On vous explique, en 12 questions, comment fonctionnera concrètement la stratégie d’autotesting au Luxembourg. (Photo: Shutterstock)

On vous explique, en 12 questions, comment fonctionnera concrètement la stratégie d’autotesting au Luxembourg. (Photo: Shutterstock)

La Direction de la santé prépare une liste d’autotests validés, qui pourront arriver prochainement dans les points de vente ou en entreprise au Luxembourg. Ils ne seront cependant pas remboursés par la CNS. Et pour assurer le suivi des personnes positives, des autodéclarations devraient être mises en place.

À l’école, en entreprise, à domicile…, la suite du large-scale testing sera renforcée par le . Ils viennent s’ajouter aux tests antigéniques rapides nasopharyngés, déjà disponibles dans les pharmacies ou dans certains secteurs, comme le sport et la culture. Contrairement à ces derniers, qui doivent être réalisés par un professionnel de la santé, on pourra les faire soi-même, comme leur nom l’indique.

Il s’agit pour le moment de tests nasaux, dont on entre le coton-tige dans le nez sur seulement deux centimètres. Mais où seront-ils disponibles? À quel prix? Comment vérifier les résultats, pour éviter toute fraude, toute erreur, mais aussi assurer un suivi des cas positifs dans la population? Les réponses aux questions que ces autotests soulèvent.

Pour l’instant, qu’est-ce qui est prévu au niveau du déploiement?

«Il y a deux projets pilotes», rappelle Thomas Dentzer, responsable de la stratégie à la Direction de la santé. Un premier aura lieu dans les . Un second concerne les maisons de soins, «pour tester rapidement les visiteurs». Ils devraient être mis en place dès l’arrivée des 500.000 premiers autotests commandés, normalement prévue cette semaine. «Ce sera peut-être la semaine prochaine», révèle-t-il finalement.

En parallèle, le but sera que chacun puisse se tester chez soi, en achetant un test en magasin ou en pharmacie. «Nous sommes en train de finaliser les recommandations. Nous allons légaliser certains tests pour dire que ce sont ceux que l’on peut acheter comme autotests», explique-t-il. Interrogée à ce sujet, l’enseigne de grande distribution Cactus affirme suivre «de près les évolutions de ce marché et [être] en contact avec le ministère de la Santé, afin de suivre les recommandations et conseils à la lettre. Avant de commercialiser ces tests, il importe à Cactus d’avoir des produits agréés, sérieux et fiables.»

Ce seront cependant à elles de prendre l’initiative, puisque, «normalement, le gouvernement ne va pas fournir ces tests aux entreprises. Sauf s’il y a un cluster, nous pouvons faire une intervention avec les équipes mobiles du large-scale testing.»

Une entreprise peut-elle rendre l’autotest obligatoire pour ses salariés?

Non, selon . «C’est le même raisonnement que .» Il estime que le salarié peut refuser, car cela relève de la vie privée et de l’intégrité physique.

Des incitations indirectes, comme l’autotest comme condition de retour au bureau, ne sont possibles que si une clause le prévoit, dans un avenant au contrat de travail accepté par le salarié, précise-t-il. Ce qui ne signifie pas non plus que le salarié est obligé d’accepter, mais on peut lui demander de rester en télétravail s’il ne réalise pas l’autotest.

De combien d’autotests le gouvernement a-t-il besoin pour ses projets pilotes?

«Il y a encore des décisions à prendre de la part du gouvernement pour savoir à qui on va donner ces tests. Pour le moment, ce sont les écoles et les maisons de soins. Il y a encore des discussions pour les utiliser dans la culture et le sport», répond Thomas Dentzer. Qui ne peut calculer de budget précis dédié aux autotests pour l’instant. Des discussions sont en cours avec plusieurs fournisseurs, sélectionnés via un marché public européen réalisé par la Commission européenne. Si les disponibilités peuvent «varier d’une semaine à l’autre», il assure qu’il y a «une grande disponibilité de ces tests. Ce n’est pas comparable à la disponibilité des vaccins ou des tests PCR en mai-juin.» On parle, pour l’instant, de tests nasaux, plus efficaces, selon les études effectuées, mais si de nouveaux tests salivaires arrivent sur le marché, le gouvernement n’exclut pas d’en commander.

À quelle fréquence faut-il les effectuer?

L’idéal serait deux fois par semaine, selon Thomas Dentzer. Qui explique que «ces tests détectent uniquement le Covid si vous êtes au pic de votre infection. C’est-à-dire quatre ou cinq jours après l’infection, puis sur quatre jours environ.» Alors que le test PCR, qui utilise l’amplification, détecte le virus sur une plus longue période. 

Si les autotests peuvent favoriser le nombre de «faux négatifs», quel est leur but, concrètement?

«Les autotests nous aident maintenant à aller plus loin, faire plus de tests et dans des environnements où nous n’avons pas pu le faire. Par exemple, il est difficile de rentrer dans une entreprise avec une équipe, mais si chacun peut faire son propre test, cela prend moins de temps.» Thomas Dentzer s’attend à une plus large participation que pour le large-scale testing, pour lequel chacun doit prendre rendez-vous et se déplacer.

Côté privé, «si l’on se voit pour manger ensemble, on pourrait tous les deux faire un test. Même si les tests ne sont pas garantis à 100%, cela réduit les risques de se retrouver avec quelqu’un qui est fortement contagieux.»

Combien coûte un autotest?

«Entre deux et dix euros», prévoit-il.

Sera-t-il remboursé?

La Caisse nationale de santé (CNS) nous indique que les autotests ne seront pas pris en charge.

Comment s’assurer qu’une personne autotestée positive s’isole et prévienne ses cas contacts?

«C’est un point crucial», admet Thomas Dentzer. Le système actuel ne prévoit pas de notifier le ministère de la Santé en cas d’autotest positif, par exemple. La Direction de la santé prépare là aussi une liste de recommandations, qui sera publiée en fin de semaine. Parmi elles, il est prévu de demander aux personnes ayant réalisé un autotest de faire une autodéclaration en ligne. Si elles sont positives au Covid-19, la Direction de la santé se chargera ensuite de les informer sur les mesures d’isolement et d’assurer le contact tracing. Les deux choses «les plus importantes», selon Thomas Dentzer. Qui compte surtout sur leur bonne foi.

«Si vous faites un test, vous devez regarder le résultat dans les 15 à 30 minutes. Après cela, il devient positif», avertit-il. Pour éviter les abus avec de faux tests positifs pour se mettre en arrêt maladie, «il faudra ensuite faire un test PCR» pour obtenir un certificat.

Faudra-t-il aussi s’autodéclarer en cas de test négatif?

«Nous aimerions bien, mais nous pensons que très peu de gens vont le faire si c’est négatif. C’est surtout important de le faire si c’est positif.»

Les autotests seront-ils comptabilisés dans les bilans Covid?

Il est prévu d’inclure les résultats des autotests, mais aussi des tests antigéniques nasopharyngés aux bilans quotidiens et hebdomadaires. «Je ne peux pas vous dire à partir de quand.» Ils seront séparés des résultats des tests PCR, assure Thomas Dentzer. «Sinon, on ne pourrait plus faire de comparaison avec les chiffres d’il y a cinq mois. Et la prévalence sera forcément plus élevée que dans la réalité si les gens ne déclarent que les tests positifs.»

Pour l’instant, il constate «très peu» de résultats positifs parmi les «milliers» de tests rapides nasopharyngés réalisés dans certains secteurs.

Est-ce qu’un autotest négatif pourra servir de justificatif pour voyager, via une photo ou l’autodéclaration?

«Non», dit Thomas Dentzer. En tout cas au Luxembourg, il faudra toujours faire un test auprès d’un laboratoire ou d’une pharmacie. Il voit difficilement comment utiliser un autotest comme justificatif, même si «cela dépend toujours du pays».

Que faire des déchets issus des autotests?

«Ils se composent de beaucoup de plastique, un peu de papier et un peu de liquide. Il n’y a pas de recyclage prévu pour cela», regrette Thomas Dentzer. Qui conseille de jeter le test à la poubelle, «en fermant le couvercle. A priori, le liquide tue le virus.» En France, le conseille de traiter les tests antigéniques via la filière des déchets d’activités de soins à risques infectieux.