Michel Polfer, directeur du Musée national d’Histoire et d’art (MNHA). (Photo: Eric Chenal)

Michel Polfer, directeur du Musée national d’Histoire et d’art (MNHA). (Photo: Eric Chenal)

Tous les musées du pays sont de nouveau ouverts et peuvent accueillir leur public. Un accueil qui peut se faire presque normalement, dans la limite des mesures sanitaires. Exemple avec Michel Polfer, directeur du Musée national d’Histoire et d’art.

Michel Polfer, directeur du Musée national d’Histoire et d’art (MNHA), rassure: «Depuis le 9 juin, le musée est revenu à une situation presque normale.» Après avoir ouvert seulement une partie des salles du musée, l’ensemble du parcours va de nouveau pouvoir être visité, à l’exception de l’aile Wiltheim. Les expositions temporaires sont toutes accessibles, et certaines activités pédagogiques ont même pu reprendre. «Il faut toutefois bien entendu continuer de respecter les mesures sanitaires demandées par le gouvernement que sont la distance entre les personnes, le port du masque, ou encore la désinfection des mains, que nous complétons avec un nettoyage renforcé de nos locaux», précise le directeur.

Des mesures qui sont généralement bien acceptées et suivies par les visiteurs. «Au lieu d’environ 200 personnes par jour qui fréquentent notre musée, nous recevons environ 20 visiteurs. Nous sentons bien que le public est encore un peu réticent à sortir et à venir. Pourtant, toutes les mesures de sécurité sont là, et les visites peuvent se faire en confiance. Je pense qu’il est même moins dangereux de venir au musée que d’aller faire ses courses au centre commercial», déclare Michel Polfer.

La visite du MNHA est désormais possible avec un guide, puisque les groupes jusqu’à 20 personnes peuvent être accueillis sur inscription. «Nous avons également relancé notre programme d’activités pour les adultes», détaille Michel Polfer. «Mais nous ne pouvons accueillir que 10 personnes par atelier afin de respecter la distanciation sociale de rigueur. Par contre, les groupes scolaires qui sont habituellement très présents en cette fin d’année scolaire ne viennent pas, puisque l’école ne fonctionne pas comme à l’accoutumée et que les sorties extrascolaires ont dû être annulées. Tout ne fonctionne pas encore à plein régime, mais l’offre est quand même là.»

Un programme sous contrôle

La programmation du musée est actuellement composée de trois expositions temporaires accessibles tout au long de cet été: l’exposition de peintures et sculptures «De Mena, Murillo, Zurbarán», les photos de Carla van de Puttelaar rassemblées dans «Brushed by Light», et l’expo­sition historique sur le suffrage uni­versel #wielewatmirsinn.

«Par chance, nous avions pu ouvrir ou finaliser l’accrochage de toutes nos expositions temporaires avant le confinement», explique Michel Polfer. «Aussi, nous n’avons pas eu besoin de chambouler notre programmation. Nos nouvelles expositions s’ouvriront progressivement en octobre, novembre et janvier prochains. La pandémie n’a rien changé à ce programme prévu de longue date. Par contre, au Musée Dräi Eechelen, qui est également sous notre responsabilité, le calendrier ne nous a pas été aussi favorable, car l’exposition temporaire en cours n’a pas pu être démontée pour cause de confinement. Nous devons donc reporter notre exposition sur les Luxembourgeois dans la Légion étrangère à la fin de l’année, au lieu de l’ouvrir en juin.»

Comme dans tout musée, plusieurs œuvres de la collection du MNHA circulent dans le monde pour les besoins d’expositions temporaires organisées par d’autres musées. «Nous avions prévu de faire une grande exposi­tion en Chine, mais ce projet a dû être re­porté d’un an, en septembre 2021, car son organisation est tombée en plein dans le pic de la crise en Chine. Nous avons aussi dû retarder le rapatriement d’une œuvre importante qui se trouvait en Italie. Mais la collaboration avec les musées partenaires se passe sans encombre, et nous ne devons pas faire face à des éléments bloquants, fort heureusement.»

Du côté financier, les craintes sont modérées: «Nous bénéficions d’une dotation annuelle du ministère de la Culture (10,1 millions d’euros en 2020, ndlr), et donc, même si nous avons perdu les recettes liées aux entrées pendant deux mois, nous avons également moins dépensé pendant le confinement. Aussi, nous devrions parvenir à un équilibre», rassure Michel Polfer. Par contre, le fait que les budgets du gouverne­ment seront gelés au niveau de ceux de 2019 (le MNHA avait reçu 9,3 millions de la part du ministère de la Culture en 2019) le tracasse plus. «Nous allons avoir un retour en arrière de trois ans au niveau du budget pour 2021. Cela représente par contre une différence bien plus importante que la perte de deux mois de vente de tickets.»