Pierre Gramegna veut profiter du retour d’un ciel bleu afin de «réparer le toit».  (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Pierre Gramegna veut profiter du retour d’un ciel bleu afin de «réparer le toit».  (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Pierre Gramegna (DP) a déposé, ce mercredi matin, le projet du budget 2022 à la Chambre des députés. «Un budget de rebond et de relance», comme l’a défini lui-même le ministre des Finances. 

«Eise Wee aus der Kris» – soit, en français, «Notre sortie de crise». Voilà comment est intitulé le projet du budget pour l’année 2022, présenté ce mercredi devant la Chambre des députés par (DP), le ministre des Finances.

Un titre qui rappelle forcément celui du («Eise Wee. Eist Zil» – soit «Notre chemin. Notre objectif») prononcé la veille par le Premier ministre  (DP). Les similitudes entre les deux étant d’ailleurs nombreuses.  

Comment définiriez-vous ce budget 2022?

Pierre Gramegna. – «Il s’agit d’un budget construit autour de trois axes principaux:

- Le respect des engagements climatiques et de durabilité, avec une enveloppe de 765 millions d’euros en faveur des investissements dans le domaine du climat et de l’environnement;

- Une composante sociale qui reste primordiale, avec toute une série d’aides ou de soutiens à ceux qui en ont besoin. Un vrai fil rouge pour tout le budget, puisque cela représente, au total, 47% de celui-ci!

- L’image d’un ciel qui redevient bleu. Car les gros nuages gris causés par la pandémie l’an passé s’éloignent.  Et avec eux, tous les déficits qu’ils avaient engendrés. Alors que les recettes, elles, sont à la hausse.

Le Luxembourg respectera déjà l’année prochaine le Pacte de stabilité et de croissance. Ce qui est très appréciable quand on sait que ces règles européennes ne sont censées être réactivées qu’à partir de 2023. Nous anticipons déjà les critères qui devront être respectés, restant donc un bon élève européen. 

3,2 milliards d’euros, voilà un total qui n’avait jamais été investi. Soit 4,4% du PIB – un chiffre qui nous place au plus haut sur l’échiquier européen.
Pierre Gramegna

Pierre Gramegnaministre des Finances

Vous avez terminé votre allocution en déclarant, en anglais, que «c’est quand le soleil brille qu’il faut réparer le toit»…

«Et ‘réparer le toit’, cela signifie investir! Nous voulons donc garder des investissements à un niveau record. C’est le cas avec 3,2 milliards d’euros, un total qui n’avait jamais été investi. Soit 4,4% du PIB – un chiffre qui nous place au plus haut sur l’échiquier européen. 

C’est comme ça que nous souhaitons préparer l’avenir, en finançant une politique climatique et la digitalisation, qui sont les deux priorités du Luxembourg et de l’Union européenne. C’est également ainsi qu’on prépare notre économie à être encore davantage compétitive. 

C’est aussi un budget de relance après deux exercices marqués par la crise sanitaire?

«Nous n’avons pas mené de politique d’austérité. Alors que la tentation de serrer la vis aurait pu exister cette année ou lors de la prochaine. Mais le Luxembourg, comme la plupart de ses partenaires européens, a retenu la leçon de la crise de 2008 où nous avions essayé de trop vite réduire les déficits. Ce qui avait mené, au final, à prolonger la crise…

L’idée, ici, est de vivre une relance intelligente afin d’obtenir une croissance qualitative. 

Quelles sont les perspectives économiques?

«Selon le Statec, on devrait connaître une croissance de 6% en cette année, et cela semble se confirmer sur l’exercice. L’année prochaine, celle-ci devrait se situer entre 3 et 4% et se stabiliser par la suite autour de ce chiffre qui correspond plus ou moins à ce que nous connaissions avant la pandémie. 

On va garder ce déficit autour d’un milliard encore quelques années.
Pierre Gramegna

Pierre Gramegnaministre des Finances

Où en sont les finances publiques?

«Le solde de l’Administration publique devrait déjà se rapprocher en 2022 de l’équilibre, en comptant la sécurité sociale et les communes.

Concernant l’Administration centrale, on connaît un déficit de 1,4 milliard d’euros… alors qu’il s’élevait à 3,2 milliards en 2020. On voit une pente décroissante, un déficit réduit de moitié. Mais on va garder ce déficit autour d’un milliard encore quelques années. Mon message est le suivant: cela ne sert à rien de vouloir passer très vite de 1,2 milliard à zéro. Il vaut mieux se donner un peu plus de temps, afin de construire sur un moteur de croissance qui va nous apporter des recettes supplémentaires. Et ce, plutôt que de faire des économies au niveau des investissements. Il faut que ces derniers restent élevés. 

Pierre Gramegna (DP), Fernand Etgen (DP), André Bauler (DP) et Dan Biancalana (LSAP). (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Pierre Gramegna (DP), Fernand Etgen (DP), André Bauler (DP) et Dan Biancalana (LSAP). (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Qu’en est-il de la problématique du logement?

«Nous allons investir 228 millions d’euros en 2022 dans la construction de logements abordables, soit une croissance de 77% par rapport à 2021. Et nous avons créé, récemment, le Fonds spécial de soutien au développement du logement qui nous permet d’avoir plus de flexibilité dans les crédits disponibles. Voilà la voie dans laquelle nous avançons. 

Dans votre discours, vous avez peu parlé du domaine de la sécurité…

«J’ai dit que nous allions surtout vers le renforcement du personnel dans la fonction publique, avec une augmentation prévue de 2.300 personnes. Il y aura 1.000 personnes dans l’éducation, mais un des gros accents sera également mis au niveau policier. C’est une priorité! En termes de personnel donc, mais aussi d’investissements dans les infrastructures et le matériel.»