«L’Europe est un continent ouvert: les entreprises exportent», selon Sandra Gallina. «Nous sommes le premier fournisseur de vaccins pour le reste du monde et soutenons plus de 30 pays dans le monde, alors même que les autres ont bloqué leurs exportations.» Romain Gamba / Maison Moderne

«L’Europe est un continent ouvert: les entreprises exportent», selon Sandra Gallina. «Nous sommes le premier fournisseur de vaccins pour le reste du monde et soutenons plus de 30 pays dans le monde, alors même que les autres ont bloqué leurs exportations.» Romain Gamba / Maison Moderne

Les laboratoires qui produisent des vaccins dans l’UE peinent à fournir les États membres en quantité suffisante. Pourtant, plus de 40 millions de doses ont été exportées. Cela ne contreviendrait pas à leurs engagements contractuels – la limite à ne pas franchir pour la Commission européenne.

Près de 70 millions de doses de vaccin ont été distribuées à ce jour par l’Union européenne aux États membres. Mais plus de 40 millions ont été exportées hors de l’UE, dont un quart au Royaume-Uni.

Pourtant, 13 doses ont été administrées pour 100 personnes dans l’UE, contre 38 aux États-Unis ou 45 au Royaume-Uni, selon ourworldindata.org. Comment expliquer qu’autant de doses de vaccin soient exportées hors de l’UE alors même que la campagne de vaccination accuse un tel retard sur le continent?

La directrice générale de la Santé au sein de la Commission européenne, Sandra Gallina, qui s’expliquait à ce sujet mardi devant les députés européens de la commission du budget, admettait que «l’Europe est un continent ouvert: les entreprises exportent. Nous sommes le premier fournisseur de vaccins pour le reste du monde et soutenons plus de 30 pays dans le monde, alors même que les autres ont bloqué leurs exportations», assure-t-elle.

Respect des engagements

Début février, l’UE, inquiète des retards de livraison des vaccins, a tout de même mis en place un mécanisme de contrôle des exportations, permettant à un État membre de prendre la décision de bloquer un export, soutenue ou rejetée par la Commission dans un second temps.

Mais bloquer une exportation doit se justifier par un manquement aux obligations du contrat négocié avec le producteur de vaccins. «Pour les exportations, notre étoile polaire, ce qui nous guide, c’est le respect du contrat», explique ainsi Sandra Gallina. «Or je peux vous assurer que, sur la base du régime actuel, les laboratoires respectent leurs engagements.»

De fait, sur les trois laboratoires qui livrent des vaccins en Europe, Pfizer-BioNTech et Moderna, malgré quelques interruptions, livrent régulièrement et respectent leurs engagements. Et ces deux entreprises, «même si elles exportent, ne posent pas de problèmes en vertu de leur contrat», assure Sandra Gallina. Or, ce sont bien 10 millions de doses de Pfizer-BioNTech qui auraient été livrées au Royaume-Uni depuis début février.

«Indéfendable»

AstraZeneca accuse quant à lui des retards considérables: sur 90 millions de doses prévues au premier trimestre, 30 millions ont été livrées. Et cela ne s’arrangera pas au deuxième trimestre: sur 180 millions de doses attendues, seules 70 millions seront livrées… Une conséquence du fait que, sur les cinq sites de production prévus dans le contrat, seule une usine serait en état de fonctionnement en Europe…

Mais si AstraZeneca ne produit que très peu, il «n’exporte pas pour l’instant – enfin, pas à ma connaissance», selon Sandra Gallina. Même si l’Italie a bloqué début mars 250.000 doses d’AstraZeneca en partance pour l’Australie… Le seul recours concret au mécanisme européen de contrôle jusque-là.

Le problème posé par AstraZeneca, qui est dans une position «indéfendable», selon Sandra Gallina, «ne peut pas rester sans solution» et impose «des actions». La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen,

J&J, Novavax, Spoutnik

D’ici à ce que les problèmes avec AstraZeneca soient réglés, il faudra compter sur l’arrivée, à la mi-avril, des premières doses de Johnson & Johnson qui, du fait de son unique dose, devrait permettre de donner «un coup d’accélérateur» à la campagne de vaccination.

En outre, le vaccin de Novavax suit la procédure de négociation au sein de l’Agence européenne des médicaments (EMA). Les données transmises seraient «prometteuses». «Nous sommes intéressés par tous les vaccins, quelle que soit leur origine», assure d’ailleurs Sandra Gallina. Spoutnik y compris, qui sera soumis à la procédure normale d’autorisation de l’EMA, assure-t-elle.