«Même si un métier conserve le même nom, les compétences demandées évoluent à grande vitesse», explique Isabelle Schlesser, la directrice de l’Adem.  (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

«Même si un métier conserve le même nom, les compétences demandées évoluent à grande vitesse», explique Isabelle Schlesser, la directrice de l’Adem.  (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

L’Adem, l’Agence pour le développement de l’emploi, a analysé les offres d’emploi de ces… six dernières années, afin d’avoir une meilleure connaissance du marché. Et de développer des formations encore plus adaptées.

Ce jeudi 20 janvier, l’Adem, l’Agence pour le développement de l’emploi, a livré ses derniers chiffres. Outre , on pouvait y lire qu’au 31 décembre 2021, 16.403 personnes étaient demandeurs d’emploi alors que 10.221 postes cherchaient, eux, un titulaire.

Toute la problématique étant, dans un marché de l’emploi en pleine transformation notamment en raison de l’émergence des progrès technologiques, de réussir à faire «matcher» ces deux «populations».

150.000 offres et 1,3 million de compétences

C’est en ce sens que l’Adem a présenté, également ce jeudi – en présence du nouveau ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Économie sociale et solidaire,  –, les résultats d’une étude qu’elle a menée dans sept secteurs différents:  la construction, le transport et la logistique, l’artisanat, la finance, l’horeca, le commerce et l’industrie.

On a pu constater une croissance assez forte des exigences en matière de compétences sur ces cinq dernières années. Et la pandémie a accéléré encore davantage les choses.

Inès Bearcoordinatrice d’une Future Skills InitiativeAdem

Une étude centrée sur les métiers et compétences recherchés sur le marché de l’emploi luxembourgeois, réalisée en collaboration avec les fédérations et chambres professionnelles concernées (Chambre du commerce, Chambre de métiers, ABBL, Aca, Fédération des artisans, Horesca, Fedil, CLC et Cluster for Logistics) «pour être sûr que cela corresponde à la réalité», dixit , la directrice de l’Adem. Une étude pour laquelle toutes les offres d’emploi allant de 2015 à avril-mai 2021 ont été analysées. Soit 150.000 petites annonces!

«Elles ont permis d’identifier 1,3 million de compétences. Soit une moyenne de plus ou moins neuf compétences par annonce. Pour des milliers de compétences différentes au total», explique Inès Bear, coordinatrice de la Future Skills Initiative dont cette étude est la première étape.

Une exigence toujours plus élevée en termes de compétences

Quels enseignements ont pu en être tirés? «Une tendance émerge dans tous les secteurs: une exigence en termes de compétences toujours plus élevée de la part des employeurs. Et ce, dans tous les domaines», continue Inès Bear. «On a ainsi pu constater une croissance assez forte de cette exigence sur ces cinq dernières années, et la pandémie a accéléré encore davantage les choses. Notamment au niveau des compétences dites ‘transversales’ (comme les compétences comportementales, digitales, de gestion, les langues, etc., ndlr). Tandis que la plus demandée, tous secteurs confondus, est ‘l’adaptation au changement’.»

Inès Bear (à d.) aux côtés du ministre Georges Engel et d’Isabelle Schlesser.  (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

Inès Bear (à d.) aux côtés du ministre Georges Engel et d’Isabelle Schlesser.  (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

Au niveau des métiers, cette étude montre que des perspectives existent dans tous les secteurs. Cependant, ceux où l’on retrouve les plus fortes pénuries de «talents» sont souvent des métiers très qualifiés, comme informaticien ou juriste. Mais aussi l’artisanat.

«Au Luxembourg, la définition de ce dernier est assez large. Cela prend en compte les boucheries, les boulangeries, mais aussi des professions comme électriciens, couvreurs, chauffagistes, etc. Ces derniers profils sont parmi ceux où la pénurie est quasiment la plus forte. Parce que la demande est importante, en raison d’un secteur de la construction qui ne cesse de croître.»

On peut également noter que les métiers dits «émergents» sont directement liés à de nouvelles tendances (technologiques, environnementales, sociétales, notamment).

«Les métiers évoluent très rapidement. Même si le nom reste le même, les compétences évoluent à grande vitesse. Prenez le rôle d’assistant administratif, par exemple. Il y a cinq ans, on y demandait des connaissances assez basiques. Alors qu’aujourd’hui, cela devient très pointu. Parce que la digitalisation est passée par là. Pour la prise de rendez-vous, Outlook fait désormais très bien l’affaire…», glisse Isabelle Schlesser.

Un deuxième et un troisième volets

Au final, il n’y a donc pas de grandes surprises dans les conclusions de l’analyse réalisée. On y retrouve plutôt la confirmation de tendances qu’on soupçonnait déjà.

«Mais ce qui est important pour nous, c’est d’avoir pu quantifier et solidifier les attentes des entreprises. D’avoir aussi désormais des données réelles qui supportent nos conclusions. Et qui peuvent nous aiguiller sur les décisions à prendre en termes de formation, d’orientation ou de recherche de talents», explique Inès Bear.

Trois domaines qu’on retrouve dans les deuxième et troisième volets de cette Future Skills Initiative.

Après la détection des tendances, en effet, on retrouve une étape de formation (qui a déjà débuté pour 500 demandeurs d’emploi ayant suivi trois mois de formation en compétences digitales, comportementales et gestion de projets). Puis, une troisième étape, aujourd’hui toujours en phase préparation: elle prévoit de se rendre dans les entreprises afin d’aider celles-ci à déceler les profils dont ils auront besoin à l’avenir et ceux qui n’auront plus grand intérêt. De manière à déterminer les formations à mettre en place pour ceux qui risquent de perdre leur place. Afin qu’ils puissent se maintenir en poste. 

Les études sont à retrouver