«Nous sommes déterminés à utiliser le plein potentiel de nos outils, dans notre mandat», a déclaré la présidente de la Banque centrale européenne Christine Lagarde, la nuit dernière, pour lancer un nouveau plan d’injection de liquidités.
Selon la formule désormais consacrée, la Banque centrale européenne a «sorti le bazooka» pour apporter de nouvelles liquidités dans l’économie de la zone euro: qui serviront essentiellement à racheter de la dette publique.
Ce nouveau programme de quantitative easing – ou assouplissement quantitatif – s’ajoute d’ailleurs à un premier programme lancé en novembre par l’organisme de Francfort. Rien que pour cette année, la BCE devrait donc racheter pour 1.100 milliards d’euros d’obligations.
L’outil de la dernière chance
Lorsque plus rien ne fonctionne, le quantitative easing est désormais considéré comme l’outil de la dernière chance. Ce terme relativement barbare a été employé pour la première fois au Japon en 2001 pour relancer la machine économique. Lors du déclenchement de la crise financière de 2008, les États-Unis et la Banque d’Angleterre ont été les premiers à dégainer à nouveau cet outil.
La zone euro avait embrayé relativement tardivement, en mars 2015, et poursuivi jusque fin 2018 un programme qui n’était au départ prévu que pour 18 mois. Au total, elle a injecté 2.600 milliards d’euros dans l’économie sur la période.
En général, les banques centrales viennent à utiliser ce mécanisme lorsque les mécanismes traditionnels ne peuvent plus fonctionner. Comme actuellement, avec des taux directeurs qui rasent les planchers.
Des fonds dans l’économie réelle
Mais de quoi s’agit-il exactement? Le QE consiste, pour une banque centrale, à injecter des liquidités dans l’économie en rachetant massivement des obligations d’État ou d’entreprises. Les vendeurs reçoivent donc de l’argent qui, espère l’institution monétaire, sera réinjecté dans l’économie réelle à travers des prêts ou des placements.
Les détenteurs de cette nouvelle manne monétaire devraient d’ailleurs être naturellement tentés de le faire. Pourquoi? Parce que, mécaniquement, le rachat massif des obligations les rend plus chères et fait ainsi chuter leur rendement. Les investisseurs seront donc tentés de quitter le monde douillet des obligations et de se tourner vers d’autres produits (prêts aux entreprises, aux start-up, aux particuliers…).
L’outil est évidemment à utiliser avec parcimonie puisqu’il s’agit d’une vaste opération de création monétaire. Or, l’injection artificielle de monnaie dans le tissu économique peut provoquer de l’inflation. Mais, actuellement, ce n’est peut-être plus le principal souci de la BCE.