L’absorption des doses livrées par l’UE ne permettrait pas de vacciner plus vite qu’au rythme actuel. En tout cas, pas selon la stratégie du Luxembourg, qui consiste à être très prudent dans sa gestion des stocks.  (Photo: SIP/Emmanuel Claude)

L’absorption des doses livrées par l’UE ne permettrait pas de vacciner plus vite qu’au rythme actuel. En tout cas, pas selon la stratégie du Luxembourg, qui consiste à être très prudent dans sa gestion des stocks.  (Photo: SIP/Emmanuel Claude)

Comparée à celle des autres pays européens, la campagne de vaccination luxembourgeoise reste parmi les plus lentes. La faute à des chiffres imprécis ou non harmonisés? La raison penche plus du côté d’une très grande – peut-être excessive – prudence dans la gestion des stocks livrés par l’UE.

Le 10 mars, 51.457 doses de vaccin avaient été administrées au Luxembourg depuis le début de la campagne de vaccination, dont 36.693 premières doses. 14.764 personnes ayant reçu les deux doses étaient pleinement vaccinées.

2.495 doses ont été administrées durant la journée du 10 mars, 1.444 le 9, 806 le 8… Des chiffres qui peuvent paraître faibles. Mais, indéniablement, le rythme des vaccinations s’accélère semaine après semaine: 8.918 doses ont ainsi été administrées durant la semaine du 1er au 7 mars, presque deux fois plus qu’aux environs de la fin du mois de janvier.

À la traîne

Le pays reste cependant . De fait, à regarder les chiffres transmis par le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), 6,6% de la population luxembourgeoise a reçu une première dose, ce qui fait du Luxembourg le quatrième pays avec un taux aussi bas.

Le résultat n’est guère plus avantageux pour la seconde dose, avec 2,8% de la population qui en a bénéficié – sixième taux le plus bas.

Pire: le 8 mars, le pays avait alors administré 47.515 doses, soit 55,4% des 85.830 doses transmises. Le Luxembourg est alors le pays qui a administré la part la plus faible de doses reçues par l’UE…

Des classements différents?

Des chiffres qui n’inquiètent pas le Premier ministre, (DP), qui bottait en touche «J’ai regardé quatre sites, et j’ai vu quatre fois un classement différent pour le Luxembourg», assure-t-il.

Pourtant, le pays est aussi à la traîne sur le site ourworldindata.org, avec, à la date du 9 mars, un taux de doses administrées de 7,92 pour 100 personnes, en dessous de la moyenne de l’UE (9,94), mais aussi de ses voisins allemand (9,76), français (9,49) ou belge (8,77).

Selon le Luxembourg ne fait pas beaucoup mieux: le 9 mars, le Luxembourg a le cinquième taux le plus bas parmi les pays de l’UE, que ce soit pour une ou deux doses injectées.

Autre argument: les chiffres ne seraient pas harmonisés au niveau européen, tentait aussi d’expliquer, vendredi 5 mars, la ministre de la Santé, (LSAP). «Quand on compare les différents rapports, il y a des indications divergentes. Nous, nous sommes tout à fait transparents», assurait-elle. «Tout ce que nous avons du point de vue vaccins a été attribué. En toute honnêteté, il n’y a pas de vaccins en trop. Il y a même eu de l’‘overbooking’. D’où viennent ces petites différences, je ne peux pas vous le dire. Je ne comprends pas toujours comment sont faits ces reportings, je dois l’avouer.»

Prudence

Dans tous les cas, il ne serait pas possible de vacciner plus vite qu’au rythme actuel, selon le ministère de la Santé. Pas selon la stratégie du gouvernement,  dans sa gestion des stocks.

Ainsi, pour garantir l’injection d’une deuxième dose dans les délais recommandés par les laboratoires, la deuxième dose des vaccins Pfizer et Moderna est conservée – 50% des doses sont ainsi stockées. Pour AstraZeneca, 25% des doses sont conservées.

Les autres pays sont, en général, beaucoup plus flexibles quant au respect de cet intervalle et injectent bien davantage de premières doses, sans stocker autant afin de garantir la deuxième injection dans des délais aussi rigides. .

Incertitudes

«D’autres pays ont opté pour la vaccination large de leur population en spéculant sur la livraison dans les bons délais des prochaines doses», explique le ministre de la Santé. Or, assure Xavier Bettel: «Nous n’avons pas de garanties. Parfois, 24 heures avant, on nous annonce que certaines livraisons sont annulées ou reportées. Il y a trop d’incertitudes.»

À la fin du mois de mars, le Luxembourg devrait avoir reçu de l’UE, selon le calendrier de livraisons, de quoi théoriquement vacciner 75.287 personnes – soit plus de 150.000 doses. D’ici là, les capacités de vaccination sont bien suffisantes pour absorber les doses de vaccin livrées, assure le ministère de la Santé.

Importantes livraisons en avril

Le gros des livraisons reste attendu pour le mois d’avril. Ainsi, vendredi 12 mars, Xavier Bettel a fait part à la Chambre des députés d’une montée en puissance à venir et affiché un objectif ambitieux: réaliser 95.000 injections par semaine.

De nouvelles mesures pourraient donc être prises pour augmenter les capacités: ouverture d’autres centres de vaccination, vacciner le dimanche ou mettre à contribution médecins ou pharmaciens. «Nous avons prévu différentes négociations avec les différentes parties concernées pour approfondir les pistes énumérées», assure le Premier ministre.

D’ici là, la prudence restera de mise dans la gestion des stocks. Et la campagne de vaccination du Luxembourg continuera probablement de se situer parmi les plus lentes.