«Notre conscience, nous y faisons appel tout le temps, mais sans lui offrir les mêmes soins qu’à notre corps ou notre mémoire», analyse Anne-Claire Delval. (Photo: Maison Moderne Publishing SA/archives)

«Notre conscience, nous y faisons appel tout le temps, mais sans lui offrir les mêmes soins qu’à notre corps ou notre mémoire», analyse Anne-Claire Delval. (Photo: Maison Moderne Publishing SA/archives)

Alors que nos vies sont bousculées par la pandémie et ses conséquences, nombreux sont ceux qui cherchent un «mieux-être» via différentes méthodes. La sophrologie peut convenir à chacun, puisqu’elle s’appuie sur nos ressources intérieures, pour permettre à notre conscience d’être traitée comme elle le mérite.

On a déjà beaucoup dit et écrit sur la sophrologie. Parfois tout et son contraire. , communicante, consultante et intervenante, est aussi sophrologue certifiée, praticienne et formatrice, et préfère dès lors dire ce que la sophrologie n’est pas. Et contrairement à une idée reçue, «la sophrologie n’est pas une méthode de relaxation. C’est un leurre de croire cela. Ce n’est pas non plus une technique qui serait une réponse magique aux problèmes des gens.»

En réalité, l’ambition de la sophrologie est plus élevée encore, et donc stimulante: «se réapproprier la personne que je suis et y être attentif».

La sophrologie, ce n’est donc pas gérer du stress ou de la dépression? Anne-Claire Delval. – «Pas uniquement, non, c’est plutôt stimuler le vivant, la joie, c’est donner une impulsion… C’est une proposition à faire les choses autrement, à sortir de ce que j’appelle le mode ‘pilote automatique’. Alors, certes, cela désoriente, cela fait peur, mais cela pousse aussi à se poser, à se recentrer.

Avec la conscience au centre de tout… «Notre conscience, nous y faisons appel tout le temps, mais sans lui offrir les mêmes soins qu’à notre corps ou notre mémoire. La sophrologie aide à donner aux gens la conscience de faire ou de ne pas faire, ou en tout cas, de ne plus faire, parce que cela est dicté par d’autres. C’est cela, la réappropriation de la personne que je suis et veiller à son entretien. La sophrologie amène à se centrer, mais aussi à prendre conscience du fait qu’on a besoin d’aide. Il faudrait accorder aux gens de ne pas venir travailler, sans raison, de temps en temps, juste pour pouvoir se recentrer sur eux! C’est vital de pouvoir s’arrêter et de se poser.

Dans nos vies, la pandémie a été un sérieux coup de frein… «Et brutal. Mais maintenant, on est passé dans la question du ‘comment on repart’. Or, répondre à cette question est impossible. C’est comme s’interroger lorsqu’une personne a eu le bassin cassé. Va-t-elle remarcher de la même manière ensuite? Quand? Comment? Il n’y a qu’une certitude, c’est que cela va repartir, sans doute autrement, mais repartir. La réponse face à cela est d’en revenir au moment présent, non pas pour y stagner, mais pour préparer ‘demain’.

Une leçon importante de la pandémie est que couper le lien tue l’être humain ‘normal’ à petit feu.
Anne-Claire Delval

Anne-Claire DelvalsophrologueDeep

Mais le moment présent n’est pas simple à vivre… «Dans nos vies, nous cherchons des voies de contournement pour éviter de nous confronter à la réalité. Face à l’actualité, on voudrait faire comme si la mort n’existait pas, comme si nous n’avions pas de finitude. Mais qu’est-ce qu’on croit? Qu’on va freiner ce virus comme cela? Qu’on va empêcher ses mutations…? On est dans la peur et dans l’infantilisation, avec l’usage de termes guerriers, alors qu’on est dans le domaine du vivant, processus qui inclut justement la maladie et la mort. En être plus conscient, c’est agir avec davantage de discernement. Se protéger, se prémunir, oui, bien sûr, mais avec une énergie de précaution, d’attention, moins aiguë que la menace ou l’angoisse.

Quelle leçon importante retenir de cette pandémie? «Que couper le lien tue l’être humain ‘normal’ à petit feu. Une étude de Harvard menée par Shawn Achor le démontre, tout comme celle menée par d’autres chercheurs et intitulée ‘Des gens très heureux’. Cela pointe les risques que nous font prendre nos gouvernants en nous enfermant, en nous privant de liens, en nous empêchant de visiter nos aînés, en coupant les jeunes de leurs amis… Et les conséquences sont loin d’être visibles, vécues ou mesurées encore. Alors, quand Xavier Bettel évoque les risques pour la santé mentale, oui, nous y sommes, et plus la situation perdure, plus ils seront nombreux. On ne confine pas des gens en bonne santé mentale sans impact. La résilience fera son œuvre, c’est évident aussi, mais certains garderont des traces. Lesquelles? Impossible à savoir pour le moment. En cela, la sophrologie peut être un réel soutien, puisqu’elle invite à repérer les tensions, les inquiétudes, les résistances aux changements. Elle propose d’explorer l’inconnu plutôt que de se figer, de s’ajuster, plutôt que de se crisper. Donc, de traverser cette crise et ce repli sur soi comme un temps de recentrage sur l’essentiel.

Et la technologie ne peut compenser… «Non, car nos cerveaux ne sont pas formatés pour cela, ils ne suivent plus.

L’horizon est donc bien terne? «La pandémie peut aussi être une opportunité, nous poussant à chercher le peps, à être créatifs. Nous sommes, c’est vrai, toujours dans un moment de contraction. Mais après, il y aura un relâchement, une expansion nouvelle qui sera chouette.»