L’indice Stoxx Europe 600 Banks reste stable depuis un an, démontrant une certaine résilience des banques européennes aux vents contraires macroéconomiques. (Photo: Shutterstock)

L’indice Stoxx Europe 600 Banks reste stable depuis un an, démontrant une certaine résilience des banques européennes aux vents contraires macroéconomiques. (Photo: Shutterstock)

Alors que les banques aux États-Unis connaissent des chutes de bénéfices nets et de capitalisation, les banques européennes tiennent le coup dans un contexte macroéconomique brûlant. Des risques liés aux marchés des matières premières et des prêts à effet de levier planent toutefois.

L’indice S&P 500 Banks a chuté de 9,2% en avril, soit sa baisse la plus importante depuis 2020. Le résultat de cet indice sectoriel bancaire américain montre que l’inflation et les annonces de nouvelles hausses de taux par la Réserve fédérale (Fed) pourraient être en train de rattraper les valeurs des actions bancaires outre-Atlantique.

Le 30 avril, les six plus grandes banques cotées sur les marchés boursiers américains ont évaporé 257 milliards de dollars de leur capitalisation boursière totale qui atteignait 1,4 trillion de dollars en début d’année.

Au premier trimestre de cette année, les principales banques américaines ont affiché des bénéfices en chute par rapport à la même période en 2021. À la mi-avril, Citi avait rapporté une baisse de 46% de son bénéfice, Goldman Sachs de 42%, Morgan Stanley de 11% et Wells Fargo de 21%.

Au début du mois d’avril, le fournisseur de données financières Refinitiv I/B/E/S s’attendait déjà à ce que six des plus grandes banques aux États-Unis témoigneraient d’une baisse de plus d’un tiers de leurs bénéfices nets par rapport à il y a un an. Cette prévision s’inscrivait dans la perspective d’un recul des investissements sur fond de conflit en Ukraine.

La baisse de capitalisation des principales banques américaines, dans la foulée d’une chute de leurs bénéfices nets au premier trimestre, interpelle sur qui se fait de plus en plus ressentir. Le 26 avril, Deutsche Bank était la première banque européenne à alerter sur «une récession majeure» arrivant aux États-Unis. Mais bien plus tôt, le 4 avril, Goldman Sachs annonçait que la probabilité pour les États-Unis de tomber en récession endéans les 24 prochains mois était de 38%.

Une stabilité relative en Europe

Du côté des banques européennes, l’indice sectoriel paneuropéen Stoxx Europe 600 Banks semble maintenir une relative constance sur un an. Alors qu’il se trouvait à 133 points le 3 mai 2021, il s’élevait à 130 le 2 mai 2022.

Le Stoxx Europe 600 Banks, qui, le 10 février dernier, avait pourtant atteint son sommet en un an avec 166 points, a connu une chute à 120 le 7 mars, soit moins de deux semaines après le début des hostilités sur plusieurs fronts en Ukraine. En moins d’une semaine, à partir du 16 mars, l’indice s’est alors stabilisé jusqu’à aujourd’hui, oscillant entre 132 et 138.

Malgré une résilience des banques européennes face aux vents contraires macroéconomiques du moment, une étude de l’agence de notation DBRS Morningstar, le 28 avril, pour les établissements de crédit européens en cas de rupture de l’approvisionnement en gaz russe. Ce qui réduirait leur capacité à distribuer des dividendes et les contraindrait à puiser dans leurs réserves de capital.

DBRS Morningstar observait également que le conflit en Ukraine a accru le risque de crédit et de marché pour de nombreuses banques et le risque opérationnel pour l’ensemble des institutions bancaires européennes.

Les prêts à effet de levier

Pour sa part, la Banque centrale européenne alertait, le 19 avril, sur l’exposition du secteur bancaire de la zone euro au marché des dérivés des matières premières. Un risque qui pourrait être accentué à l’aube d’un éventuel embargo des États membres sur le pétrole russe.

Plus récemment, le 28 avril, la BCE mettait en garde les institutions bancaires face aux risques liés aux prêts à effet de levier. Cet instrument d’endettement pour augmenter la capacité d’investissement a grimpé au cours des dernières années, au point que la BCE estime qu’il y a l’équivalent de 4.000 milliards de dollars de prêts à effet de levier au niveau mondial.

Comme tout instrument de dette, les prêts à effet de levier comportent des risques, mais ceux-ci pourraient avoir augmenté depuis quelques semaines. Avec la poussée inflationniste et le recul de l’économie, les débiteurs les plus endettés pourraient avoir de plus en plus de mal à rembourser leurs dettes.

La menace découlant des prêts à effet de levier n’est pas neuve pour autant. Déjà en janvier dernier, la BCE suggérait d’imposer des exigences de fonds propres additionnels aux établissements de crédit, témoignant d’une mauvaise maîtrise des risques relatifs au marché des prêts à effet de levier. La BCE laissait aussi entrevoir la possibilité de recourir à «des actions et des mesures de surveillance» pour ces banques.

Au-delà de tous ces risques, au Luxembourg, l’ABBL (Association des banques et banquiers, Luxembourg) déclarait, fin avril, qu’. Avec un recul des activités et une hausse de la volatilité, l’ABBL s’attend à des résultats bancaires en 2022 bien en dessous de ceux de 2021.