(Illustration Maison Moderne)

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Alors qu’il y a quelques années, le consommateur n’avait face à lui qu’un choix réduit de motorisations, il est à présent confronté à une large diversité de moteurs: essence, diesel, hybride rechargeable ou non, gaz, voire hydrogène… Nous vous donnons quelques conseils pour faire le bon choix.

Au cours des dernières années, l’éveil de la conscience écologique des consommateurs doublée du renforcement de la réglementation, en Europe en tout cas, a poussé les constructeurs à proposer un nombre grandissant de véhicules aux motorisations alternatives. Certains, échaudés par des scandales comme le Dieselgate, ont même décidé d’abandonner totalement la production de véhicules fonctionnant au diesel, pour se concentrer sur l’électrique et l’hybride électrique-essence. À côté des moteurs thermiques (essence ou diesel), électriques et hybrides, on compte également d’autres motorisations, qui restent toutefois plus marginales au Luxembourg: le gaz (LPG ou CNG) et l’hydrogène, utilisés le plus souvent, dans l’automobile, pour alimenter une pile à combustible.

Face à ces changements profonds du paysage automobile et à cette grande variété de propositions, le consommateur est souvent perdu. «La plupart des personnes qui achètent une voiture la choisissent d’abord en fonction de son look et de ses équipements. Aujourd’hui, le facteur écologique vient un peu bousculer ces habitudes. Or, pour savoir quel moteur est le plus écologique tout en restant confortable à l’usage, il faut inévitablement aborder des questions très techniques, avec lesquelles de nombreux consommateurs ne sont pas familiers», explique Antonio da Palma Ferramacho, head of mobility technologies au sein de l’ACL (Automobile Club du Luxembourg). Ces interrogations que les automobilistes n’avaient pas forcément besoin de se poser auparavant sont désormais fondamentales pour ne pas regretter son choix quelques mois après l’achat.

Pouvez-vous recharger chez vous?

Au moment de choisir son nouveau véhicule, il est donc capital de ne pas se laisser séduire par les sirènes du marketing automobile, et de se concentrer plutôt sur ses habitudes de conduite. En effet, s’il est désormais rare que l’on fasse la promotion d’autres véhicules que ceux propulsés par un moteur électrique ou hybride, force est de constater que ceux-ci ne sont pas toujours les mieux adaptés. Si l’on est tenté par l’électrique, par exemple, il faudra d’abord s’assurer que l’on ait la possibilité de recharger sa voiture à la maison. «Je pense que le 100% électrique ainsi que l’hybride rechargeable sont deux motorisations qui ont de gros avantages en ville et en conduite périurbaine.

Malheureusement, ce sont souvent les habitants des villes qui ont le moins de possibilités de recharger leur voiture à la maison, puisqu’ils vivent souvent en appartement, estime Antonio da Palma Ferramacho. À mon sens, l’idéal, avec ces véhicules, est de les laisser charger tranquillement durant la nuit et de pouvoir les reprendre le lendemain, avec une charge pleine. Or, s’il faut chercher une borne publique chaque jour, cela va rapidement être très pénible, d’autant que le nombre d’immatriculations augmente plus rapidement que le nombre de bornes installées…»

Le diesel, toujours incontournable

Deuxième critère à prendre en compte: le type de trajets effectués chaque jour. Faites-vous beaucoup de kilomètres ou plutôt de petites distances? Roulez-vous plutôt sur autoroute ou en ville? «Si l’on fait chaque jour 150 à 200km, et à plus forte raison si l’on a un véhicule chargé ou qui tracte une remorque, le diesel reste incontournable, indique le responsable de l’ACL. Un véhicule à essence qui est sursollicité va en effet consommer beaucoup plus qu’un diesel, et donc émettre bien plus de CO₂. Dans cet ordre d’idées, le choix d’un gros SUV propulsé par un moteur à essence est absurde: le poids, la friction au sol et à l’air de ces véhicules demandent de gros efforts au moteur et, s’il s’agit d’un bloc alimenté à l’essence, on se retrouve avec des consommations 30 à 40% supérieures à celles d’un moteur diesel.»

Mais alors, dans une logique économique et écologique, qui a encore intérêt à rouler à l’essence? «Les petites voitures légères, avec des moteurs simples, peuvent utiliser l’essence avec avantage. Une Suzuki Swift essence, par exemple, peut descendre en dessous des 4L/100km en mode écoconduite», relève Antonio da Palma Ferramacho.

Quant aux hybrides autorechargeables, elles s’avèrent plus polyvalentes que leurs équivalentes plug-in hybrides: économiques sur de courtes distances, elles peuvent aussi assurer de longs trajets sans faire exploser leur consommation. «Ce n’est pas du tout le cas des plug-in hybrides qui, en raison de leur important surpoids, consomment parfois plus dans certaines conditions qu’un véhicule à moteur thermique classique», ajoute Antonio Da Palma Ferramacho.

Coût d’utilisation et coût d’achat

Certaines motorisations vendues comme des modèles de vertu en matière économique et écologique peuvent donc causer de très mauvaises surprises à leurs acheteurs. Leur consommation et, donc, leur coût d’utilisation peuvent, au fil des mois, s’avérer très importants. C’est d’autant plus regrettable que leur coût d’achat est également bien plus élevé.

«Encore une fois, les véhicules plug-in hybrides peuvent être très avantageux lorsqu’ils peuvent être utilisés à peu près dans les mêmes conditions que le 100% électrique: sur de petits trajets, en ville ou aux alentours, avec la possibilité de faire de longs trajets occasionnellement, sans problème d’autonomie, rappelle Antonio da Palma Ferramacho. Par contre, dès qu’il est nécessaire de faire plus souvent de longs trajets, il faut inévitablement passer à autre chose. Selon nous, l’hybride autorechargeable est alors une bonne alternative. Ce sont évidemment des véhicules qui ont moins de pêche, mais qui sont très performants, avec des consommations réelles de 4 à 6L/100km, ce qui est très bien pour un véhicule à essence. De plus, ils sont également moins coûteux à l’achat.»

Cette analyse conduit à se poser la question de la pertinence de ces SUV ou voitures sportives propulsés par des moteurs électriques ou hybrides. Comment, en effet, prétendre vouloir rationaliser l’utilisation de l’énergie en proposant en même temps des véhicules développant plusieurs centaines de chevaux et pesant deux à trois tonnes? «Quand Tesla propose des Model S et X capables d’abattre le 0 à 100 km/h en trois secondes, cela ne sert évidemment à rien, reconnaît l’expert de l’ACL. Mais c’est une manière de positionner un produit dans la catégorie premium. En pratiquant de la sorte, la marque a pu donner envie aux gens de passer à l’électrique. Désormais, elle propose d’autres modèles, plus accessibles financièrement.»

Par ailleurs, certaines incertitudes planent toujours sur le réel intérêt écologique de la voiture électrique, qui doit rouler entre 40.000 et 200.000 kilomètres pour amortir le surplus de CO₂ émis pour la production de sa batterie. Sans compter l’origine de l’électricité utilisée pour alimenter les batteries de ces véhicules, qui est souvent loin d’être verte. Pour un petit rouleur animé d’une réelle conscience écologique, il est donc parfois tout aussi bon pour l’environnement d’opter pour un petit véhicule à essence…

Cet article a été rédigé pour le supplément   , paru le 26 janvier avec  

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