Maurice Léonard, le fondateur de Gold & Wood, n’a pas pu présenter sa collection de printemps aux opticiens. (Photo: Edouard Olszewski/archives Paperjam)

Maurice Léonard, le fondateur de Gold & Wood, n’a pas pu présenter sa collection de printemps aux opticiens. (Photo: Edouard Olszewski/archives Paperjam)

Depuis 25 ans, Gold & Wood, basée à Hosingen, propose ses montures de lunettes d’exception dans le monde entier. Son fondateur, Maurice Léonard, fait le point après un mois de crise. «Si les aides de l’État suivent, on s’en sortira.»

Dans quelle situation se trouve actuellement votre société Gold & Wood?

Maurice Léonard. – «Ce n’est évidemment pas simple, tous les magasins d’optique du monde sont fermés. Et peu avant le début du confinement, sentant cette crise arriver, beaucoup de commandes ont été bloquées ou annulées. Pour le mois de mars, le chiffre d’affaires a été de 25% à 30% par rapport aux chiffres habituels. Mais pour avril et mai, il sera tout simplement équivalent à zéro. Tous nos commerciaux, qu’ils soient salariés ou indépendants, sont à l’arrêt, et faute de commandes à assurer, notre unité de production ne tourne plus.

Votre objectif était de poursuivre la production au départ?

«Quand il n’y a plus de commandes, il n’y a plus de montures à produire. Nous avons sorti une collection de printemps que nous n’avons pas eu l’occasion de présenter. La foire de Milan, où nous rencontrons nos clients asiatiques, a été annulée fin février. Et celle de New York, qui devait se tenir fin mars, l’a été également. Or, le marché américain représente 40% de notre chiffre d’affaires. Globalement, 10% de nos clients ont vu cette collection. Mais personne ne commande. Donc, dans les premiers jours, nous avons fait du nettoyage, du tri et l’entretien des machines. Mais à un moment, nous n’avons plus rien eu à faire. Nous sommes un peu comme un restaurant qui doit rester fermé.

Comment voyez-vous l’avenir à moyen terme?

«Pour l’instant, le plus important est de préserver la santé de tout le monde. Pour le reste, je remue ciel et terre pour obtenir les aides auxquelles nous pouvons avoir droit. J’ai introduit des dossiers au Luxembourg, où une vingtaine de personnes travaillent à la production, aux États-Unis, où nous avons deux commerciaux salariés et en France où nous en avons un également. Si cette crise ne s’éternise pas et que nous pouvons obtenir des aides comme le chômage partiel, nous devrions pouvoir tenir. Mais plus de six mois, cela deviendrait difficile.

Avec la reprise, vous pourriez changer votre façon d’envisager certaines choses?

«Il faudra peut-être imaginer des collaborations avec nos concurrents traditionnels plutôt que de se regarder en chiens de faïence. Pourquoi ne pas partager ensemble des coûts de salons ou le salaire de certains commerciaux, histoire de diminuer les frais. Mais la vraie question, pour la reprise, c’est de savoir si nos clients placeront l’achat de montures Gold & Wood dans leurs priorités. Connaîtrons-nous un effet de rattrapage? Je suis confiant en ce que les gens riches et qui aiment les beaux objets reviendront naturellement. Mais ce qui est perdu est perdu.

Vous vous attendez à un retour rapide?

«Notre production ne pourra redémarrer que lentement. Mais nous avons un stock qui nous permet de tenir six mois. En fait, je compte beaucoup sur l’énergie des consommateurs américains. Après un coup dur, ils ont une capacité fantastique à remonter la pente rapidement.

Une dernière leçon à tirer pour l’après-crise?

«Je pense parfois qu’adosser notre entreprise à un groupe plus important nous offrirait une plus grande solidité financière.»