Un mercredi de confinement ordinaire à la frontière belgo-luxembourgeoise: tous les véhicules sont contrôlés. Et pas question d’aller faire du tourisme à la pompe au Luxembourg. (Photo: Paperjam)

Un mercredi de confinement ordinaire à la frontière belgo-luxembourgeoise: tous les véhicules sont contrôlés. Et pas question d’aller faire du tourisme à la pompe au Luxembourg. (Photo: Paperjam)

Avant le premier long week-end de mai, les autorités françaises ont décidé de renforcer les contrôles routiers, notamment sur l’A31, tandis que la Belgique poursuit ses contrôles systématiques dans le cadre des mesures mises en place contre la propagation du Covid-19.

L’opération est volontairement spectaculaire: en ce samedi 25 avril après-midi ensoleillé, la police aux frontières et la Compagnie républicaine de sécurité de l’A31 coupent l’autoroute depuis Thionville vers Dudelange et le Luxembourg. Il est 16h. Une file s’est créée le long des plots installés par la Direction départementale des routes (DIREst).

Au rond-point qui mène soit vers Hettange-Grande, soit vers Volmerange-les-Mines, les forces de l’ordre contrôlent tous les véhicules, en dehors des camions. 1.200 conducteurs devront sortir leurs documents indiquant qu’ils travaillent au Luxembourg, sous peine d’être verbalisés d’une amende de 135 euros.

«En France, et au moins jusqu’au 11 mai, il n’est pas possible de se rendre au Luxembourg, ou en Allemagne, pour un motif autre que professionnel (et sous réserve de présentation des attestations de déplacement: l’attestation de déplacement dérogatoire, ainsi que l’attestation de l’employeur luxembourgeois). Les personnes verbalisées n’étaient pas des travailleurs frontaliers et ne justifiaient donc pas du seul motif de déplacement actuellement valide, à savoir le travail», répond la Préfecture, le représentant de l’État qui centralise ces opérations.

Une certaine désinvolture et une irresponsabilité étaient parfois à noter, notamment de la part des acheteurs de cigarettes.

La porte-parole de la Préfecture de Moselle

«Ces personnes ont bravé l’interdiction et souhaitaient se rendre au Luxembourg pour des achats commerciaux, notamment de cigarettes. Des verbalisations ont été dressées à l’encontre de personnes originaires de Metz, Nancy, de tout le département de la Moselle, ainsi que des Vosges. D’une manière générale, l’état d’esprit des personnes contrôlées et verbalisées était à la compréhension, même si une certaine désinvolture et une irresponsabilité étaient parfois à noter, notamment de la part des acheteurs de cigarettes», commente encore la Préfecture, sans donner de précisions sur le nombre de verbalisations à 135 euros.

Même sans avoir vraiment le droit de rouler, ceux qui sont réprimandés viennent faire le plein de carburant. Pour le même plein de 40 litres de Super 95, par exemple, le client peut économiser au moins 25%, si on compare le 0,891 euro au litre côté luxembourgeois au 1,158 euro au litre à la station de la grande distribution de Thionville. Sans compter les cigarettes et l’alcool.

Voire le bricolage et le jardinage, puisque, depuis que le Luxembourg a rouvert ses enseignes, .

C’était la deuxième opération du genre, après celle menée le 21 avril dans la région de Forbach, à la frontière avec l’Allemagne. Et cela pourrait se reproduire ce week-end et le week-end prochain – puisque le 8 mai est encore férié en France –, assure la Préfecture.

Une vingtaine d’hommes en permanence

La Belgique, elle, n’a pas besoin d’opération spectaculaire: depuis le 21 mars, elle a décidé de «fermer» sa frontière avec le Luxembourg. Ne passent que les camions, les déplacements essentiels et les frontaliers qui peuvent présenter un des deux documents officiels, belge ou luxembourgeois, rempli par leur employeur luxembourgeois.

Ce mercredi, une vingtaine d’hommes déviaient tout le trafic sur l’aire de Hondelange, juste après la frontière avec le Luxembourg. Une file pour les camions, qui peuvent continuer à rouler, trois files pour les voitures, qui peuvent présenter leurs documents.

«C’est un des charmes de l’Europe», s’amuse l’officier de la Police fédérale, qui supervise le dispositif. «Chacun organise ses contrôles comme il veut.»

Les voitures s’avancent, les fenêtres s’ouvrent, les documents sont tendus à travers la portière. L’ambiance n’est pas à la plaisanterie. Quand les amendes étaient déjà de 26 à 500 euros et trois jours à trois mois de prison, ou une des deux peines seulement, leur nombre avait triplé au début du confinement. Passées à 4.000 euros, elles sont devenues nettement plus dissuasives. 

Les contrôles se poursuivent. Dans le calme.