Vacances de Pâques, ponts printaniers et congés de Pentecôte annulés, sans oublier des réservations incertaines pour l’été… . «C’est la grande catastrophe, admet Jos Sales, associé chez Sales-Lentz Group (1.500 salariés au Luxembourg et en Belgique, ndlr). Le Covid-19 nous a vraiment touchés au plus mauvais moment.» Et pour cause: le début de l’année a été marqué par l’afflux de réservations . «La catastrophe est venue quand on avait 80% des réservations enregistrées.» Qui dit réservation, dit ouverture de dossier, travail de préparation et paiement d’acomptes. Et les clients, dans leur bon droit, ont voulu réclamer leur dû. Un coup dur pour la trésorerie de l’entreprise familiale, qui compte 19 agences «We love to travel» et une flotte de 80 autocars.
Les clients qui ont vu leurs séjours annulés au premier semestre et qui décident de réserver pour les mois d’été rouvrent un dossier, avec le travail de préparation qui en découle pour l’agence de voyages, en espérant que cette fois-ci soit la bonne et que le séjour ne tombera pas à l’eau, auquel cas le cash-flow serait une fois de plus mis à mal. Quant au segment des séjours d’affaires, tout a été également annulé, alors que le pic de demandes pointe entre mai et juillet. «On espère un retour à une certaine normalité en septembre», ajoute Jos Sales.
Dans ce ciel sombre, une éclaircie pointe au tableau: l’activité des transports en commun. Ironie du sort, le premier cas au Luxembourg avait été annoncé au soir du lancement de la gratuité de ce service public. La reprise des écoles a ravivé la demande en bus, voire même décuplé celle-ci, dans la mesure où le respect des normes de distanciation sociale implique d’espacer les enfants, et donc de recourir à deux véhicules au lieu d’un seul, comme c’était le cas avant la crise. Par contre, les excursions en groupe ne sont toujours pas possibles, alors que la haute saison sur ce segment s’étend d’avril à juillet.
À la recherche du déclic
Si le déconfinement progresse et que , «nous espérons fortement que les gens se sentiront suffisamment en confiance pour oser partir en vacances», ajoute Jos Sales. Outre l’important volet sanitaire, la situation économique globale et le pouvoir d’achat des voyageurs entrent aussi en ligne de compte. Sur le marché local, pourrait – d’une certaine manière – bénéficier au cariste, qui exploite le petit train touristique dans la capitale, . Quant aux excursions et courts séjours en Grande Région, il reste pour l’heure quelques contraintes insoupçonnées, comme la réglementation sur le nombre de passagers autorisés par autocar, qui varie d’un pays à l’autre.
Alors que le coronavirus a poussé l’exploitant à revoir son métier, il retient de cette crise l’importance de la communication interne: garder les collaborateurs informés de ce qui se passe et veiller à protéger leur santé. «Nous avons une responsabilité par rapport à eux, surtout quand on apprend que, dans des grandes villes européennes, des chauffeurs ont été contaminés par le coronavirus», souligne le cariste. Aujourd’hui, la crainte a fait place au soulagement, mais un choc comme celui-là laisse des traces.
«Nous avons dû mettre en suspens beaucoup d’investissements, comme des constructions d’infrastructures pour le transport», confie Jos Sales. Il considère qu’il sera impossible de récupérer les revenus des mois affectés par la pandémie et que son chiffre d’affaires annuel pourrait être amputé de 25% dans le segment des transports, et même de 60% dans celui du tourisme.
Pourtant, le groupe estime que le Covid-19 peut aussi lui permettre de rebondir: «Cette pandémie a montré que ceux qui vont en agence faire une réservation ont une meilleure carte en main que ceux qui passent sans intermédiaire», assure Jos Sales. S’il est pour l’heure difficile d’imaginer à quoi ressembleront les cartes postales de demain, l’entrepreneur en est persuadé: «Le conseil pour les voyages sera encore plus important dans le monde de l’après-coronavirus.»