Stephane Herrmann a succédé à Henry Fischel-Bock qui a fait valoir ses droits à la pension ce 1er janvier 2022. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Stephane Herrmann a succédé à Henry Fischel-Bock qui a fait valoir ses droits à la pension ce 1er janvier 2022. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Nouveau CEO de la filiale européenne de la banque privée suisse Lombard Odier, Stephane Herrmann parle de son parcours commencé il y a plus de 25 ans au Luxembourg, des ambitions de développement de son établissement ainsi que de l’impact de la digitalisation dans un métier de tradition.

Vous venez de prendre la direction de Lombard Odier Europe, pourriez-vous nous parler de votre parcours?

. – «Je suis entré dans cette maison en 2019 comme directeur des opérations et directeur général adjoint.

J’ai commencé ma carrière au Luxembourg il y a plus de 25 ans dans l’audit et le conseil en management. J’ai exercé ces activités durant une dizaine d’années en Europe, principalement au Luxembourg et en Suisse d’où j’ai couvert l’Europe. Ensuite, je suis sorti du métier de conseil pour me diriger vers les établissements bancaires où j’ai occupé des postes de direction en Europe à Paris, à Luxembourg, à Genève, à Zurich et en Asie à Singapour et à Hong Kong.

Pourquoi avoir bifurqué vers la banque privée?

«Je ne suis pas tombé dedans quand j’étais petit… C’est plutôt un concours de circonstances. Lorsque j’ai commencé dans l’audit au Luxembourg il y a plus de 25 ans, on faisait surtout des fonds et un peu de banque. Le périmètre était plus restreint. Puis je me suis renseigné autour de moi sur les perspectives d’évolution. Et mon mentor – on appelait cela à l’époque un ‘counselor’ –, Georges Kioes, m’a aiguillé vers Genève qui est un peu le ‘berceau historique’ de la banque privée. J’ai travaillé dans le secteur d’abord en tant que consultant pendant 10 ans puis directement pour une banque privée. C’est un métier dans lequel j’ai des racines et qui me correspond parce qu’il s’inscrit dans le long terme, dans l’accompagnement des générations, dans la gestion des préoccupations des familles, tout en alliant tradition et innovation.

La banque privée, ce n’est pas de la finance pour de la finance, c’est vraiment de la finance et de la banque au service des familles et des patrimoines.


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Quelle est l’importance du Luxembourg pour le groupe Lombard Odier?

«Nous sommes un groupe suisse et pour renforcer notre accès au marché européen. Le Luxembourg qui est au cœur de l’Europe est un choix logique. Un choix que d’autres ont fait avant nous.

Luxembourg est le siège de Lombard Odier Europe SA qui est ‘la structure faitière’ qui regroupe l’ensemble des activités de banque privée dans les six pays d’Europe que l’on couvre à partir d’ici. Nous sommes implantés localement en Belgique, en France, en Italie, au Luxembourg, en Espagne et au Royaume-Uni. Nous nous adressons à une clientèle internationale, principalement européenne.

Lombard Odier Europe compte 215 personnes. Outre la banque privée qui occupe 80 personnes, dont une équipe de banquiers qui gèrent des clients luxembourgeois et européens, nous avons aussi à Luxembourg une partie de notre entité de gestion d’actifs, Lombard Odier Investment Managers,  et T&O qui est la société qui gère notre plateforme IT.

Notre ambition, l’esprit de la maison, c’est de continuer à accompagner nos clients en Europe.
Stephane Herrmann

Stephane HerrmannCEOLombard Odier Europe

Quelles sont vos ambitions pour votre entreprise?

«Notre ambition, l’esprit de la maison, c’est de continuer à accompagner nos clients en Europe grâce à trois éléments qui nous caractérisent qui sont la compétence de nos spécialistes, la performance de nos choix d’investissements sur le long terme et l’excellence de notre qualité de service. Nous sommes une banque privée qui allie tradition et innovation et nous sommes très attachés à la qualité de service que l’on peut fournir à nos clients.

En quoi votre entreprise se différencie-t-elle de vos concurrents?

«Outre les trois éléments que nous venons juste d’évoquer, il y a le fait que nous sommes une entreprise familiale indépendante détenue par ses associés gérants et les familles historiques qui font le groupe. Un modèle qui se raréfie dans le métier. Cela veut dire que nos associés gérants sont des entrepreneurs. Avec comme objectif non pas de maximiser le ‘retour sur investissement’ immédiat, mais de viser le long terme et de transmettre l’entreprise plus solide aux générations suivantes, enfants ou autres. N’étant pas cotés en bourse, nous sommes totalement indépendants et nous pouvons ainsi toujours placer les intérêts de nos clients au premier plan.

Quels sont vos domaines d’activité?

«Notre activité est focalisée sur la banque privée et l’ingénierie patrimoniale depuis plus de 225 ans.

À côté de l’activité de banque privée, nous disposons d’une activité de gestion d’actifs principalement pour les besoins de nos banquiers privés. Et nous avons développé une activité propre autour de notre plateforme informatique maison que nous vendons à une dizaine de partenaires ciblés qui ont les mêmes besoins que nous. C’est une activité récente dans l’histoire de notre maison, mais qui correspond à une logique: nous avons acquis un savoir-faire et nous voulons faire profiter d’autres acteurs.

Deux ans derrière un téléphone ou une caméra c’est long.
Stephane Herrmann

Stephane HerrmannCEOLombard Odier Europe

L’un des grands thèmes sur la Place est celui de la digitalisation. Quid de la digitalisation pour le métier de la banque privée et quelle est votre politique en la matière?

«Comme je viens de le mentionner, nous disposons de notre propre plateforme digitale. Elle a été conçue par des banquiers pour des banquiers. Et donc nous avons la chance d’avoir des équipes de technologie qui sont extrêmement performantes à mon sens.

Dans le contexte de pandémie que nous traversons, cette compétence propre nous a permis de poursuivre sereinement notre activité. Lors du premier confinement, nous avons pu, du jour au lendemain, demander à nos employés de travailler depuis leurs domiciles. Tout comme nous avons pu trouver des solutions digitales pour continuer à conseiller nos clients. Nous nous sommes bien adaptés à ce nouveau paradigme. Comme tous nos collègues de la Place, il me semble.

Si on envisage la digitalisation au sens plus large, celui de l’outil informatique, c’est pour nous quelque chose de très important. Nous considérons notre plateforme IT comme un véritable actif. Nous sommes une banque traditionnelle et innovante. Nous plaçons une grande attention sur nos banquières et nos banquiers qui sont, en fait, les chefs d’orchestre de l’ensemble des services de la banque en face de notre client. Mais nous pensons également que l’outil informatique est un différenciateur qui permet aux banquiers de mieux travailler avec leurs clients.

La crise du Covid a-t-elle eu un impact sur votre politique de digitalisation et sur la manière dont vous interagissez avec vos clients?

«Avec la crise du Covid, il y a une problématique de proximité de la clientèle, de due diligence et de maintien du lien dans une activité pour laquelle la rencontre et dans la discussion revêtent une place prépondérante. Nous avons dû adapter la manière dont le client peut interagir avec la banque. Il a fallu apporter des réponses concrètes à des problèmes pratiques comme la signature digitale de nouveaux contrats ou la présentation toujours digitale de nouveaux services. Notre expertise de banquiers privés et celle issue de nos équipes informatiques nous ont permis de mettre en œuvre beaucoup de solutions permettant de rendre l’accès à la banque plus aisé.

La pandémie a accéléré cette tendance à fournir aux clients des accès digitaux.

Si le Covid a pu faire avancer les choses en matière de digitalisation dans différents domaines, je n’ose pas parler d’un bouleversement. Nous sentons quand même dans nos équipes un désir de contact social. Les gens sont heureux de se revoir, de participer à des entretiens en face à face aussi.»

Cette interview est issue de la newsletter Paperjam Finance, le rendez-vous mensuel pour suivre l’actualité financière au Luxembourg.