Comment le Luxembourg se retrouve-t-il dans le top 10 des pays les moins corrompus de la planète, selon Transparency International? Autopsie d’une analyse.

(Cet article a été modifié jeudi 4 février avec les réponses de Transparency International)

Le Luxembourg en 9e place ex aequo avec l’Allemagne dans le nouvel indice de la corruption, publié par l’ONG allemande Transparency International (TI), est une bonne nouvelle pour le «nation branding», comme tous ces indices qui drainent une image positive du pays.

Mais…

D’abord, cet indice est un indice de la «perception», basé sur des sondages effectués auprès de personnalités politiques, d’entrepreneurs ou d’universitaires. Et, critiquent ceux qui s’en méfient, ils peuvent être liés à l’État sur lequel ils se prononcent, sans parler du financement même de l’ONG, qui prête parfois à questionnement.

Cela posé, Transparency International s’appuie sur , la Fondation Bertelsmann ayant deux rapports différents sur le sujet. Pour qu’un pays puisse être classé, il doit être cité dans au moins trois de ces sources.

Standardisation de 13 sources

TI , à partir de deux axes:

- Les pratiques problématiques: corruption, détournement de fonds publics, utilisation de la fonction publique à des fins privées, népotisme dans la fonction publique, capture d’État;

- Les mécanismes disponibles pour prévenir la corruption: capacité du gouvernement à appliquer les mécanismes d’intégrité, poursuite efficace des fonctionnaires corrompus, formalités administratives et fardeau bureaucratique excessif, existence de lois adéquates sur la divulgation financière, les conflits d’intérêts, prévention et accès à l’information.

TI a des références pour le Luxembourg dans sept sources: Bertelsmann Foundation Sustainable Governance Index, Economist Intelligence Unit Country Ratings , Global Insight Country Risk Ratings, IMD World Competitiveness Yearbook, PRS International Country Risk Guide, Varieties of Democracy Project, World Economic Forum EOS. «Nous agrégeons simplement les scores de ces sources, sans introduire aucune pondération», explique l’ONG pour Paperjam. «Nous poursuivons cette stratégie pour que l’index reste aussi transparent que possible, que cela reflète la position des experts et sans que nous exprimions le moindre jugement sur la qualité d’une source.»

Par exemple, dans  sur la compétitivité, il faut aller en page 355. Cela tient en une ligne, «incidence of corruption»: 81, une bonne note qui place le pays en 9e position, même si d’autres indicateurs de ce rapport sur la compétitivité peuvent aussi jouer un rôle, comme la transparence budgétaire de l’État ou l’état de la liberté de la presse.

Il y a trois occurrences du Luxembourg , trois classements qui placent le pays en 13e position mondiale au niveau de la démocratie, ou la 9e place européenne. Les cinq données dénoncent surtout le problème d’absence d’une partie de la population résidente au processus électoral.

Finalement, la description la plus intéressante de la méthodologie est peut-être celle des «Sustainable Governance Indicators» (SGI) de la Fondation Bertelsmann, qui s’intéressent à 41 pays, dont le Luxembourg.

Les SGI s’appuient sur , sur six thématiques (politiques économiques, politiques sociales, politiques environnementales, qualité de la démocratie, capacité exécutive, responsabilité exécutive). Pour chaque question, une réponse correspond à un score.

Trois des questions posées dans le cadre des SGI sur le thème de la qualité de la démocratie. (Source: Fondation Bertelsmann)

Trois des questions posées dans le cadre des SGI sur le thème de la qualité de la démocratie. (Source: Fondation Bertelsmann)

Deux experts répondent à ces questions et mettent une note globale. Les deux experts pour le Luxembourg sont le journaliste Jochen Zenthöfer, qui possède un doctorat en droit constitutionnel de l’université de Berlin et qui a par exemple fait partie d’un groupe de travail du ministère de la Culture sur la réforme de la loi sur la protection du patrimoine; et Wolfgang Lorig, professeur de science politique à l’université de Trèves et qui s’intéresse particulièrement à la participation locale aux élections et à la gouvernance de la SaarLorLux.

Ces deux notes établies, elles sont revues par un coordinateur – ils sont huit pour 41 pays –, Nils C. Bandelow pour le Luxembourg, qui dirige la chaire de science politique de l’université technique de Braunschweig. Puis, la note est étudiée par des experts, à nouveau lors d’une réunion des huit coordinateurs et par l’advisory board.

Au total, voici les sept scores luxembourgeois, qui vont de 72 à 86 sur 100:

Bertelsmann Foundation Sustainable Governance Index (79)

Economist Intelligence Unit Country Ratings (72)

Global Insight Country Risk Ratings (83)

IMD World Competitiveness Yearbook (84)

PRS International Country Risk Guide (85)

Varieties of Democracy Project (73)

World Economic Forum EOS (86)