Bionext Lab dénonce la procédure d’attribution du marché du large scale testing, remporté par les Laboratoires Réunis. (Photo: Paperjam)

Bionext Lab dénonce la procédure d’attribution du marché du large scale testing, remporté par les Laboratoires Réunis. (Photo: Paperjam)

Assisté de quatre avocats, Bionext Lab attaque l’État luxembourgeois en justice pour dénoncer une distorsion de la concurrence sur le marché du large scale testing.

«Agir en justice pour obtenir réparation de ces distorsions de la concurrence qui ne sont pas dignes d’un État démocratique»: a planté le décor devant la presse ce jeudi matin, entouré de trois des quatre avocats mandatés pour une double action en justice à l’encontre de l’État luxembourgeois.

D’une part, Bionext Lab a introduit une assignation contre l’État devant le tribunal d’arrondissement de Luxembourg. Le laboratoire, basé à Leudelange, y demande une annulation rétroactive de l’octroi du marché du large scale testing aux Laboratoires Réunis.

Contactée par nos soins, l’administration judiciaire confirme l’existence de cette procédure avec une audience en référé prévue le 12 octobre prochain.

D’autre part, une action se prépare à Bruxelles, avec la saisie «très prochainement» d’une plainte auprès de la Commission européenne. «C’est une plainte par laquelle nous dénonçons la mise en œuvre du large scale testing et son incompatibilité avec le droit européen à la concurrence», explique Me Sébastien Engelen, avocat basé à Bruxelles.

À ses côtés figure un conseil venu de Barcelone: Me Jean-Louis Dupont, le managing partner du cabinet luxembourgeois Brucher Thieltgen & Partner Me Nicolas Thieltgen, ainsi que l’associé du bureau liégeois Elegis, Me Bernard de Cocquéau.

Un résultat en baisse de 6% en 2020

«Nous sommes extrêmement optimistes» quant aux chances d’aboutir, a assuré Me Dupont. La procédure européenne pourrait mener à une condamnation de l’État luxembourgeois à indemniser Bionext Lab. Ce dernier estime que son préjudice correspond au fait de ne pas avoir pu participer aux appels d’offres du large scale testing, ni à l’opération en elle-même, ainsi qu’aux tests gratuits organisés jusqu’à ce mercredi.

Le ministère de la Santé a retenu au printemps 2020  pour la campagne de . Ce prestataire était détenu jusqu’en 2017 par les Laboratoires Réunis, unique acteur à être matériellement en mesure de traiter les 20.000 échantillons quotidiens du large scale testing.

En 2020, les Laboratoires Réunis ont triplé leur chiffre d’affaires publié à 100,7 millions d’euros. Bionext Lab a, de son côté, publié un résultat de 4,75 millions d’euros, en contraction annuelle de 6%.

«Si on parle de la perte de chance liée au large scale testing, ce sont plusieurs dizaines de millions d’euros», estime Jean-Luc Dourson. Le budget cumulé des trois phases du programme s’élève à 149 millions d’euros. «Le préjudice est plus important que ces 6% de baisse et représente aussi une perte de la chance d’avoir pu augmenter le chiffre d’affaires», selon Me Dupont.

Un autre laboratoire n’a pas participé au large scale testing: Ketterthill, dirigé jusqu’en 2014 par Jean-Luc Dourson. Son actuel dirigeant, , avait à l’attention de la ministre de la Santé (LSAP), mais il n’a pas été plus loin dans la démarche. «Certes, il y a des choses à dire et à clarifier sur la procédure d’octroi du marché du large scale testing en 2020, mais c’était une année exceptionnelle», commente pour Paperjam le principal intéressé.

«Ce n’est pas ma façon de faire que d’aller en justice. En termes d’image et d’impact, ce n’est pas forcément la meilleure façon de communiquer», poursuit-il.


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23% de part de marché

Jean-Luc Dourson souligne, pour sa part, la position de challenger de Bionext Lab sur le marché, avec 23% de part de marché contre un peu plus de 50% pour Ketterthill. «Ce que l’on veut éviter, c’est que tout ce qui s’est passé auparavant continue pour le futur», insiste-t-il. Et de dénoncer un appel d’offres pour un opérateur de support à l’organisation de la vaccination par une équipe mobile, sans que l’équipe mobile en question ne soit citée.

«Le ministère de la Santé ne se prononce pas au sujet d’une affaire juridique en cours», commente-t-on à la Villa Louvigny.

À noter que la justice luxembourgeoise pourrait prochainement être à nouveau sollicitée: «Nous préparons une action en dommages et intérêts pour que Bionext Lab obtienne réparation du préjudice. Cette action sera introduite probablement dans les prochaines semaines», a annoncé Me Nicolas Thieltgen. Jamais deux sans trois.