Carlo Vogele présente son premier long métrage d’animation «Icare». (Photo: Deborah Coleman/Pixar)

Carlo Vogele présente son premier long métrage d’animation «Icare». (Photo: Deborah Coleman/Pixar)

La 12e édition du Luxembourg City Film Festival (LCFF), organisée du 3 au 13 mars, offrira plusieurs nouveaux films aux spectateurs, dont certains labélisés Made in/with Luxembourg. Voici six réalisateurs qui présentent leur création en avant-première au Luxembourg à cette occasion.

Carlo Vogele

«Icare» (Iris Productions)

​Après des études aux Gobelins, ce jeune animateur luxembourgeois se fait embaucher en 2008 chez Pixar, où il travaille pendant huit ans et participe à la création de «Toy Story», «Brave» et «Monsters University». En parallèle, il réalise des courts métrages et se fait remarquer lors de festivals, notamment celui d’Annecy. Pour le LCFF, il présente «Icare», son premier long. «L’idée remonte à 2016. Après avoir pitché sans succès auprès de Pixar, je me suis tourné vers l’Europe, et plus spécialement Luxembourg, pour produire mon premier long métrage. J’ai coécrit le scénario avec Isabelle Andrivet, puis nous avons travaillé pendant deux ans avec des studios belge et français pour produire cette animation de 70 minutes.» Si la fin tragique d’Icare est connue de tous, sa vie l’est nettement moins. C’est justement ce qui est développé dans ce film. «Cette histoire est l’occasion d’un récit initiatique, mais aussi de parler des relations père-fils», détaille Carlo Vogele. La sortie en France, en Belgique et au Luxembourg est prévue fin mars.

Maggie Peren pour le film «The Forger» («Der Passfälscher»). (Photo: Alamy)

Maggie Peren pour le film «The Forger» («Der Passfälscher»). (Photo: Alamy)

Maggie Peren

«The Forger» (Amour Fou)

Ce film réalisé par la réalisatrice allemande Maggie Peren a été présenté en première mondiale à l’occasion du Festival international du film de Berlin en février.  «Der Passfälscher» (titre original) raconte l’histoire du jeune Cioma Schönhaus qui a le malheur d’être juif dans l’Allemagne nazie. Mais parce qu’il ne souhaite laisser personne lui prendre sa joie de vivre, surtout pas les nazis, il décide de se cacher sous une fausse identité, celle d’un officier de marine. Ainsi masqué, il sort sans crainte, profite de la vie ­nocturne de Berlin et échappe à la dépor­tation. Le jour, il falsifie des passeports et tente de sauver ses concitoyens juifs.

Ce film est coproduit avec l’aide du Lux­embourg via Amour Fou, le soutien du Film Fund et l’intervention de plusieurs professionnels luxembourgeois comme André Jung, Marc Limpach, Luc Feit, Patrick Hastert, Marie Jung, Steve Karier, Bady Minck…

Gintare Parulyte présente son film «And He Said Yes!». (Photo: Lynn Theisen/Daniel Fragoso)

Gintare Parulyte présente son film «And He Said Yes!». (Photo: Lynn Theisen/Daniel Fragoso)

Gintare Parulyte

«And He Said Yes!» (Red Lion)

Lituanienne d’origine, mais ayant grandi au Luxembourg, Gintare Parulyte a le goût du spectacle. On la voit régulièrement ­devant la caméra («La Jeune Fille à la perle», «House of Boys»), mais c’est aussi dans le ­travail plus solitaire de l’écriture qu’elle s’épanouit («Fuck»), ou à la réalisation pour raconter les histoires comme elle l’entend («Is That, Like, Your Real Job?», «Ladybits»). Pour le LCFF, elle présente «And He Said Yes!», un court métrage de 21 minutes qui raconte l’histoire de Greta, islandaise, qui tombe folle amoureuse de Thanos, grec. Parce qu’ils n’aiment pas perdre de temps, ils ­décident de rencontrer un organisateur de mariages, mais leurs différences culturelles vont vite se faire ressentir et la fête à venir se transforme progressivement en une série de malentendus et de désaccords, qui permet au spectateur d’apprendre à connaître les personnages en même temps qu’ils se découvrent eux-mêmes ­mutuellement.

Nicolas Steil, fondateur d’Iris Productions, présente «Le Chemin du Bonheur». (Photo: Iris Productions)

Nicolas Steil, fondateur d’Iris Productions, présente «Le Chemin du Bonheur». (Photo: Iris Productions)

Nicolas Steil

«Le Chemin du Bonheur» (Iris Productions)

Nicolas Steil est fondateur en 1986 d’Iris Productions, une des premières sociétés de production luxembourgeoises et maison mère d’Iris Group. Il est aussi réalisateur. Son premier long métrage, «Réfractaire», est sorti en 2009.

«Le Chemin du bonheur», son nouveau long métrage, raconte l’histoire de Saül Birnbaum, petit Viennois transporté à Bruxelles comme «enfant caché» au moment de la Seconde Guerre mondiale, qui vit très mal cette situation. Il trouve dans le cinéma un refuge qui lui permet d’échapper à sa réalité. Une fois adulte, il ouvre un Delicatessen très vivant et animé, où le cinéma a là encore une place de premier ordre. Après de nombreuses amourettes sans grand avenir, Saül tombe très amoureux d’Ana, aussi belle qu’insaisissable… «Ce film est un film populaire, avec des accents de cinéma d’auteur, et plein de références au septième art», précise Nicolas Steil. «Il véhicule aussi des valeurs qui me sont chères: la volonté de survivre et le respect de l’autre.» Le film sort en salle fin mars. Sa sortie est accompagnée par une série de projections-débats portant sur la mémoire de la Shoah, la cinéphilie et la résilience par le cinéma.

Fabrizio Maltese pour le documentaire «I Fiori Persi». (Photo: Aris Rammos)

Fabrizio Maltese pour le documentaire «I Fiori Persi». (Photo: Aris Rammos)

Fabrizio Maltese

«I Fiori Persi» (Joli Rideau)

Photographe et réalisateur de documentaires, Fabrizio Maltese est d’origine italienne, mais il vit au Luxembourg depuis plusieurs années. Ses portraits de célébrités ont fait la une de nombreux magazines et lui ont permis de se faire un nom en tant que photographe dans le milieu du cinéma. C’est aussi un habitué du LCFF pour y avoir exposé ses photos en 2012 et présenté en 2016 le documentaire «50 Days in the Desert», qu’il a réalisé et produit. Il est également derrière la caméra et à la production de «Twenty-Five Palms» sorti en 2015 et de «California ­Dreaming» en 2019.

Pour l’édition 2022 du LCFF, on le ­retrouve avec «I Fiori Persi», un film ­docu­mentaire de 72 minutes qu’il a lui-même produit en collaboration avec ­Mélusine Productions.

Ce film est né d’une tragédie personnelle dans un contexte de tragédie collective, celle du Covid. Le cœur du récit est basé sur du matériel que Fabrizio Maltese a tourné en Italie, pendant le premier confinement, alors que son père vient de subir une crise cardiaque et retourne chez lui après une opération difficile, mais réussie. Pourtant, le destin en décide autrement et le virus s’invite dans la maison et choisit une autre victime, sa mère.

Roxane Peguet présente le court-métrage «Nucléaire». (Photo: Moskito)

Roxane Peguet présente le court-métrage «Nucléaire». (Photo: Moskito)

Roxane Peguet

«Nucléaire» (Six Lettres)

Toute jeune réalisatrice luxembourgeoise, Roxanne Peguet (née en 1992) avait dévoilé son court métrage «Léa» lors du concours Crème fraîche au Luxembourg City Film Festival en 2016, alors qu’elle était encore étudiante en BTS Cinéma et Audiovisuel. Cette année, c’est avec «Nucléaire», un court métrage de 27 minutes, qu’elle se présente au Luxembourg City Film Festival. Cette fiction a comme décor Esch-sur-­Alzette, «un endroit où le temps semble être resté bloqué depuis 20 ans», est-il introduit dans le dossier de presse. C’est dans cet univers suranné que Tun est en train de tomber follement amoureux de son ­collègue Alex. Ce qui serait plus simple s’il n’était pas marié à Mélissa, qui fait tout pour sauver son couple. Se crée alors un triangle amoureux, toxique.

Les thèmes abordés dans ce court ­métrage tenaient beaucoup à la réalisatrice: le milieu modeste du sud du Luxembourg, mélangé à son plurilinguisme, la quête de soi-même, le milieu LGBTQ+, les violences conjugales… Des thèmes qui sont sous-­représentés dans le monde cinématographique luxembourgeois et qui offrent à Roxanne Peguet l’occasion de porter un autre regard sur sa génération en montrant sa vraie nature: crue, passionnée, perdue.

Cet article a été rédigé pour  parue le 23 février 2022. Le contenu du magazine est produit en exclusivité pour le magazine. Il est publié sur le site pour contribuer aux archives complètes de Paperjam.  Votre entreprise est membre du Paperjam Club? Vous pouvez demander un abonnement à votre nom. Dites-le-nous via