La configuration du Herrenberg, le centre militaire de Diekirch, ne permet pas d’accueillir les paraboles, une des parties oubliées du projet initié par Étienne Schneider en 2018. (Photo: Shutterstock)

La configuration du Herrenberg, le centre militaire de Diekirch, ne permet pas d’accueillir les paraboles, une des parties oubliées du projet initié par Étienne Schneider en 2018. (Photo: Shutterstock)

Le ministre de la Défense, François Bausch (Déi Gréng), a indiqué ce mardi qu’il inviterait les députés à adopter un projet de loi revu à la hausse à propos du satellite militaire d’observation. Soit à dégager 180 millions d’euros de plus. Avec des problèmes à régler.

«Moi aussi, j’aime aller vite, mais là…» La phrase reste en suspension. Le ministre de la Défense, , respire.

L’idée du satellite militaire d’observation – par opposition au satellite de communication de GovSat – est née au ministère de l’Économie dirigé par (LSAP). Puis a été transférée au ministère de la Défense, dirigé par le même Étienne Schneider, pour pouvoir s’affranchir de la nécessité de passer par un marché public.

Le projet d’OHB-I est présenté en mars, adopté en juillet au Parlement, et le contrat est signé fin septembre 2018, deux semaines avant les élections législatives. Rien n’est illégal, sauf que les 170 millions d’euros ne prévoient ni les opérations au sol ni la maintenance ou le chiffrement des données potentiellement sensibles et que le Herrenberg à Diekirch ne peut pas accueillir de paraboles, compte tenu de sa configuration géographique. D’autant moins que l’armée luxembourgeoise n’a pas les compétences humaines pour s’occuper de ces images venues du ciel.

C’est de cela que le directeur de cabinet du nouveau ministre de la Défense, Gilles Feith, s’aperçoit très vite quand il rejoint le nouveau ministre de la Défense en février 2019. Le ministre lance un marché public de conseil, qui revient à PwC, et demande un avis juridique. Le premier dit qu’il faudra prévoir de doubler le budget (entre 150 et 180 millions d’euros manquent), le second qu’il n’est pas possible de se dégager du contrat avec OHB-I sans perdre la quasi-totalité des 170 millions d’euros prévus par le contrat.

Redu et un autre lieu à trouver

« et je me suis rendu volontairement à trois reprises à la commission de contrôle de l’exécution budgétaire pour expliquer la situation en toute transparence», explique le ministre. «Les députés feront leur travail, avec tout le soutien dont ils pourraient avoir besoin. Aucun problème. Mais moi, je leur recommanderais que nous puissions poursuivre ce projet. À mes yeux, ça en vaut la peine! D’abord pour l’autorité publique, pour des raisons de défense, mais aussi pour des raisons civiles, elles pourraient être utiles à des ONG ou à la météo, des choses comme ça!»

Si les députés validaient cette idée avant l’été, le ministre lancerait un marché public, investirait dans la sécurité et le chiffrement et se mettrait à la recherche de deux lieux. A priori, Redu, en Belgique, est déjà configuré pour ce genre de technologies puisque des paraboles de SES s’y trouvent. Un autre lieu devra être trouvé au Luxembourg, avec les difficultés liées à la loi commodo-incommodo et au classement secret défense sur cet endroit.

Le ministre a déjà noué des discussions avec l’armée belge pour entamer une collaboration, et un ancien officier de l’armée néerlandaise a été recruté au sein d’une nouvelle cellule entièrement dédiée à ce projet.

«Je ne critique pas mes prédécesseurs ni personne, je cherche des solutions. Est-on prêt à perdre 170 millions d’euros ou préfère-t-on en dépenser 180 de plus pour avoir quelque chose qui pourrait faire du sens? Ce n’est pas à moi de répondre à cette question.»