Dany Kieffer: «Heu­reu­sement, nous sommes sur le marché depuis 30 ans et pouvons vivre de nos réserves.» (Photo: Matic Zorman / Maison Moderne)

Dany Kieffer: «Heu­reu­sement, nous sommes sur le marché depuis 30 ans et pouvons vivre de nos réserves.» (Photo: Matic Zorman / Maison Moderne)

La remise à l’eau s’est faite en douceur pour Navitours, et ses clients sont restés discrets jusqu’à la mi-juin. Pour les faire revenir, Dany Kieffer, gérant, a revu son plan de route et lancera de nouveaux produits. Il ne s’attend pas, cependant, à un effet «Vakanz doheem».

Mi-juin, le soleil peine à montrer le bout de son nez. Les oies dorment le long de la Moselle. Pas très encourageant pour la reprise du tourisme. Mais Dany Kieffer, gérant de Navitours, ne perd pas espoir, malgré l’impact énorme qu’a eu la crise sur son activité.

Plus d’événements

«Nous avons une activité de restauration, de tourisme et d’événementiel. Pendant les deux mois de confinement, c’était du 100% zéro», résume-t-il en se servant un grand verre d’eau, à bord du Roude Léiw. Avec, en parallèle, 40.000 euros de coûts fixes mensuels, limités par le chômage partiel accordé à ses 25 salariés. Pour 2020, il s’attend à une baisse de 80% de son chiffre d’affaires (2,6 millions d’euros en 2019). «Heu­reu­sement, nous sommes sur le marché depuis 30 ans et pouvons vivre de nos réserves», se réjouit le gérant de 50 ans, à la tête de l’entreprise familiale depuis 2004.

Cette dernière a du mal à rentrer dans les cases. D’abord considérée comme chantier et bateau fluviaux, il a finalement été décidé qu’elle appartenait au secteur de l’horeca. Alors, jusqu’au 29 mai, «nous n’avons pas eu le droit de rouvrir, même sans restauration. Alors que les avions volaient, les bus et les trains roulaient», s’attriste Dany Kieffer. Même après cette date, le bateau peine à retrouver son rythme de croisière. Le restaurant a servi 30 personnes lors du week-end de la Pentecôte, contre 350 l’année précédente. «Le bateau, c’est souvent pour une occasion», explique Dany Kieffer. Les croisières ne marchent pas mieux: «Hier, nous avons fait une promenade avec neuf clients. Ce ne sont que des frais. Mais il faut montrer que nous sommes de nouveau actifs.»

Si la restauration représente 35% de son chiffre d’affaires et les croisières 15%, son activité principale reste l’événementiel, toujours à l’arrêt. Mi-juin, aucune date de reprise n’avait été annoncée. «La majorité des réservations ont été reportées ou annulées. On ne va pas fêter son 50e anniversaire l’année prochaine...» De même, les événements business, qui représentent 20% de la clientèle, ont tous été stoppés. Il ne s’attend pas à un retour à la normale avant 2023.

Cave à vin sur l’eau et bateaux électriques

Pour affronter la tempête, Navitours adapte son offre. Alors que ses trois bateaux devaient rester à Remich cet été, le MuselSchëff suivra la route des touristes. Il passera quelques jours à Wasserbillig, puis à Nittel en Alle­magne. «Ils ont 400.000 nuitées dans la saison. L’emplacement peut être intéressant», justifie Dany Kieffer.

L’entreprise récupère aussi son quatrième bébé, le Mosa. Il voguait depuis une dizaine d’années sur la Meuse, en location pour l’entreprise verdunoise Fluviatours, mais celle-ci a déposé le bilan à cause de la pandémie. Après 75.000 euros de travaux, il devrait donc se transformer en cave à vin sur l’eau vintage pour une mise en service le 15 juillet. Navitours devait lancer cet été la location de petits bateaux électriques, pour «jouer au capitaine» sur la Moselle. Le Covid-19 a mis le projet en pause.

«Il nous faut les autorisations de l’Allemagne et du Luxembourg, qui prennent du retard, s’inquiète le gérant de Navitours. Nous ne savons pas si nous pourrons lancer le projet cette année, ce sera probablement en 2021.» L’investissement pourra «dépasser le million d’euros». De quoi faire revenir les clients? Il l’espère. «On parle d’un tourisme national. Mais les gens vont voyager en Espagne, en Italie. Je ne peux pas m’imaginer que la clientèle puisse rester uniquement au Luxembourg», explique-t-il.

Il n’envisage pas de refaire les 2.000 couverts par semaine de l’an dernier ni les 250 excursions mensuelles. La majorité de ses clients viennent des Pays-Bas, de France, d’Allemagne, d’Italie et de Belgique. Il attendait donc avec impatience la réouverture des frontières. «Après chaque chute, on se relève.»

L’été se fera en toute sécurité. La taille des bateaux facilite la séparation des tables. Le masque reste obligatoire tant qu’on n’est pas installé. Des distributeurs de gel hydroalcoolique, des plaques en plexiglas et des autocollants sur ses navires ont été installés, pour un budget de 10.000 euros. «En espérant que dans trois ou huit semaines, nous n’en aurons plus besoin et que la vie recommencera comme avant», termine-t-il en regardant la Moselle.