Luxexpo The Box mise beaucoup sur son prochain gros événement, Home Expo, qui réunira 140 exposants. Il s’agit d’un salon du logement, de la construction, de la rénovation, de l’ameublement et de la décoration. (Photo: Mike Zenari/Maison Moderne)

Luxexpo The Box mise beaucoup sur son prochain gros événement, Home Expo, qui réunira 140 exposants. Il s’agit d’un salon du logement, de la construction, de la rénovation, de l’ameublement et de la décoration. (Photo: Mike Zenari/Maison Moderne)

Location de salles pour les entreprises, expositions culturelles, et innovation technologique… Malgré une perte de 70% de son chiffre d’affaires en 2020, Luxexpo The Box prévoit une phase de réinvestissement pour sauver l’activité événementielle.

Le week-end des 22 et 23 août 2020, 10.279 personnes ont déambulé sur le toit de Luxexpo The Box, entre les stands de produits lifestyle et de nourriture… Le groupe a, en quelque sorte, inauguré l’événementiel post-Covid au Luxembourg. Le point avec son CEO, Morgan Gromy, sur la stratégie pour la suite. Son activité se partage entre l’accueil d’événements (60%) et leur organisation (40%).

Vous avez tiré un , qui a attiré plus de 10.000 visiteurs sur le toit de Luxexpo The Box. Est-ce que cela signe la reprise du secteur?

. – «Dans le court terme, la première solution a été la création du protocole sanitaire de Luxexpo The Box Back Together’, lancé en juillet dernier. Il montre notre capacité à rassurer les gens, à prendre notre destin en main. Il nous a permis, en seulement cinq semaines, de mettre en place un événement d’envergure. Normalement, cela demande au moins une année de gestation. Le but a été d’en faire un ‘base case’ (cas de référence, ndlr), pour donner l’exemple. Ce n’est pas une démonstration de force, mais de la faisabilité des choses.

Ce week-end, vous accueillerez le salon d’art contemporain art3f et l’International Tattoo Convention. Comment s’organisent-ils?

«L’International Tattoo Convention a reçu la visite sanitaire de Luxcontrol, jeudi. Ils viennent avant chaque salon. Le protocole mis en place lors du Street Market va servir de structure.

Dans des événements comme art3f ou le salon du tatouage, la majorité des exposants viennent de l’étranger. Cette année, il y a quasiment autant d’exposants internationaux. Cela représente une bulle d’oxygène pour l’horeca.

Qu’y a-t-il de prévu ensuite?

«La semaine prochaine (le 27 septembre, ndlr) aura lieu le Sneakermess, salon des sneakers. Si tout ce qui est dans le pipeline se confirme, on pourrait accueillir une trentaine d’événements d’ici la fin de l’année. Vingt ont été signés, une dizaine sont encore à l’étude pour savoir s’ils sont éligibles en termes de capacités sanitaires.

Nous travaillons le protocole sanitaire depuis des mois. Un capteur de personnes a été testé lors du Street Market.
Morgan Gromy

Morgan GromyCEOLuxexpo The Box

Certains organisateurs sont des associations, par exemple. Les bénévoles ont un métier à côté et n’ont pas forcément le temps de totalement réorganiser leurs événements.

Parmi ces événements, il y a Home Expo, que nous organisons. Ce sera le gros événement, la grande école. Il dure neuf jours avec des congrès, des conférences, des workshops… Tout le plan mis en place pour Home Expo est ‘Covid compatible’.

L’année prochaine, il y aura le Salon du tourisme et Spring Break.

Qu’attendez-vous du salon du logement Home Expo 2020, qui se déroulera du 10 au 18 octobre, cette fois en intérieur? Le même succès que le Street Market?

«Nous travaillons le protocole sanitaire depuis des mois. Un capteur de personnes a été testé lors du Street Market, nous allons le mettre en place, c’est quelque chose qui va être standardisé. On va savoir combien de personnes se trouvent dans un hall à l’instant T, pour pouvoir faire patienter les autres ailleurs.

Un événement ‘Covid compliant’, c’est 25-30% d’exposants en moins, sauf si la surface peut être augmentée, mais pour Home Expo, nous sommes déjà au maximum. Un salon où nous pouvions avoir 210 exposants est complet avec 140. C’est comme ça. Derrière, il est clair qu’on a fait un bel effort. Installer un stand représente un surcoût, alors nous avons accordé 50% de remise sur la location des surfaces pour faciliter l’accès à tous les exposants de Home Expo.

Il y a une volonté de la part du public et des exposants. Nous sommes entre les deux et devons rendre les choses possibles. Nous investissons pour que ça reprenne. Entre la remise, la hausse des coûts de nettoyage (on double les ressources en personnel), du matériel (par exemple, des écrans pour visionner les conférences de l’extérieur d’une salle quand elle est pleine, ndlr), le manque à gagner avec moins d’exposants et de visiteurs… Le coût total à notre charge se situe entre 700.000 et 1 million d’euros.

Combien de visiteurs attendez-vous?

«Je n’en ai aucune idée. Pour le Street Market, nous en avons eu plus de 10.000, ce qui a largement dépassé nos espérances. Ce n’est pas le même salon, ni le même public. Va-t-on attirer des acheteurs? Le comportement des gens a changé, et il est difficile de dire comment cela va se traduire sur l’événement. Les exposants espèrent rattraper le temps perdu pendant le confinement.

L’impact pour nous est de -70% en 2020. Un rythme normal pourrait revenir en 2023.
Morgan Gromy

Morgan GromyCEOLuxexpo The Box

Ce sera un état des lieux des réserves financières des ménages. Beaucoup n’ont pas pris de vacances, ont été moins souvent au restaurant: où vont-ils allouer ces enveloppes? Le logement semble être en bonne place.

Et pour vous, quel est l’impact économique du Covid-19?

«L’impact pour nous est de -70% en 2020 par rapport au business plan. Notre chiffre d’affaires 2019 était de 7,5 millions d’euros. La sortie du tunnel sera progressive, un rythme normal pourrait revenir vers 2023. Nous avons encore 2021 et 2022 à passer, des années compliquées.

Depuis deux ans, nous étions en forte croissance, avec une augmentation de 30% de notre chiffre d’affaires. De 72 événements programmés en 2017, nous étions passés à 103 l’année dernière, avec 26% de visiteurs en plus. L’année dernière, 4.297 entreprises ont utilisé nos infrastructures pour se promouvoir, 32% de plus qu’en 2017. La crise est un peu venue nous calmer…

Elle offre quand même des opportunités. Aujourd’hui, être petit et connecté devient un atout. Les grandes villes ne sont plus l’apanage. La destination Luxembourg peut changer de statut.

En mettant la sécurité sanitaire au premier plan, comment le Covid-19 modifie-t-il votre orientation stratégique?

«Après le confinement, on observe un changement des valeurs. Il y a un repli vers l’essentiel, au détriment du futile. Cela a un impact sur l’événementiel.

Il y a six mois, on venait nous voir pour louer des espaces. Aujourd’hui, on nous demande des solutions pour se rencontrer. Nous avons la place (33.000m2). Nous sommes devenus un site de rencontre.

Nous prévoyons un plan d’investissement technologique à long terme.
Morgan Gromy

Morgan GromyCEOLuxexpo The Box

Nous prévoyons un plan d’investissement technologique à long terme (équipement, infrastructures IT, etc.). Pour mettre en place des solutions qui doivent simplifier l’accès aux événements, connecter les gens entre eux. Nous souhaitons pour cela solliciter l’écosystème start-up du territoire, tous ceux qui ont des idées.

Nous travaillons aussi à exploiter différemment les halls, en suivant la piste d’événements populaires de longue durée. Les grandes expositions de deux ou trois mois ont du mal à attirer du monde en ce moment, il s’agirait de les faire venir ici, au Luxembourg. Cela pourrait attirer du public de la Grande Région. Nous pourrions aussi organiser des événements pédagogiques. Ou encore des salons dédiés au personnel d’une entreprise ou à ses clients. Une réinvention des événements d’entreprise.

Ce sont beaucoup d’investissements. À quel prix?

«Nous sommes en train de l’évaluer. Nous avons plusieurs axes possibles: financement bancaire, hausse de capital… Ce sont des enveloppes conséquentes, pas forcément liées à une seule activité. Nous entrons dans une phase de réinvestissement. Bien sûr, il faut rester cohérent sur la maîtrise des coûts.»