43% des salariés interrogés lors de l’étude P’op considèrent le télétravail comme l’un des cinq critères pour une entreprise idéale. (Photo: Shutterstock)

43% des salariés interrogés lors de l’étude P’op considèrent le télétravail comme l’un des cinq critères pour une entreprise idéale. (Photo: Shutterstock)

Le Covid-19 place au centre des préoccupations des employés le sens qu’ils donnent à leur vie et à leur travail selon la dernière étude de P’op. Les employeurs devront donc faire preuve d’empathie pour accompagner au mieux leur retour au bureau et éviter un turnover trop important en 2021. 

S’épanouir, trouver du sens… les aspirations au bien-être au travail se généralisent et évoluent avec la crise du Covid-19, d’après les résultats de la dernière enquête de P’op, cabinet de conseil en ressources humaines.

Près de la moitié (47%) des personnes interrogées affirment que leurs aspirations professionnelles ont changé avec cette pandémie. 41% souhaitent réduire leur temps de travail, même pour gagner moins, et 46% aimeraient travailler plus près de leur domicile. 21% disent vouloir changer d’orientation professionnelle et 29% s’investir dans des actions qui ont un impact sur l’environnement. La moitié veut également s’investir pour une entreprise qui partage ses valeurs.

L’étude a été réalisée au cours des trois dernières semaines sur 817 collaborateurs de moins de 25 ans jusqu’à 75 ans, issus de différents secteurs d’activité et d’entreprises de toutes tailles.

Le télétravail, nouveau critère de l’entreprise idéale

«On est vraiment sur une réflexion de la ressource temps», analyse , CEO de P’op. «Avant, je faisais ce que je pouvais avec le temps qu’il me restait. Aujourd’hui, ce n’est plus du tout le cas. C’est d’abord ‘je veux avoir une vie’, et ensuite travailler.»

Ainsi, la recherche de l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée devient une priorité. Elle arrive en première position à la question «Professionnellement, à quoi aspirez-vous?», à égalité avec «Du plaisir, ne jamais m’ennuyer».

L’entreprise idéale revêt donc de nouveaux critères. En 2016, elle devait d’abord proposer une bonne ambiance de travail. Puis permettre un bon équilibre entre vie privée et vie professionnelle, une évolution professionnelle, une rémunération attractive et un engagement sociétal et humanitaire.

Aujourd’hui, les mêmes critères reviennent avec, en plus, la volonté de faire du télétravail pour 43% des personnes interrogées et la bienveillance et la courtoisie pour 31%. «On voit bien qu’on ne pourra pas, après en avoir fait l’expérience, se passer du télétravail», analyse Béatrix Charlier.

La crise fidélise

De nouvelles attentes, oui, mais pas au point de tout quitter pour changer de vie. Seulement 27% des salariés ont l’intention de quitter leur poste actuel, contre environ 60% il y a quatre ans. «L’inquiétude crée des chemins de loyauté, nous sommes dans une période d’insécurité», justifie Béatrix Charlier.

L’écoute empathique active

Comment répondre à ces préoccupations des salariés lors de leur retour au bureau? En adoptant une «écoute empathique active», répond Béatrix Charlier. La CEO de P’op conseille de «profiter de ce moment pour fidéliser les collaborateurs autour des valeurs de l’entreprise. Les remettre à jour.» Mais aussi d’«aménager le temps de travail». Par exemple, en proposant un jour par semaine ou une semaine sur deux en télétravail, des postes de coworking aux frontières…

Les employeurs doivent aussi «remplacer les évaluations annuelles, démotivantes, par une autre approche, l’upskilling des compétences. L’enjeu de demain sera de donner la possibilité aux collaborateurs de muter en interne, d’apprendre de nouvelles choses.»

Si les entreprises ne prennent pas en compte les aspirations de leurs salariés, «cela va engendrer beaucoup de turnover. Pas maintenant, mais après le printemps 2021», prévoit Béatrix Charlier. Car selon elle, il ne s’agit pas d’un simple effet à court terme dû au télétravail. «Je pense que cela va s’inscrire dans la durée.»

Des craintes sanitaires

Des préconisations que suivent déjà certaines entreprises luxembourgeoises. Une quinzaine d’entre elles ont fait appel aux services de Talent Partners et Be Well RH Consulting, cabinets de conseil en ressources humaines, pour prendre la température de leurs employés. Ils proposent, via l’outil français Wellcap, un bilan collectif de l’impact du Covid-19 sur les salariés d’une société.

Leurs premières analyses révèlent que la moitié des personnes sondées (de 60 à 1.300 par entreprise) entre le 21 avril et le 8 juin s’interrogent surtout sur les conditions de reprise au niveau sanitaire. 30% se posent des questions quant au mode de travail post-Covid: télétravail total, partiel, horaires décalés pour faire tourner les équipes… Enfin, 20% s’inquiètent des perspectives économiques de leur entreprise.

Dorian Duval, CEO de Talent Partners, et Olivier Carette, à la tête de BE Well HR Consulting, expliquent: «Un grand bug dans les entreprises vient de la communication en interne.» Écoute et communication semblent donc, plus que jamais, être les mots d’ordre en entreprise.