«Rejoindre une fintech, c’est l’opportunité de faire partie d’une société de taille plus réduite où je peux imprimer ma marque et participer à l’évolution rapide des technologies qui servent l’industrie des fonds», explique Susanne Schartz. (Photo: Seqvoia)

«Rejoindre une fintech, c’est l’opportunité de faire partie d’une société de taille plus réduite où je peux imprimer ma marque et participer à l’évolution rapide des technologies qui servent l’industrie des fonds», explique Susanne Schartz. (Photo: Seqvoia)

Mme Schartz, vous avez décidé de vous lancer dans les fintech après une longue carrière dans le secteur bancaire. Pourquoi avoir fait ce choix?

«J’ai beaucoup aimé travailler dans le secteur financier, mais après 19 ans, j’avais envie de changement. Rejoindre une fintech, c’est l’opportunité pour moi de faire partie d’une société de taille plus réduite où je peux imprimer ma marque et participer à l’évolution rapide des technologies qui servent l’industrie des fonds.

Chez Seqvoia, une regtech qui permet aux fonds d’investissement de produire aisément leur documentation réglementaire, mon rôle de chief operating officer (COO) me permet de combiner mes connaissances ‘business’ avec la technologie et c’est cela qui me fascine au quotidien.

S’il fallait comparer avec le système bancaire, comment qualifieriez-vous la place des femmes dans les fintech?

«Tout d’abord, j’aimerais définir ce qu’est une fintech à mes yeux. Pour moi, c’est une petite société, jeune, qui bouge vite et dispose d’un potentiel de croissance rapide. Pour répondre à votre question, nous savons tous que les femmes sont sous-représentées dans le secteur financier, en particulier aux plus hauts niveaux de responsabilités. Mais le phénomène est encore plus important dans les fintech.

La petite taille des fintech permet aux femmes de mettre en avant leurs compétences.

Susanne Schartz, COO de Seqvoia

Ainsi, le UK Fintech Census 2017 montre par exemple qu’au Royaume-Uni, les femmes ne représentent que 29% des employés et 17% des postes de direction au sein des fintech. Dans d’autres pays, ce dernier chiffre tombe même à 9%. Ceci est influencé par le fait que ces entreprises sont construites autour de la technologie, une discipline où les femmes sont moins présentes. Je pense que cet écart va se réduire au fur et à mesure que les fintech grandissent.

Personnellement, je vois une formidable opportunité pour les femmes dans ces fintech. Leur taille plus petite leur permet de mettre en avant leurs compétences. Ces sociétés, comme le rappelait Genna Elvin, CEO de Tadaweb, lors de l’événement Fedil Goes Startup, se doivent d’être créatives pour attirer les talents dont elles ont besoin, et de ce fait sont souvent plus ouvertes et plus flexibles.

La conférence Women in Fintech s’intéresse cette année aux compétences nécessaires dans cette industrie. Lesquelles sont les plus indispensables selon vous et comment expliquez-vous que les femmes soient si peu représentées dans ce milieu?

«J’entends souvent que la technologie ne convient pas aux femmes, mais c’est complètement faux. À mes yeux, le codage est comparable à une langue, une discipline où les femmes excellent. Pour en venir aux compétences nécessaires, j’en identifie trois principales: la curiosité, l’agilité et l’exécution.

La curiosité à tous les niveaux: essayer de nouvelles technologies, de nouvelles idées, de nouvelles solutions. Agilité parce qu’il faut avancer vite et accepter de changer de direction si nécessaire. Après avoir travaillé longtemps dans une grande société du secteur financier, où les échéances sont souvent lointaines et parfois repoussées, je peux vous dire que les fintech ont non seulement des deadlines très courtes, mais en plus, elles doivent démontrer leur capacité à les tenir si elles veulent grandir.»