Le sujet d’inquiétude principal concerne les jeunes enfants du cycle 1, trop jeunes pour comprendre et bien respecter les règles de distance de deux mètres. (Photo: Shutterstock)

Le sujet d’inquiétude principal concerne les jeunes enfants du cycle 1, trop jeunes pour comprendre et bien respecter les règles de distance de deux mètres. (Photo: Shutterstock)

Après la présentation jeudi par le ministère de l’Éducation de la stratégie encadrant la reprise de l’école, les syndicats des enseignants considèrent que les mesures vont dans le bon sens. Mais s’interrogent sur leur faisabilité.

«Pouvons-nous garantir que tous les élèves et tous les enseignants sont correctement protégés? Que le ‘social distancing’ de même que les mesures d’hygiène soient garantis partout et tout le temps, aussi bien à l’école que dans les transports scolaires?» Voici quelques-unes des interrogations que se posaient les syndicats SEW/OGBL, SNE/CGFP, la Féduse et l’Apess dans un communiqué diffusé jeudi, alors que le ministre de l’Éducation nationale, , présentait le même jour la .

Si «les mesures de sécurité prises vont dans la bonne direction», selon le président du syndicat SNE/CGFP, Patrick Remakel, si «l’approche est raisonnable et réfléchie», selon le président de l’Apess, Gilles Everling, de nombreuses questions restent en suspens concernant la faisabilité de la reprise prévue en mai, et «la rentrée sera très difficile», prévient le vice-président de SEW/OGBL, Jules Barthel.

Inquiétude pour les très jeunes

En premier lieu, le sujet d’inquiétude principal concerne les jeunes enfants du cycle 1. «Les enfants de 3 à 6 ans ne comprennent pas et ne vont pas respecter les règles de distance de deux mètres. Comment leur expliquer?», s’interroge Patrick Remakel. «Le risque sanitaire est grand. L’enseignement à domicile aurait dû continuer pour eux.»

Un autre souci concerne les élèves à besoins spécifiques. «Comment leur faire suivre les règles?», se demande Patrick Remakel. «Les enfants autistes ont par exemple beaucoup besoin de recourir au toucher. Il y a donc de nombreuses questions les concernant.»

«Certains considèrent que la coordination entre les écoles et les maisons relais, qui ouvrent en même temps, ne va pas fonctionner», constate Jules Barthel. «Est-ce que les maisons relais vont avoir assez de personnel pour encadrer les petits groupes?», questionne Patrick Remakel. «Si de petits groupes sont prévus dans les classes, il faut bien sûr éviter que de grands groupes se réunissent dans les maisons relais.»

L’effectif disponible des enseignants est aussi en question, sachant qu’entre les personnes vulnérables qui ne pourront pas reprendre les cours et les congés pour raisons familiales, le nombre d’enseignants sera réduit lors de la reprise.

La santé doit primer sur l’économie

Le passage de la théorie à la pratique sera donc difficile. «On fait confiance aux spécialistes qui conseillent le gouvernement. En espérant qu’en cas d’incertitude sur certains points, la santé continuera de primer sur l’économie», prévient Patrick Remakel.

Mais si certains syndicats déplorent de ne pas avoir été concertés en amont pour l’élaboration de cette stratégie, tous reconnaissent la difficulté de l’exercice. «Si j’étais ministre, je ne sais pas si j’aurais fait différemment: il n’y a pas beaucoup d’alternatives», admet ainsi Jules Barthel. «Chacun fait de son mieux», estime le président de la Féduse/Enseignement-CGFP, Raoul Scholtes. «Normalement, il faut des mois voire des années pour effectuer de tels changements. Là, tout doit se faire d’un coup.»