Nathalie Dogniez, associée chez PwC Luxembourg
Nathalie Dogniez, c’est d’abord une carrière, chez KPMG pendant 14 ans puis chez PwC depuis 2014 où elle est associée. En charge des pratiques ESG pour l’industrie de la gestion d’actifs à l’échelle européenne, elle participe activement au développement de l’écosystème ESG de la Place au sein de l’Alfi et de Luxflag.
C’est aussi une conviction: celle que les enjeux environnementaux constituent le problème majeur de l’époque. Elle a trouvé dans la finance le moyen de prolonger dans la sphère professionnelle son engagement personnel via le recours à «cet immense levier que le système financier pouvait représenter à travers ce que l’on appelait à l’époque l’investissement ISR, puis l’investissement ESG et maintenant l’investissement durable». Pour elle, l’enjeu n’est désormais plus l’ignorance du sujet, mais un greenwashing lié à l’engouement sans précédent du marché. «Des réglementations existent, il faudra les mettre en œuvre. Et pour ça, il faut des données complètes, fiables et digitalement exploitables. Aujourd’hui, mon objectif est d’utiliser mon expérience pour assurer un reporting qui soit complet, fiable, de qualité et transparent pour l’investisseur.»
Denise Voss, présidente de Luxflag
a fait la plus grande partie de sa carrière au Luxembourg, où elle débarque en 1990 au moment où l’industrie des fonds prend son essor. Une destination presque prédestinée pour une Américaine formée à Boston, la capitale américaine des fonds d’investissement. Première femme nommée présidente de l’Alfi en 2015, elle est depuis la présidente de Luxflag, l’agence de labellisation de la Place. En quelque sorte l’aboutissement d’une carrière au cours de laquelle la thématique du développement durable a joué un rôle important. «La finance durable existe depuis un certain temps déjà, mais avec la COP21 de 2015 et l’accord de Paris, elle est devenue plus concrète pour la plupart d’entre nous. Pour moi, c’est à ce moment que j’ai compris que la finance durable était notre avenir et celui de nos enfants.» À la tête de Luxflag, elle veut faire «la différence», notamment grâce aux activités de labellisation des produits financiers et à travers le programme des membres associés de Luxflag. Selon elle, le moment est venu pour le secteur financier de jouer un rôle déterminant.
Catherine Bourin, membre du comité de direction de l’ABBL
est membre du comité de direction de l’ABBL depuis 2013. Elle est en charge, notamment, des domaines ayant trait à la finance durable et à la responsabilité sociétale et environnementale. Son investissement dans ces thématiques ne date pas d’hier. Son mémoire de master en droit était consacré à la protection de l’environnement, «alors que ce n’était pas encore une réelle préoccupation à l’époque». Depuis, elle s’est investie dans la responsabilité sociale des entreprises. C’est elle qui a œuvré pour inclure la RSE dans les politiques managériales de l’ABBL. «Aujourd’hui, le développement durable est devenu un sujet incontournable. Celui qui ne s’en préoccupe pas est en train de rater un train qui est en marche depuis plusieurs années déjà», insiste-t-elle. Pour accompagner ses ouailles, l’ABBL a élaboré un guide RSE à destination interne. Elle aide également les banques à naviguer dans les nouvelles réglementations encadrant la finance durable et s’est attaquée à la formation des jeunes et des moins jeunes.
Laetitia Hamon, Head of sustainable finance à la Bourse de Luxembourg
La fibre durable est apparue chez Laetitia Hamon avant la fibre financière, lors d’un stage de fin d’études chez Oxfam, dans la gestion des déchets sur le continent africain. Sans parler de vocation, le développement durable est un principe qui a jalonné tout son parcours jusqu’ici. De Londres à Luxembourg, où elle a travaillé chez Thomson Reuters puis concomitamment à l’Alfi et chez Luxflag de 2008 à 2010, son engagement citoyen n’est jamais loin d’un parcours professionnel particulièrement cohérent. Elle choisit d’explorer le monde pendant un an avant de revenir à Luxembourg en 2012 chez KPMG pour s’occuper du département Sustainable Finance, qu’elle développera pendant huit ans. «J’ai abordé les financiers, car c’étaient ceux qui étaient les plus sceptiques et qu’il fallait absolument convaincre il y a 15 ans», relate cette optimiste, convaincue qu’il ne faut jamais opposer finance et finance durable. Entrée à la Bourse en juin 2020, son credo est d’agir là où l’on se pose le plus de questions.
Eila Kreivi, Head of capital markets à la BEI
Eila Kreivi a toujours travaillé dans le secteur financier, notamment à la BEI – depuis 26 ans – dans les marchés de capitaux, département qu’elle dirige depuis 2011. Le renforcement de l’orientation finance durable s’est accéléré ces trois dernières années, au point que la BEI est aujourd’hui désignée comme «banque du climat». Eila Kreivi est convaincue que c’est la finance qui peut faire durablement bouger le monde, car selon elle «la taille donne le poids», et la BEI ne manque pas d’envergure. En 2018, Eila et ses équipes ont lancé le Sustainability Awareness Bond, l’un des projets dont elle est le plus fière. Depuis le premier green bond émis en 2007, la finance durable a quitté le retail pour s’institutionnaliser, portée par des investisseurs qui en apprennent toujours plus. Eila a appris en même temps qu’eux. «Aujourd’hui, je pense que le train est parti, on connaît sa direction, mais pas sa vitesse. Mais on sait qu’il n’y a pas de retour possible», résume-t-elle. Fin janvier, Eila quittera son poste actuel pour devenir consultante senior en finance durable pour la BEI.
Anne Contreras-Muller, présidente de Microlux
est avocate de formation. Elle exerce chez Arendt dans le domaine des fonds d’investissement et a opéré une démarche volontaire d’orientation vers la finance inclusive il y a 10 ans. Quête de sens? «J’avais besoin de trouver une autre finalité à l’application de mes compétences», explique celle qui est également devenue présidente de Microlux cet été. Les problématiques d’approche en fonds ou de l’institut de microfinance sont différentes, mais la finalité est identique: être utile et apporter sa pierre à l’édifice. La rentabilité important moins que l’autonomie financière. Aider les entrepreneurs qui n’ont pas accès aux services bancaires classiques ici ou dans les pays en voie de développement, c’est valoriser les initiatives de «gens courageux». Sceptique face à la capacité des États à agir en faveur du changement, Anne se dit tout de même enthousiasmée par le dynamisme du Luxembourg à s’impliquer dans ce changement de paradigme, autorités financières comprises. Elle déclare: «Même si l’on ne sauvera pas le monde, la somme des implications individuelles va finir par payer.»
Cet article a été rédigé pour parue le 27 novembre 2021.
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