«Nous devons veiller à garantir la ‘réciprocité’ et la ‘proportionnalité’» des exportations de vaccins, a déclaré, mercredi 17 mars, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, assurant réfléchir «au moyen de conditionner les exportations à destination des pays producteurs de vaccins à leur niveau d’ouverture».

 (Photo: Union européenne)

«Nous devons veiller à garantir la ‘réciprocité’ et la ‘proportionnalité’» des exportations de vaccins, a déclaré, mercredi 17 mars, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, assurant réfléchir «au moyen de conditionner les exportations à destination des pays producteurs de vaccins à leur niveau d’ouverture».  (Photo: Union européenne)

L’UE augmente la pression sur AstraZeneca, qui accuse des retards de livraison de vaccins toujours plus importants. Mais elle envisagerait aussi de durcir ses conditions d’exportations, alors que 40 millions de doses ont été exportées vers des pays tiers, dont 10 millions au Royaume-Uni.

«Nous voulons des livraisons fiables de vaccins, nous voulons voir des augmentations dans les contrats, nous voulons la réciprocité et la proportionnalité dans les exportations», a martelé, mercredi, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. «Et nous sommes prêts à user de tous les instruments nécessaires pour l’obtenir», a-t-elle menacé.

L’Union européenne, toujours à la traîne dans la mise en œuvre de sa campagne de vaccination, hausse donc le ton deux semaines avant la fin du premier trimestre. En visant en particulier AstraZeneca, en retard dans ses livraisons, et les pays vers lesquels l’UE exporte des doses de vaccin, tout particulièrement le Royaume-Uni.

Concernant AstraZeneca, la Commission envisagerait d’envoyer une lettre de mise en demeure au laboratoire pharmaceutique, ce qui enclencherait le mécanisme de règlement des différends prévu dans le contrat.

De fait, si Pfizer-BioNTech et Moderna exécutent leur contrat comme prévu, avec respectivement 66 millions et 10 millions de doses livrées d’ici la fin du premier trimestre, AstraZeneca «n’a pas été à la hauteur»: le laboratoire suédo-britannique aurait dû livrer 90 millions de doses au premier trimestre, il n’y en aura finalement que 30 millions, soit un tiers de ce qui était prévu.

Retards au 2e trimestre

Et ces retards ne s’arrêtent pas là: alors que 180 millions de doses AstraZeneca étaient attendues au deuxième trimestre, seules 70 millions seront livrées…

Ursula von der Leyen a tout de même tenu à rassurer: «Nous pouvons atteindre notre objectif d’avoir 70% de la population adulte vaccinée d’ici la fin de l’été.» Pour atteindre ce taux, 200 millions de doses seront livrées par Pfizer-BioNTech au deuxième trimestre et 35 millions par Moderna. En plus de cela, 55 millions de doses sont attendues du côté de Johnson & Johnson depuis pour être pleinement effectif.

Les exportations en question

Mais pour accélérer les taux de vaccination, Ursula von der Leyen a aussi visé la question des exportations. De fait, depuis la mise en place, le 1er février, du régime d’autorisation des exportations, sur plus de 300 demandes d’exportation, 314 ont été avalisées et une seule refusée (250.000 doses à destination de l’Australie ont été bloquées en Italie). Ce qui correspond à 41 millions de doses produites dans l’UE et exportées vers 33 pays. À comparer aux 64 millions de doses distribuées par l’UE aux États membres depuis le début de la campagne de vaccination…

Ursula von der Leyen se félicite de cette preuve de la volonté de l’UE de faire ainsi fonctionner la «coopération internationale», notamment en participant au mécanisme Covax qui vise à distribuer des doses dans les pays pauvres.

Mais le problème est que la majorité de ces doses ne vont pas là où le besoin est le plus manifeste. Comme le révélait le 10 mars le New York Times, près de 10 millions de ces doses avaient été exportées vers… le Royaume-Uni, premier au classement des importateurs. Deuxième importateur: le Canada, avec 4 millions de doses. L’UE aurait aussi exporté près d’un million de doses vers les États-Unis.

Réciprocité et proportionnalité

Si l’UE exporte «beaucoup vers des pays qui produisent eux-mêmes des vaccins», admet Ursula von der Leyen, celle-ci estime qu’il s’agit d’«une invitation à l’ouverture, pour voir également des exportations de ces pays revenir vers l’Union européenne». Mais l’ouverture serait loin d’aller «dans les deux sens», aucune dose AstraZeneca n’ayant en parallèle quitté le Royaume-Uni pour l’Europe…

«Nous allons nous demander si les exportations vers des pays dont les taux de vaccination sont supérieurs aux nôtres sont encore proportionnées», s’est ainsi interrogée Ursula von der Leyen. Et, «si la situation ne change pas, nous allons devoir réfléchir au moyen de conditionner les exportations à destination des pays producteurs de vaccins à leur niveau d’ouverture», a-t-elle précisé. «Il s’agit de faire en sorte que l’Europe obtienne sa juste part», en garantissant la «réciprocité» et la «proportionnalité».

Les instruments envisagés n’ont pas été précisés. Mais ils devraient être discutés avec les chefs d’État et de gouvernement lors du prochain Conseil européen des 25 et 26 mars.