La rue Erasme pourrait avoir un tout autre visage si les recommandations de Gehl Architects sont mises en œuvre.  (Illustration : Gehl Architects)

La rue Erasme pourrait avoir un tout autre visage si les recommandations de Gehl Architects sont mises en œuvre.  (Illustration : Gehl Architects)

Le Fonds Kirchberg a confié à Gehl Architects la mission de repenser l’espace public du Kirchberg. Suite à une analyse approfondie, ils proposent d’insuffler une nouvelle vie, sans pour autant devoir avoir recours à de grands bouleversements.

Les conclusions sont assez naturelles finalement. Nous avons tous envie d’avoir une ville où la vie urbaine serait plus facile, où la voiture n’occuperait pas tout l’espace public, où il serait possible de trouver des commerces le long de son chemin, mais également des lieux de rencontres et de culture. Actuellement, cette vie n’est pas encore possible au Kirchberg. Pourtant, à court et moyen termes, des changements significatifs pourraient apparaître.

C’est ce que révèle et propose l’analyse menée par le bureau de Jan Gehl, mandaté par le Fonds Kirchberg. Leurs résultats ont fait l’objet d’une présentation publique qui s’est déroulée au Tramsschapp ce jeudi soir.

Une approche humaine

Les propositions du bureau Gehl Architects considèrent le Kirchberg dans son ensemble. L’objectif est de rendre la vie au Kirchberg plus urbaine et de rendre toute sa place au piéton. Pour cela, il faut manipuler différents leviers simultanément, ce qui permettra de changer le visage de l’espace public sur le plateau.

Pour parvenir à cette analyse, de nombreuses entrevues ont été réalisées, que ce soit avec les institutions publiques comme le ministère de la Mobilité et des Travaux publics, la Ville de Luxembourg, mais aussi avec les associations présentes dans le quartier, les représentants des habitants ou encore les institutions culturelles.

Cinq axes stratégiques

Au final, cinq axes stratégiques ont été élaborés:

1. Le réseau des espaces publics;

2. La possibilité de densification de l’espace urbain;

3. L’intégration de nouveaux éléments de mobilier urbain;

4. Le réseau de pistes cyclables;

5. Une nouvelle approche pour le parking.

Il s’agira donc de renforcer les possibilités de rencontre dans l’espace public et de travailler plus finement l’identité des différents espaces publics. Pour y contribuer, du nouveau mobilier urbain pourra être introduit: des assises de différentes typologies et placées à des endroits stratégiques pourront inviter à séjourner dans la rue, par exemple.

Il conviendra également de densifier les espaces le long des trottoirs. Actuellement, trop de rez-de-chaussée sont laissés stériles, alors qu’ils pourraient accueillir de petits commerces de proximité.

Les modes de déplacement doivent également évoluer. La voiture ne doit pas être le premier moyen de déplacement. Les déplacements à pied et à vélo doivent être favorisés, surtout pour les déplacements inférieurs à cinq kilomètres. Pour cela, il faut améliorer les interconnexions du réseau de pistes cyclables, proposer de nouveaux couloirs sécurisés qui invitent véritablement à les utiliser. À cette trame d’espaces réservés aux piétons et aux cyclistes doit venir s’ajouter un réseau de transports en commun efficace, dont le tram est un axe majeur. Les intersections doivent aussi être sensiblement améliorées pour favoriser la cohabitation piétons/vélos/voitures.

Enfin, les parkings font également partie de la réflexion. Pour parvenir à mieux gérer le trafic, ils constituent un point à faire évoluer, et ce à différents niveaux – nombre de places, tarifs, niveau d’informations…

Deux exemples concrets

Les architectes-urbanistes ont proposé d’appliquer leurs recommandations sur deux sites pilotes: la rue Erasme et une portion de l’avenue J. F. Kennedy. Sur ces espaces du plateau, ils proposent d’avoir une piste cyclable séparée physiquement, d’introduire des parkings uniquement de courte durée, d’activer les rez-de-chaussée et d’installer du mobilier urbain qui invite à l’arrêt.

Maintenant que cette étude est réalisée, c’est au Fonds Kirchberg de parvenir à la mettre en application avec l’aide de la boîte à outils fournie par Gehl Architects. En procédant ainsi, le gaspillage d’espace public devrait être évité et un nouveau souffle urbain pourrait se propager sur le plateau du Kirchberg. Un renouveau qui a d’ailleurs déjà commencé avec l’introduction de nouveau mobilier sur la place de l’Europe, la plate-forme de Topotek, qui peut servir de mobilier à s’approprier à l’occasion d’activités collectives ou pour l’organisation de concerts dans l’espace public.