En 2018, les contrats d’assurance-vie «classiques» à taux garanti ont servi un taux moyen de 2,40%, selon le CAA. (Photo: Shutterstock)

En 2018, les contrats d’assurance-vie «classiques» à taux garanti ont servi un taux moyen de 2,40%, selon le CAA. (Photo: Shutterstock)

Les contrats d’assurance-vie classiques, avec un taux de rendement garanti, posent de plus en plus de difficultés aux compagnies d’assurances dans le contexte persistant de taux d’intérêt bas. Plusieurs assureurs cherchent à freiner les nouvelles souscriptions.

Les contrats d’assurance-vie «classiques» ont vécu, tant dans leur rendement que dans leur forme.

Dans le contexte de taux d’intérêt bas, les compagnies ne peuvent en effet que . Loin de repousser les épargnants, ces derniers, avers au risque, continuent d’y verser de l’argent et de souscrire de nouveaux contrats, ce qui demande aux assureurs de puiser dans leurs réserves pour servir le taux promis.

En 2018, les contrats «classiques» à taux garanti ont servi un taux moyen de 2,40%, selon le Commissariat aux assurances (CAA). Dix ans plus tôt, il atteignait encore 4,03%. Pourtant, ce type d’assurance-vie attire encore 34,4% des primes.

Au Luxembourg, il existe différents types de contrats, qui drainent au total près de 25 milliards d’euros de primes: l’assurance-vie classique (ou «fonds en euros»), l’assurance-vie en unités de compte (grand public ou adossée à des fonds dédiés), et les contrats «mixtes» (qui comportent une garantie de base et une participation aux bénéfices).

Cette garantie de base est fixée par le CAA, qui réévalue son taux maximum à chaque fois que la conjoncture le nécessite: il s’élevait à 0,41% fin 2018. «Il atteignait 4% en 1998. Depuis, il n’a cessé de baisser, sauf un soubresaut en 2002», note Etienne Zimmermann, product manager life de Bâloise Luxembourg.

Dans ce contexte, un est désormais en train de s’opérer.

Barrières à l’entrée

En France, où les contrats classiques constituent le placement préféré des épargnants, de récentes annonces d’Allianz et de Generali ont eu l’effet d’une petite bombe.

«Le modèle de la sécurité absolue, de la liquidité permanente, de la garantie totale et à tout instant du capital, qui est finalement une réplication du modèle du Livret A, est à bout de souffle. Le monde du fonds euros roi est terminé!», a certifié Jean-Laurent Granier, PDG de Generali France, dans un .

Celui-ci a prévenu les épargnants qu’ils devront s’attendre à une baisse «très significative» du rendement servi sur ses fonds en euros.

Et la filiale française de l’assureur italien est également déterminée à modifier les comportements d’épargne sous la contrainte, en obligeant les nouveaux souscripteurs à 60% d’investissements en unités de compte, et en réfléchissant à instaurer des frais d’entrée sur les fonds euros en 2020.

Depuis, , comme Crédit Agricole Assurances ou Allianz France.

Depuis le début de l’année, avec les incertitudes sur les marchés boursiers, nous observons que les nouveaux souscripteurs d’assurance-vie se tournent plus vers les fonds en euros, au détriment des unités de compte.

Etienne Zimmermannproduct manager lifeBâloise Luxembourg

Quid du marché luxembourgeois? «Il est un peu moins impacté qu’en France par exemple. Mais depuis le début de l’année, avec les incertitudes sur les marchés boursiers, nous observons tout de même que les nouveaux souscripteurs d’assurance-vie se tournent plus vers les fonds en euros, au détriment des unités de compte», observe Etienne Zimmermann.

Selon le CAA, alors que l’encours des contrats classiques avait baissé de 25% en 2017, il a augmenté de 43% en 2018. À l’inverse, les unités de compte ont attiré moins de versements (-14%) en 2018.

Seuls certains profils d’investisseurs tournent le dos aux fonds en euros. «La clientèle patrimoniale est mieux informée et accepte un certain niveau de risque. Elle va donc davantage rechercher les performances boursières, donc les unités de compte», atteste Giuseppe Consoli, sales manager assurance-vie et produits financiers de Foyer.

Offres en évolution

Outre les tentatives de «fléchage» de l’épargne vers les unités de compte, les compagnies luxembourgeoises freinent les souscriptions sur les contrats classiques. Bâloise comme Foyer ne les commercialisent même plus.

«Depuis environ six ans, Foyer ne commercialise plus de contrats ‘classiques’ d’assurance-vie à taux garanti. Notre nouvelle gamme, à capital garanti, permet une rémunération relativement attractive par le biais d’une participation aux bénéfices annuelle. Nous n’envisageons pas de changer notre offre à court terme; mais il est cependant clair qu’elle continuera à évoluer en fonction de l’environnement financier ou réglementaire, et des besoins de notre clientèle», signale Giuseppe Consoli.

Pour autant, même lorsque les contrats classiques ne sont plus ouverts à de nouveaux souscripteurs, les compagnies doivent continuer à provisionner pour pouvoir gérer les contrats encore en portefeuille.

«Sur notre portefeuille ‘actuariel’, le taux moyen que nous devons servir se situe aux alentours de 2,5%, mais certains contrats bénéficient encore d’un taux à 4%. Nous ne commercialisons plus ce type de produits, mais nous devons tenir nos engagements de rendement pour les contrats qui sont encore en portefeuille, et qui représentent un volume encore conséquent de polices», affirme Etienne Zimmermann.