Pierre Gramegna devra présenter un budget permettant de surmonter le traumatisme de la crise sanitaire sur les finances publiques. (Photo : Chambre des députés)

Pierre Gramegna devra présenter un budget permettant de surmonter le traumatisme de la crise sanitaire sur les finances publiques. (Photo : Chambre des députés)

Pour cet «été pas comme les autres», Paperjam passe en revue les «dossiers chauds de la rentrée». Ces dossiers qui seront sur la table du gouvernement ou des députés après leurs vacances. Place cette semaine au projet de budget 2021 que le ministre des Finances présentera à la Chambre mi-octobre. Un exercice périlleux alors que la crise sanitaire a déjà plombé les finances publiques.

Quel sera le diptyque ou le triptyque choisi par , le ministre des Finances (DP), pour qualifier son prochain projet de budget? «Qualité de vie au quotidien, responsabilité pour le futur» était celui devant caractériser le budget 2020 – qui a été complètement bouleversé par la crise sanitaire, entre dépenses de santé imprévues et aides à l’économie, sans oublier des recettes fiscales atones.

Le projet de budget 2021 s’annonce moins optimiste, incertitude oblige. Le rebond espéré cet été aura probablement été étouffé par les inquiétudes face à une deuxième vague de propagation du Covid-19 plus précoce qu’attendu. Et un regain de contaminations à l’automne n’est pas à exclure.

Les finances publiques accusent déjà le coup. Fin avril, les recettes affichaient une moins-value de 10% par rapport aux prévisions initiales – dont 23% de moins pour l’impôt sur le revenu des collectivités avec l’annulation des avances et l’octroi de délais de paiement. Sachant que si les entreprises s’acquittent de leur dû à l’automne, il sera dérisoire puisque calculé sur une activité terne.

Fin juin, les recettes de l’Administration centrale avaient chuté de 12,1% sur un an (-1,2 milliard d’euros), tandis que ses dépenses avaient bondi de 21,9% (+2,05 milliards d’euros), entre chômage partiel, congé pour raisons familiales et pour soutien familial et aides aux entreprises en difficulté. Résultat: l’Administration centrale affichait un déficit net de 2,6 milliards d’euros à fin juin 2020, par rapport à un excédent de 669 millions d’euros enregistré fin 2019.

Quelle réforme fiscale post-Covid?

Au niveau global, la dette publique consolidée s’élevait environ à 15 milliards d’euros, soit 25,4% du PIB, en dessous du seuil de 30% fixé par le gouvernement et de celui de 60% défini au niveau européen.

«Il n’y avait pas le choix: il fallait des réponses fortes en matière monétaire comme budgétaire. Des pays comme le Luxembourg ou l’Allemagne ont encore des marges de manœuvre, et même une nouvelle envolée de l’endettement public ne poserait pas de souci pour la soutenabilité de ces États à moyen terme», déclarait , chef économiste de BGL BNP Paribas lors d’une conférence de presse le 15 juillet.

Se pose la question de l’après. M. Gramegna a d’ores et déjà son intention d’«investir, investir et encore investir». Mais avec quelle marge de manœuvre? Il ne veut pas non plus renoncer à la réforme fiscale, initialement annoncée pour cet été. Individualisation de l’imposition, soutien aux familles monoparentales, révision de la fiscalité sur le télétravail, imposition du foncier… Autant de pistes dont le coût sera à mettre en balance avec le niveau des finances publiques.

L’opposition attend d’ailleurs le ministre au tournant, agacée de le voir prendre des engagements financiers sans en informer la Chambre. Comme lorsqu’il a contracté un emprunt de 350 millions d’euros en juin en certificats de trésorerie, apparemment pour couvrir les dépenses en rémunération des fonctionnaires et en pensions. Un autre emprunt de 2 milliards d’euros devrait intervenir en fin d’année, en plus de celui de 2,5 milliards souscrit au printemps.

«Qui va payer tout cela?», demandait Guy Wagner, CEO de Banque de Luxembourg Investments, en juin. Fiscalité ou dette, les pistes ne sont pas si nombreuses.

M. Gramegna ne sera pas seul pour défendre ce projet de budget devant la Chambre. Il devrait compter sur le rapporteur du projet de loi récemment désigné: , 35 ans, député depuis 2018 et président de la commission de l’environnement, du climat, de l’énergie et de l’aménagement du territoire.

Si son prédécesseur,  (LSAP), avait profité de son rapport oral pour appeler à une meilleure prise en compte du bien-être des résidents dans la réflexion sur la croissance, nul doute que M. Benoy tentera d’inciter à une intégration plus poussée de la croissance verte dans le redémarrage de l’économie à l’ère post-Covid-19.