En mars 2020, l’idée de la monnaie hélicoptère a gagné du terrain pour gérer la crise subite et violente liée au coronavirus.  (Photo: Maison Moderne)

En mars 2020, l’idée de la monnaie hélicoptère a gagné du terrain pour gérer la crise subite et violente liée au coronavirus.  (Photo: Maison Moderne)

Durant cet «été pas comme les autres», Paperjam revient sur les «buzzwords» qui ont fait l’actualité de la place financière durant les derniers mois. Suite de la série avec le décryptage de la monnaie hélicoptère.

Offrir de l’argent aux ménages pour booster l’économie? C’est le concept de la monnaie hélicoptère. Explications.

En mars 2020, l’idée de la monnaie hélicoptère a gagné du terrain pour gérer la crise subite et violente liée au coronavirus. On l’appelle ainsi pour donner l’image de billets de banque qui seraient déversés vers la population depuis les airs.

L’objectif est de donner directement de l’argent aux ménages pour tenter de relancer la machine économique en dopant la consommation par de nouvelles sources de revenus.

Les États-Unis sont notamment allés dans ce sens. (Coronavirus, Aid, Relief and Economic Security), qui permet d’apporter une aide de 1.200 dollars maximum par adulte ou individu qui a touché moins de 99.000 dollars sur l’année précédente. S’ajoutent à cette somme 500 dollars par enfant âgé de moins de 17 ans.

Le principe

L’idée de cette monnaie, qui reste jusqu’à présent un concept théorique, a été envisagée pour faire grimper le taux d’inflation et ainsi éviter une phase de déflation.

Comment? De manière imagée, la solution serait que la banque centrale d’un pays offre une certaine somme aux ménages, sans contrepartie. Ce «cadeau» serait alors censé augmenter la masse monétaire en circulation et pousser les consommateurs à se procurer plus de biens et services. De quoi relancer la machine économique.

L’idée est quasi unanimement attribuée à l’économiste Milton Friedman qui avait imaginé dans un livre, en 1969, qu’en situation de déflation, les autorités monétaires impriment des billets et les balancent dans les rues à partir d’un hélicoptère.

En 2016, face à la persistance d’une inflation basse en zone euro, Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne, avait admis, en réponse à une question, qu’il s’agissait d’une idée intéressante. L’opération de quantitative easing, lancée par la même BCE au début de l’année 2015, s’en approche. Sauf que, dans ce cas précis, . Alors que dans l’hypothèse d’une monnaie hélicoptère, il n’existe aucune contrepartie.

Comment la banque centrale pourrait-elle alors inscrire cette opération de manière neutre?

En pratique

Même si elle peut faire rêver la population, la pratique ne peut être envisagée que dans des cas extrêmes. Sans être certain, d’ailleurs, de son efficacité. Rien ne dit en effet que les bénéficiaires ne choisiront pas de placer cette somme sur un livret plutôt que de la dépenser ou d’acheter des smartphones produits en Asie. Ce qui, au final, ne fera guère de bien à l’économie européenne. Ni probablement à la planète.