Après un parcours scientifique, Najia Belbal s’est dirigée vers les nouvelles technologies dans les années 2000, alors que le besoin de main-d’œuvre se faisait ressentir. (Photo: Najia Belbal)

Après un parcours scientifique, Najia Belbal s’est dirigée vers les nouvelles technologies dans les années 2000, alors que le besoin de main-d’œuvre se faisait ressentir. (Photo: Najia Belbal)

À l’occasion du Girls in ICT Day, Najia Belbal, IT program manager, témoigne de son parcours dans la tech. Même si les femmes restent minoritaires dans ce domaine, la situation évolue positivement. Pour améliorer les choses et pallier le manque de main-d’œuvre du secteur, il faut miser sur l’éducation selon elle.

Assise à son bureau en home office, jongle entre les réunions en visioconférence. Son métier: IT program manager pour une banque luxembourgeoise. Elle met en place des projets informatiques stratégiques pour l’entreprise. La jeune femme a plus d’une corde à son arc et conseille, en parallèle, des clients sur leur transformation digitale et la sécurité web.

Seulement 16,7% des employés des technologies de l’information et de la communication (TIC) étaient des femmes en 2016 dans l’Union européenne selon le . Nous les célébrons ce jeudi 23 avril, à travers la journée internationale des filles dans le secteur des nouvelles technologies, initiée par l’Union internationale des télécommunications en 2014. À cette occasion, Najia Belbal revient sur son parcours.

Vous êtes IT program manager dans une banque luxembourgeoise depuis trois ans. Comment êtes-vous arrivée là?

Najia Belbal. – «Je n’ai pas du tout fait d’études d’IT (technologies de l’information). On n’orientait pas trop les filles vers tous ces métiers technologiques à l’époque. Dans les années 2000, il y a eu un manque de ressources dans ce domaine alors on est allés chercher des scientifiques pour les convertir. J’avais justement un parcours scientifique. J’ai donc découvert les métiers de l’informatique et je me suis aperçue que c’était vraiment fait pour moi. Cela demande de l’analyse, de comprendre les tenants et aboutissants, le milieu pour lequel on agit et de délivrer des algorithmes très mathématiques. Ce qui m’a vraiment intéressée donc je me suis investie, d’abord en étant développeur. J’ai toujours travaillé dans des banques donc j’ai développé en parallèle une certaine compréhension des milieux financiers. Cela m’a permis de devenir business analyst, project manager, puis IT program manager.

Pendant longtemps, ce secteur semblait réservé aux hommes, malgré un manque de main-d’œuvre. Comment la situation a-t-elle évolué?

«Quand j’ai commencé, il y avait très peu de femmes. Aujourd’hui, je suis contente parce qu’il y en a de plus en plus. Peu gèrent des départements IT et ça, je crois que ça manque. Je pense que l’organisation du travail est différente chez les femmes, nous n’avons pas la même approche.

Les clichés restent, il faut juste les dépasser. J’ai déjà eu des réactions après-coup de personnes qui me disaient ‘ah bah finalement, tu as bien géré’. Ce qui sous-entend que, même si on m’a fait confiance, on n’était pas totalement sûr.

Les femmes ne sont pas le seul groupe sous-représenté dans l’IT. Les personnes qui ont un peu plus de la cinquantaine et qui n’ont pas vécu le boom de la technologie ont des difficultés à raccrocher tous les wagons de la transformation digitale qu’on est en train de vivre.

Il faut absolument que ces groupes se mettent à apprendre un langage, quelque chose en rapport avec l’intelligence artificielle. Une fois qu’on a un langage, on comprend les autres, la logique derrière.

C’est essentiel de commencer à instaurer cela dès l’école, aux plus jeunes.

Comment la crise du coronavirus change-t-elle votre vision du métier?

«Mon métier de program manager ne change pas tellement, c’est beaucoup de coordination et j’ai l’habitude de travailler à distance.

Je pense que le confinement nous permet de repenser nos relations les uns par rapport aux autres et par rapport à la technologie. Beaucoup d’entreprises se rendent compte qu’elles n’avaient pas réfléchi à cibler les femmes, les enfants ou les personnes plus âgées dans leur marketing digital. Elles réfléchissent à la manière de rebondir pour relancer la machine économique et pour cela, elles doivent intégrer tout le monde.

Ce confinement demande beaucoup d’organisation pour trouver la balance entre vie professionnelle et vie personnelle. Je me suis rendu compte qu’on faisait de plus longues journées en travaillant de chez soi. J’ai une pensée très forte pour les personnes qui doivent aussi gérer des enfants, car je pense que c’est un effort énorme.»