Buzz Aldrin a appelé les hommes politiques américains, présents dans la Philharmonie, à lever les barrières qui s’opposent à une nouvelle conquête de l’espace. (Photo: Nader Ghavami)

Buzz Aldrin a appelé les hommes politiques américains, présents dans la Philharmonie, à lever les barrières qui s’opposent à une nouvelle conquête de l’espace. (Photo: Nader Ghavami)

L’ambassade des États-Unis au Luxembourg célébrait, mercredi soir à la Philharmonie, l’anniversaire de son indépendance avec une des légendes de l’histoire de la conquête spatiale, Buzz Aldrin, deuxième homme à avoir marché sur la lune. Il y a 50 ans.

Comme une rock-star, Buzz Aldrin avait une journée et demie à tuer pendant sa tournée européenne. Entre sa visite lundi à l’Université internationale de l’espace à Strasbourg et son rendez-vous, ce jeudi, à Paris, l’astronaute a fait le déplacement avec son fils et son épouse à Luxembourg pour participer à la cérémonie pour l’Independence Day, organisée à la Philharmonie, mercredi soir.

Comme une rock-star, Buzz Aldrin tremble un peu, l’âge plus que le stress, au moment de monter sur la scène dressée au milieu de la salle. Quatre grosses bagues aux doigts et autant de montres aux poignets, plus une dans la poche de sa chemise, l’ex-pilote de chasse de l’US Air Force salue sur l’hymne national, joué par le Ni Ensemble.

Tandis qu’il s’assoit sous le Stars and Stripes, dévoilant, outre les bretelles et une cravate aux couleurs américaines, des chaussettes coordonnées, l’ambassadeur des États-Unis au Luxembourg, , qui a rendu ce moment possible, amuse l’audience avec son premier souvenir de la cérémonie de l’année dernière, quand il ne connaissait encore rien de Luxembourg.

Une trentaine d’hommes politiques américains se sont joints à la cérémonie. (Photo: Nader Ghavami)

Une trentaine d’hommes politiques américains se sont joints à la cérémonie. (Photo: Nader Ghavami)

L’imposante délégation de politiques américains, venus pour les débats de l’OSCE, est là. Leurs leaders, le sénateur Roger Wicker et le leader de la majorité à la Chambre des représentants Steny Hoyer, écourtent leurs speechs, conscients que le deuxième homme à avoir marché sur la lune aura ce soir toutes les faveurs. M. Hoyer glisse tout juste une remarque sur l’Ukraine, «pays occupé par une puissance étrangère» et qui doit en «être libéré».

Le maître de cérémonie, le chef de mission Casey Mace, retrace le portrait du pilote de chasse de l’US Air Force, ses combats au-dessus du ciel européen puis en Corée, ses diplômes au prestigieux Massachusett Institute of Technology, le MIT, puis sa participation à la mission Apollo 11, en juillet 1969, quand Neil Armstrong et lui vont poser le pied sur la lune, à 20 minutes d’intervalle.

J’ai peut-être volé au-dessus de Luxembourg... mais pas intentionnellement!

Buzz Aldrinastronaute

Comme une rock-star un lendemain de fête, la voix rauque, Buzz Aldrin évoque lui-même son parcours. Avec son éternel humour et franc-parler.

«J’ai une courte série de notes», s’amuse-t-il en sortant un gros paquet de feuilles A4 repliées de la poche de sa veste. «Ce sont les histoires de tous ces sénateurs et députés!» Un «merci» monte de l’audience quand il range les feuilles.

«J’ai peut-être volé au-dessus de Luxembourg... mais pas intentionnellement! J’ai volé au-dessus de la Corée... intentionnellement!»

«Avoir la chance, comme pilote, puis comme astronaute, de voir la Terre de plus en plus haut nous a donné un sens de la liberté, une belle vue de notre planète. J’espère que, petit à petit, pas seulement les astronautes, pas seulement des militaires, mais aussi des citoyens ordinaires – peut-être qu’ils vont devoir alléger leurs comptes en banque au Luxembourg – feront un tour, tour n’est pas le mot approprié, mais l’expérience», de voir la Terre depuis l’espace et d’y revenir.

Devant les députés et sénateurs de son pays, Buzz Aldrin a insisté pour qu’on en fasse plus vers l’espace. Pour que le citoyen ordinaire puisse mesurer la chance qu’il a d’habiter sur Terre. (Photo: Nader Ghavami)

Devant les députés et sénateurs de son pays, Buzz Aldrin a insisté pour qu’on en fasse plus vers l’espace. Pour que le citoyen ordinaire puisse mesurer la chance qu’il a d’habiter sur Terre. (Photo: Nader Ghavami)

«Depuis que j’ai quitté la Nasa et que je suis à la retraite de l’US Air Force, je me suis demandé ce que j’allais faire. Nous devons en faire plus!» S’adressant aux politiques, il invite à faire sauter les barrières d’une nouvelle conquête de l’espace à laquelle seraient parties prenantes des sociétés privées.

Comme un homme politique un lendemain de Conseil européen, le Premier ministre, , confie qu’il n’a pas encore 50 ans et qu’il n’a donc pas vécu ces premiers pas en direct, mais qu’il est «fier que son vice-Premier ministre et ministre de l’Économie ait poursuivi cette aventure du space resources et du space mining».

Cinquante ans après le succès de la mission Apollo 11, Buzz – qui doit ce surnom aux difficultés que sa sœur avait à dire «brother» remplacé par un «buzzer» – Edwin Eugene «Buzz» Aldrin, pose encore et toujours avec chacun des hommes politiques sur le podium. Comme il continue de répéter sa passion pour l’espace. Ses fans, qui attendaient devant la Philharmonie plus d’une heure avant l’événement, espéraient juste le voir. Même pas avoir un autographe. Cinquante ans après ses premiers pas sur la lune, eBay en offre des spécimens sur des livres, l’astronaute en vend lui-même pour 500 dollars sur son site.

Buzz Aldrin, à sa descente du podium, entre amis et famille. (Photo: Nader Ghavami)

Buzz Aldrin, à sa descente du podium, entre amis et famille. (Photo: Nader Ghavami)

Et il ne rêve plus vraiment d’aller dans l’espace. Dimanche, à Strasbourg, à une question posée par la salle sur sa planète préférée, il a glissé, dans un souffle, «ici». Là où on attendait forcément «Mars».