Matteo Cernuschi: «Le streaming a considérablement changé nos habitudes de consommation. En Europe, le digital représente plus de 43% des revenus relatifs au secteur de la musique.» (Photo: Jan Hanrion/Maison Moderne)

Matteo Cernuschi: «Le streaming a considérablement changé nos habitudes de consommation. En Europe, le digital représente plus de 43% des revenus relatifs au secteur de la musique.» (Photo: Jan Hanrion/Maison Moderne)

ANote Music, qui permet d’acheter des parts de chansons, était attendue pour 2019. Elle sera lancée au premier trimestre 2020. Matteo Cernuschi n’a pas perdu son temps pour autant. La start-up fait partie des finalistes des premiers Start-up Stories Awards de Paperjam qui se sont déroulés le 18 décembre dernier.

ANote Music n’est pas une fintech, mais elle en emprunte les problématiques. Comme ces banques qui attendent qu’une de leurs concurrentes embrasse une technologie pour en faire autant, les artistes sont sensibles à l’effet de mode. Face à une technologie qui mélange blockchain et monétisation de leurs royalties – un marché à 27 milliards d’euros –, même les Américains sont encore prudents.

Le quart d’heure qu’un des cofondateurs de la start-up, Matteo Cernuschi, a passé fin octobre et d’autres stars de la musique et qui dirige le label Music World Entertainment, en marge de leur victoire du concours à Bilbao, vaut son pesant d’or. À l’issue de leur conversation, les Luxembourgeois sont repartis avec sa carte de visite, un trésor dans le monde de la musique, après lui avoir fait la promesse de le tenir au courant de l’évolution du projet.

Un marché en plein bouleversement

Le nerf de la guerre est là, dans la capacité à convaincre des propriétaires de catalogue musical que leur plate-forme, qui devrait être lancée au premier trimestre 2020, va leur permettre de profiter directement de liquidités pour lancer de nouveaux projets.

«Nous permettons à n’importe qui d’acheter des parts de chansons, résume le COO d’ANote Music. L’industrie musicale est un marché très fragmenté, où l’on retrouve des artistes, des impresarios, des labels…» L’achat de royalties pour une chanson est toutefois différent de l’acquisition des droits. Il permet d’avoir un retour sur investissement en cas de succès, mais pas d’écouter ou de diffuser la chanson.

Le marché est en bouleversement complet. «Le streaming a considérablement changé nos habitudes de consommation. En Europe, le digital représente plus de 43% des revenus relatifs au secteur de la musique. Ces nouvelles habitudes détruisent les précédentes, avec une diminution constante des ventes d’albums physiques, mais aussi une baisse du téléchargement, qui perd 21%. Le piratage suit cette tendance, et diminue, lui aussi. Les auditeurs veulent écouter ce qu’ils veulent, où ils veulent, et de la manière dont ils le souhaitent. Le digital est le meilleur canal pour ça», explique-t-il.

Prix Luxinnovation du concours de pitchs de l’ICT Spring, retenue pour le programme Fit4Start et pour la délégation luxembourgeoise au CES de Las Vegas, la start-up participera aussi à une mission économique du gouvernement espagnol à Mexico, Bogota et Madrid, en mai, juin et octobre prochains. «C’est super, parce que ça nous permet de soigner notre réseau!», se félicite le jeune entrepreneur de 27 ans.

Fiche

Création: Juillet 2018

Localisation: Technoport, Esch-Belval

Capital social: 9.999 euros

Fondateurs: Matteo Cernuschi, Marzio Flavio Schena et Grégoire Mathonet

Levée de fonds: 180.000 euros

Chiffre d’affaires: Non communiqué

Employés: 7

Objectif de croissance: Lancer la version complète de la plate-forme au 2e trimestre 2020