Valérie Ghanimé fêtera les 10 ans d’existence de son agence événementielle en août prochain. (Photo: Anthony Dehez/Maison Moderne)

Valérie Ghanimé fêtera les 10 ans d’existence de son agence événementielle en août prochain. (Photo: Anthony Dehez/Maison Moderne)

Le secteur de l’événementiel est toujours en souffrance du fait de la crise sanitaire. Employant environ 3.000 salariés directs et plus de 1.500 salariés indirects, les professionnels naviguent à vue. Ce dont Valérie Ghanimé témoigne.

Pour le moment, les rassemblements de plus de 100 personnes sont toujours interdits, limitant grandement les possibilités événementielles du pays. «Aujourd’hui, aucune entreprise ne va donc prendre le risque d’organiser un événement. Le risque est trop grand au niveau de l’image et si par malheur il y a un cas Covid lors de cet événement, l’entreprise prend le risque de devoir mettre en quarantaine ses effectifs», souligne , fondatrice de l’agence événementielle Ghanimé Events comptant deux salariés à plein temps.

 Cette dernière va fêter ses 10 ans d’activité au Luxembourg en août prochain. Presque un détail pour cette chef d’entreprise qui a dû adapter ses activités. «En mars dernier, j’ai profité du confinement pour travailler sur la créativité afin de pouvoir proposer des événements malgré les circonstances. Dès le mois de mai, j’ai pu proposer des team building digitaux», explique Valérie Ghanimé.

 AG2R La Mondiale lui commande un premier team building. Les participants adhèrent et en redemandent. La chef d’entreprise et ses deux salariés enchaînent sur le concept en proposant toute une déclinaison de team building avec des jeux, des activités ou encore des thèmes. «L’important était aussi de mettre de l’humain. Les entreprises et les salariés ont ce besoin de se retrouver, d’échanger, de se connaître. Les entreprises ont également besoin d’accueillir les nouvelles recrues et les faire s’intégrer aux équipes», commente Valérie Ghanimé.

Elle décroche également l’organisation d’un événement hybride pour le compte de Post Luxembourg. Un événement «phygital» alliant le physique et le digital. «On a créé un plateau de télévision pour accueillir un modérateur et un professionnel du vin. Les participants à l’événement ont reçu à domicile un colis avec des échantillons à déguster en direct au fur et à mesure du déroulement de l’événement et des conseils des deux personnes sur le plateau», explique Valérie Ghanimé.

Un chiffre d’affaires divisé par trois

Là encore, elle a décliné l’idée d’une dégustation à domicile avec des colis comprenant du vin luxembourgeois. Un concept qui a séduit Business Events Luxembourg pour promouvoir le pays.

Pour autant, l’entrepreneure n’a pas compensé le manque à gagner grâce au digital. «On a investi et développé de nouveaux produits, mais cela ne rattrape pas du tout le manque à gagner», insiste Valérie Ghanimé. En 2019, elle pouvait tabler sur l’organisation d’environ 120 à 130 événements. L’année dernière, elle a pu en organiser 30 en comprenant les événements digitaux. «C’est bien simple, mon chiffre d’affaires annuel a été divisé par trois», assure la jeune femme.

Déménagement obligatoire

«Chaque investissement est désormais compté», ajoute Valérie Ghanimé. Sans aucune prévision d’avenir du fait du voile d’incertitude déposé par la situation sanitaire du moment. «Pour le moment, nous avons des projets pour le mois de septembre. Des petits événements en présentiel. Mais bien souvent, nous devons travailler deux fois, car les clients décident au final de passer à un événement digital», développe l’entrepreneure, qui a décidé de déménager son agence au Kirchberg. Actuellement au Limpertsberg, elle va prochainement emménager dans des locaux plus petits. «C’est clairement une des conséquences de la situation, d’autant plus que le propriétaire a décidé d’augmenter le loyer», soupire Valérie Ghanimé.


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Au niveau des aides, l’entrepreneure est un peu hésitante. D’un côté, les aides de l’État semblent être une bonne chose, mais de l’autre, c’est le risque de voir son entreprise à l’arrêt. «Le chômage partiel pour les employés, c’est très bien. Mais cela veut aussi dire que l’on a personne pour développer l’agence. Donc c’est un peu pernicieux. J’ai fait le choix de faire travailler mes équipes. Créer de nouveaux concepts, de nouveaux événements. Là encore, c’est un investissement et c’est du temps. Au final, les aides sont donc minimes dans la mesure où j’ai laissé mon équipe au travail», termine Valérie Ghanimé.