Fernand Heinisch, gérant-associé des Voyages Emile Weber. (Photo: Purple Monkey Visual Creations)

Fernand Heinisch, gérant-associé des Voyages Emile Weber. (Photo: Purple Monkey Visual Creations)

Le coronavirus a contraint les Voyages Emile Weber à adapter leur feuille de route et à faire preuve d’imagination pour développer de nouveaux services pendant le confinement. Désormais, ils regardent vers l’avenir et espèrent une reprise du secteur touristique.

En 145 ans d’existence, les Voyages Emile Weber ont traversé des guerres et plusieurs crises économiques. Mais, comme pour tous les acteurs économiques, la crise du coronavirus est arrivée par surprise, ce qui a poussé le groupe à revoir sa feuille de route à l’entame du printemps.

«Il a fallu faire preuve d’une réactivité, d’une flexibilité et d’une adaptabilité sans précédent», souligne Fernand Heinisch, gérant-associé de l’entreprise basée à Canach et qui emploie 1.300 personnes.

Pendant le confinement, un service de livraison de repas à domicile a été développé pour les restaurants qui n’en disposaient pas. Frupps Express, c’est son nom, a ainsi permis d’occuper une partie de ses collaborateurs dont l’activité s’était soudainement effondrée. Si aujourd’hui ce service n’est plus opérationnel, les Voyages Emile Weber maintiennent une autre innovation lancée pendant la crise: le service de taxi Webtaxi propose aux habitants de la capitale de récupérer leurs médicaments dans la pharmacie la plus proche.

Cinq ans pour encaisser l’impact du coronavirus

Entre les voyages annulés, les autocars de tourisme au dépôt et les taxis en quête de clients, le confinement a porté un coup à la plupart des métiers du voyagiste, à l’exception des lignes d’autobus, davantage épargnées.

«Même si les activités ont tourné au ralenti lors du confinement, nous ne nous sommes pas reposés sur nos lauriers. Nous avons préparé l’après-Covid et concrétisé la digitalisation de l’entreprise», insiste le gérant-associé.

Celui-ci estime qu’il faudra près de cinq ans à l’entreprise pour se remettre de la crise et rétablir sa situation financière, «mais nous ferons notre possible pour limiter les dégâts.» À côté du chômage partiel et du congé pour raisons familiales, le groupe souligne aussi la décision du gouvernement de suspendre le remboursement en cas de résiliation du contrat de voyage à forfait prise pendant l’état de crise, tant à l’initiative du voyageur que de l’organisateur. Ce procédé permet, selon les Voyages Emile Weber, non seulement de garantir les intérêts des voyageurs, mais aussi d’assurer la survie de toute une branche d’activité.

Le chômage partiel: un levier vital

À l’entame de l’été, la reprise n’est que graduelle sauf pour les lignes de transport public, notamment grâce à la reprise du transport scolaire, qui a vu les besoins en bus doubler pour respecter les distances de sécurité. Du côté des voyages d’affaires et en groupe, l’activité reste au ralenti. « Une partie des équipes est au chômage partiel ou en congé pour raisons familiales, ce qui représente pour nous un levier vital afin de surmonter cette période difficile », explique Fernand Heinisch, qui espère un retour à la normale d’ici la rentrée.

En attendant, les agences de voyages ont rouvert progressivement, d’abord dans les centres commerciaux début juin, puis partout ailleurs à la mi-juin. «Il est certain que nous endossons des pertes et que nous devons redoubler d’efforts afin de redresser la situation», dit le responsable. L’ouverture des frontières et les bons chiffres au niveau sanitaire, il les considère comme une éclaircie dans un ciel plombé. «Nous avons bon espoir que les gens retrouvent le goût du voyage.»

Mais une crise comme celle du coronavirus laisse des traces. L’opé­rateur ne cache pas ses craintes, comme celle de ne pas voir l’économie redécoller, que les clients soient frileux malgré les mesures de précaution sanitaire et puis, dans le secteur des voyages d’affaires et Mice, que les budgets soient revus à la baisse. Pas de quoi pour autant entamer la détermination du cariste qui, coûte que coûte, entend reprendre la route dès que possible: «Peu importe l’impact, nous devons nous serrer les coudes, nous adapter aux circonstances et relever les nouveaux défis.»