Bionext craint la hausse de la demande à partir du 15 janvier et du CovidCheck en entreprise. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Bionext craint la hausse de la demande à partir du 15 janvier et du CovidCheck en entreprise. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Élargissement du périmètre de recrutement, ouverture le dimanche… Le laboratoire Bionext Lab tente de faire face à une hausse record de la demande en tests. Tout en craignant des difficultés supplémentaires avec la mise en place du CovidCheck au travail.

Un peu plus d’une dizaine de personnes patientent devant les tentes de Bionext Lab sur le parking de Foyer, à Leudelange, ce jeudi 13 janvier en fin de matinée. Comme Ashley, qui a reçu son booster récemment et vient d’arriver sur place avec sa fille. «Nous avons réalisé un autotest ce matin, positif», confie-t-elle rapidement, avant d’entrer dans la zone de testing. Derrière elle, Lucas a pris une pause dans sa journée de travail pour venir: «Je ne me sentais pas bien», justifie-t-il. À partir de samedi, l’étape deviendra quotidienne pour lui puisqu’il n’est ni guéri ni vacciné et que le CovidCheck deviendra obligatoire au travail. «Ce n’est pas dérangeant», affirme-t-il. Il prévoit de privilégier les tests antigéniques certifiés en pharmacie.

On pourrait presque croire que la vague de Covid s’est calmée en constatant la vitesse à laquelle avance la file. 94 personnes attendent en fait dans leur voiture, ou sont parties faire des courses. Le laboratoire a instauré un système d’attente en ligne via lequel le patient récupère son ticket et peut le scanner sur son téléphone pour savoir en temps réel quand ce sera son tour.

298,5 jours d’absence depuis le 1er janvier

«Ce matin, ça a été, mais à partir de 9-10h, c’est à la chaîne, ça n’arrête pas», témoigne le personnel responsable des prélèvements. Ce que confirme le directeur de Bionext Lab, . Depuis le début d’année, le laboratoire a connu plusieurs pics à 3.500 tests PCR par jour. Lors des précédentes vagues, ce chiffre ne dépassait pas les 1.500 à 1.800 échantillons. Dans 80% des cas, ce sont des personnes qui viennent avec des ordonnances parce qu’elles ont des symptômes ou sont cas contact.

Pour répondre à la demande, le laboratoire vient d’investir dans quatre nouvelles machines, en location, pour un coût total compris entre 25.000 et 30.000 euros par mois, ce qui porte la capacité quotidienne de tests de 3.500 à 6.000 grâce à un total de huit machines. La dernière devant arriver la semaine prochaine. 6.000 tests par jour sont effectués, «en théorie», souligne Jean-Luc Dourson. «Il nous manque 40 personnes» pour les prélèvements. Et d’autre part «assurer la routine actuelle d’activité, le renouvellement du personnel, ouvrir sur des plages plus larges et soulager les équipes en place». Même si les salariés effectuent un test PCR par semaine, ils n’échappent pas à la nouvelle vague de contaminations. Au 13 janvier 2022, le laboratoire comptait 298,5 jours d’absence. Alors que sur tout le mois de janvier 2020, le total était de 351 jours.

Je crains le pire.
Jean-Luc Dourson

Jean-Luc DoursonCEOBionext Lab

En parallèle, l’effectif a aussi augmenté, admet Bionext Lab, mais «on parle tout de même d’une hausse significative». De 150 salariés avant la crise, l’entreprise en compte 210 aujourd’hui. «Une grande partie des embauches est due au Covid. Depuis le début, nous sommes en recrutement permanent», précise Jean-Luc Dourson. Les équipes se sont mises à travailler la nuit et le week-end, en roulement, «chose que nous ne faisions pas».

Mais aujourd’hui, difficile de trouver ce personnel. Si jusqu’ici l’entreprise cherchait des infirmiers pour les prélèvements, elle vient d’élargir son périmètre de recherche. «Le ministère de la Santé nous a donné une sorte de validation pour aller dans cette voie. Nous restons sur des profils qui ont une expérience dans le contact avec les patients.» Bionext Lab recherche aussi quatre techniciens de laboratoire et six secrétaires. «Sans oublier qu’il n’y a pas que le Covid.»

Des prélèvements le dimanche à partir du 16 janvier

En attendant et malgré le manque de main-d’œuvre, le laboratoire annonce que son centre de prélèvement Covid sur le parking de Foyer sera ouvert le dimanche, de 11h à 19h, à partir du 16 janvier. Jusque-là, seules les analyses se faisaient le dimanche.

Sur la cinquantaine d’autres centres de prélèvement qui ne sont ouverts que le matin, deux vont également réaliser des tests Covid l’après-midi à partir de la semaine prochaine, le Picken Doheem de Dudelange-Centre et le Bionext Lab de Wincrange. L’effectif a pu être «renforcé avec des membres volontaires de l’équipe ou des étudiants en médecine qui viennent en renfort le week-end», justifie Thibault Ferrandon, directeur médical. Sans compter les heures supplémentaires du personnel déjà sollicité.

Bionext Lab compte également sur le pré-enregistrement pour fluidifier le processus de testing, en évitant l’étape secrétariat. Seulement disponible pour les tests sans ordonnance, il devrait l’être avec ordonnance d’ici «deux à trois semaines», espère Jean-Luc Dourson.

La question du financement de la convention collective

Le 100% sans rendez-vous, sauf pour le Quick-PCR et le service Picken Doheem, ne représente-t-il pas une pression supplémentaire pour les salariés, déjà fortement éprouvés? «C’est le choix que nous avons fait. Le confort pour le laboratoire, c’est de travailler avec rendez-vous, mais je pense que cela ne répond pas aux besoins de la population.»

, Jean-Luc Dourson affirme y être «favorable. Encore faut-il la financer.» Car des salaires plus attractifs permettraient aussi de résister au «débauchage de personnel de la fonction publique», selon lui.

Et après la crise? Bionext Lab assure «favoriser les CDI» et avoir investi 2 millions d’euros depuis le début de la crise du Covid, notamment pour les machines citées plus tôt, sans «aucun subside». Jean-Luc Dourson fait état de frais qui ont plus ou moins doublé, au même rythme que le chiffre d’affaires. «C’est une vraie question. C’est une prise de risque et un sujet qui n’est pas clos.» Car «même si la technique PCR n’est pas destinée au Covid», les besoins vont inévitablement baisser.

«Je préfère que nous sortions le plus rapidement possible de cette crise car nos collaborateurs sont à bout», relativise-t-il. «Nous retrouvons des infirmiers en pleurs parce qu’ils se sont fait agresser par des patients.» La situation ne risque pas de se calmer avec l’entrée en vigueur, ce week-end encore, du CovidCheck en entreprise. «Je crains le pire. Cela va être la catastrophe», s’inquiète Jean-Luc Dourson. Espérant que l’ouverture le dimanche et les après-midi aide à tenir.

Du côté des autres laboratoires privés du pays, les Laboratoires Réunis estimaient la semaine dernière effectuer «entre 1.200 et 1.800 tests par jour». Un rythme déjà dépassé lors de précédents pics, «surtout en novembre 2020, où nous étions à près de 3.000 par jour», selon leur directeur, Bernard Weber. Le laboratoire emploie 260 personnes, dont une centaine affectée aux prélèvements. «Il pourrait y avoir une possibilité, ce serait d’autoriser les assistants de cabinet médical, après une formation, à effectuer des prélèvements», songeait-il.

Le Laboratoire Ketterthill n’a pas répondu aux sollicitations de Paperjam. Jeudi, leur site internet ne proposait pas de rendez-vous pour un test avant quatre jours.