«Comme dans tous secteurs où l’on parle de technologies, les femmes n’osent pas s’engager dans les fintech», estime Marina Andrieu. (Photo: Blitz Agency/archive)

«Comme dans tous secteurs où l’on parle de technologies, les femmes n’osent pas s’engager dans les fintech», estime Marina Andrieu. (Photo: Blitz Agency/archive)

Madame Andrieu, la question de la présence des femmes dans des positions-clés de l’économie se pose dans de nombreux secteurs. Pourquoi avoir choisi celui des fintech?

«Les fintech sont un sujet d’actualité au Luxembourg car elles représentent de grandes mutations et opportunités pour la place financière. Il nous semblait donc naturel d’y consacrer une conférence. De plus, c’est l’une de nos bénévoles, Louise Klaa, qui nous avait proposé ce thème et qui s’est engagée dans l’organisation de l’événement. Tous les éléments étaient donc réunis pour que cette conférence ait lieu.

Plus généralement, nous avions déjà remarqué que les femmes sont peu présentes dans les fintech. Or, elles sont nombreuses à travailler dans le secteur financier à Luxembourg et donc concernées directement par ces changements.

Dans tous les secteurs où l’on parle de nouvelles technologies, les femmes n’osent pas s’engager.

Marina Andrieu, directrice de Wide

Mais pourquoi les fintech sont-elle aussi masculines selon vous?

«Comme dans tous les secteurs où l’on parle de nouvelles technologies, les femmes n’osent pas s’engager. Il y a plusieurs explications à cela, notamment liées à des stéréotypes tenaces ou un manque de confiance pour intégrer ces milieux majoritairement composés d’hommes. La conférence sera l’occasion d’apporter des réponses plus précises.

Par contre, il est clair qu’on a trop peu d’exemples de réussite dans le secteur. La présence de Denise Voss de l’Alfi (Association luxembourgeoise des fonds d'investissement, ndlr) et de Nadia Manzari de la CSSF (Commission de surveillance du secteur financier, ndlr) ce vendredi est très importante.

En tout cas, je ne pense pas que la situation soit meilleure ou pire à l’étranger. On peut citer comme bel exemple de réussite en Europe celui de Céline Lazorthes, qui a créé Leetchi et qui a ensuite donné naissance à Mangopay à Luxembourg.

Peut-on espérer des fintech plus féminines dans les années à venir?

«Bien sûr, et c’est là tout l’enjeu de cette conférence! Au sein de notre association Wide, nous sommes convaincues que de nouvelles success stories dans le domaine des fintech vont s’écrire dans un futur proche. Les femmes ont la motivation et un énorme potentiel pour contribuer à ce secteur. La conférence de ce soir est déjà une première étape pour donner des clés, montrer les opportunités et dire aux femmes: ‘Oui, les fintech sont pour vous, vous y avez toute votre place’.

Il faut savoir que les femmes s'intéressent énormément aux nouvelles technologies et à l’innovation dans les organisations. Je rencontre régulièrement des femmes brillantes qui veulent jouer un rôle dans le secteur, soit en participant à des projets dans leurs entreprises, soit en créant leur propre start-up. Notre action chez Wide est précisément d’allumer cette flamme et faire en sorte que les femmes n’hésitent pas à exploiter leur potentiel, au delà de leurs propres préjugés.»