2019, mais 270 en 2018. Le nombre de postes occupés a quant à lui diminué, de 2.232 à 1.885.

6.891 jeunes suivaient une formation professionnelle initiale au cours de l’année scolaire 2019-2020.

Des aides pour éviter le choc

«On s’attend à une reprise de l’apprentissage» après la crise, souligne cependant la présidente de la Chambre, Nora Back. La CSL recommande donc de prolonger jusqu’en 2022 les mesures étatiques visant à promouvoir et maintenir la formation professionnelle, outil précieux pour les jeunes comme pour les entreprises dans les secteurs en pénurie de main-d’œuvre.

Par exemple, le de la date limite de signature de nouveaux contrats, passée du 1er novembre au 31 décembre 2020. Ou encore la unique, qui peut aller de 1.500 à 5.000 euros par apprenti, à demander jusqu’au 15 juillet 2021. Plus de communication serait également nécessaire, puisque seulement 300 dossiers ont été reçus, dont deux tiers ont été traités pour un montant alloué de 1,1 million d’euros. Sur un budget dix fois plus élevé, de 11,68 millions d’euros.

Certains apprentis se sont retrouvés au chômage partiel, une bonne mesure pour la CSL, qui demande cependant de «veiller à ce que la qualité de la formation n’en souffre pas», en organisant des événements de formation pratique.

Vers un fonds de formation?

À plus long terme, elle préconise un système de financement solidaire de l’apprentissage, via un fonds de formation auquel devraient cotiser toutes les entreprises. «On s’attend à une vague d’insolvabilités en 2021, qui affectera principalement les secteurs de la gastronomie, du tourisme, du divertissement et du commerce de détail», justifie-t-elle. «Nous craignons que la volonté et la capacité des entreprises à dispenser des formations diminuent.»

Les étudiants qui n’ont pas choisi l’apprentissage comptent aussi sur les en entreprise de leurs cursus pour se former et être embauchés. «Il y a, dans certains cas, des difficultés à trouver un stage», admet Jeannine Kohn. Même si des dispenses ont été prévues par le gouvernement, elle préfèrerait, à la place, des alternatives, comme des ateliers pratiques à l’école.