Les géants demeurent. Ou tentent de le rester. À l'image de la Deutsche Bank. (Photo: Olivier Minaire/ archives)

Les géants demeurent. Ou tentent de le rester. À l'image de la Deutsche Bank. (Photo: Olivier Minaire/ archives)

Brexit et Donald Trump. L’année 2017 sera sans nul doute marquée par ces deux événements, le processus de sortie historique d’un pays membre de l’Union européenne et l’arrivée au pouvoir d’un président américain aussi inquiétant pour son approche électoraliste que pour ses convictions environnementales. Quid de la Place luxembourgeoise dans cet agenda? Tournée par essence vers le marché européen et de plus en plus vers une clientèle mondiale, la Place est naturellement en première ligne pour sentir les contrecoups éventuels sur le plan mondial… ou en tirer les opportunités qui en découleraient.

Le premier secteur économique reste ancré sur ses fondamentaux, mais catalyse des intérêts nouveaux, notamment sur le plan géographique. Passée discrètement à la veille de la trêve hivernale, la cession à la banque privée allemande Hauck & Aufhäuser par Deutsche Bank de ses deux entités opérant sous l’ombrelle Sal. Oppenheim montre que les géants d’hier se recentrent sur leur métier de base.

Hauck & Aufhäuser se réjouit de bénéficier de l’expérience acquise par Deutsche Bank dans la gestion d’actifs et de renforcer sa présence au Luxembourg. Un acteur allemand de plus? Plus tout à fait puisque cette banque privée allemande est passée sous le giron du géant chinois Fosun en septembre 2016, celui-ci poursuivant son ambition d’acteur important sur la scène mondiale.

Aux dessous des cartes s'ajoutent ceux des chiffres. Chine et Allemagne partagent en effet le point commun d’être sur le podium des pays les plus représentés dans le secteur bancaire luxembourgeois. Les Allemands demeurent en tête avec 24 entités, devant les Français (16), suivis des Chinois avec 11 banques et établissements de crédit. Il est intéressant de constater que cette troisième place est partagée avec la Suisse qui voit de plus en plus dans le Luxembourg ce hub vers le passeport européen.

La Place séduit, mais elle doit aussi continuer à attirer. Tant pour se doter de l’intelligence liée aux nouvelles technologies, aux tendances émergentes, que pour faire partie du cercle des centres financiers qui sont plutôt des «first movers», non pas uniquement en matière de réglementation, mais bien de fintech, bien que les deux éléments soient liés. Le déplacement organisé cette semaine au Japon fait partie des éléments qui peuvent permettre au Grand-Duché de mieux se faire connaître. Il doit aussi offrir une source d’inspiration aux responsables luxembourgeois, ministre des Finances en tête.

Car il suffit de voir la vidéo de présentation du «Hong Kong SuperCharger Fintech Accelerator», l’accélérateur pour fintech, pour constater que la concurrence s’effectue sur le plan mondial et qu'elle sera rude. Les banques «traditionnelles» ont bien compris l’enjeu en s’associant à ces concours dans lesquels elles pourront, plus qu’un concurrent, repérer un partenaire potentiel. Presque un an après la coverstory (février 2016) de Paperjam dédiée au secteur des fintech, la Place doit maintenir le tempo pour rester dans la course. La volonté commune des acteurs existe, l'expérience aussi. Et pourquoi pas un peu d’audace en ce début d’année où il n’est pas encore (tout à fait) interdit de rêver…