Le pic de l’inflation était initialement attendu début 2022, avec en ligne de mire la résorption des difficultés d’approvisionnement à l’échelle mondiale dues à la pandémie. Mais ces espoirs ont été douchés par l’actualité géopolitique, les nouveaux blocages des chaînes d’approvisionnement, les perturbations des marchés de l’énergie et la vigueur de la demande.
Même s’il est possible qu’elle s’affaiblisse légèrement par rapport à ses niveaux actuels, l’inflation devrait se maintenir bien au-dessus de l’objectif de 2% poursuivi de part et d’autre de l’Atlantique, et continuera donc de contraindre les banques centrales à resserrer leur politique monétaire. Pendant que nos «gardiens» monétaires essaient de contenir les tensions sur les prix, les investisseurs se doivent d’agir pour protéger leur patrimoine dans ce nouveau contexte inflationniste.
En temps normal, ils acceptent d’exposer leurs investissements à un certain degré de risque de pertes en échange de perspectives d’augmentation de la valeur à plus long terme. Mais pour ceux qui gardent leur argent sans l’investir, l’inflation est le meilleur moyen de perdre du pouvoir d’achat, sans aucune possibilité d’appréciation. Sur le long terme, le seul moyen de protéger son pouvoir d’achat est de continuer d’investir. Ceux qui ont gardé leur argent en dehors des marchés ont perdu 37% de leur pouvoir d’achat depuis 2000. Au cours des 12 prochains mois, les marchés financiers estiment que le pouvoir d’achat s’érodera de 5,3% supplémentaires.
Un effet différent selon les classes d’actifs
Même si aucun investissement n’est totalement épargné par l’inflation, la bonne nouvelle est que ses effets néfastes ne sont pas les mêmes en fonction des classes d’actifs. Par conséquent, l’une des meilleures défenses consiste à doter son portefeuille d’actifs qui résistent mieux à ses effets corrosifs.
Un portefeuille d’actions bien diversifié permet de lutter partiellement contre l’inflation. Même si la croissance devrait ralentir cette année, nous n’anticipons pas de récession, et les arguments en faveur des actions demeurent intacts en raison de solides prévisions de bénéfices, en particulier aux États-Unis. De plus, certains secteurs comme les matériaux ou l’énergie ont tendance à bénéficier de l’accroissement des prix des matières premières et des produits énergétiques, alors que les services financiers devraient profiter de l’élan donné par la hausse des taux.
Les investisseurs obligataires, généralement considérés comme plus prudents, vivent pourtant assez dangereusement depuis quelque temps, en particulier s’ils sont exposés à des instruments à longue échéance. Le relèvement des anticipations d’inflation et la perspective du resserrement des politiques monétaires ont tiré à la hausse les rendements des obligations, entraînant une baisse du prix des titres en question. Il existe toutefois des segments du marché obligataire offrant une meilleure protection, à l’instar des instruments à courte durée ou bénéficiant d’une vaste protection pour faire face à la hausse des taux, notamment parmi les obligations à haut rendement. La BCE et la Fed ayant clairement fait part de leurs intentions, la dissipation de l’incertitude devrait favoriser une baisse de la volatilité des taux d’intérêt et ainsi soutenir les investissements dans le crédit.
Enfin, la détention de positions sur l’or au sein d’un portefeuille apporte également une couverture efficace contre l’inflation à long terme. Une exposition excessive est cependant déconseillée dans la mesure où la hausse des taux réels pourrait limiter le potentiel d’appréciation du métal jaune.
Le pic inflationniste n’est plus, comme on le pensait, une relique du passé. Après s’être endormie pendant plusieurs dizaines d’années, l’inflation est de retour et représente le facteur le plus important à prendre en compte pour les investisseurs, les épargnants et les consommateurs. Ils doivent bien avoir conscience de ses effets corrosifs sur la valeur de leur patrimoine. La volatilité du marché devrait s’accentuer cette année, mais il s’agit là du prix à payer en échange de meilleures perspectives de rendement dans le temps. Ne pas investir son argent est le meilleur moyen de perdre du pouvoir d’achat.