Les modifications proposées par l’UE pourraient rendre le secteur bancaire luxembourgeois plus compétitif. (Photo: Nader Ghavami/Maison Moderne)

Les modifications proposées par l’UE pourraient rendre le secteur bancaire luxembourgeois plus compétitif. (Photo: Nader Ghavami/Maison Moderne)

Une audition publique, organisée le jeudi 11 novembre par l’ABE, semble favorable à l’assouplissement d’un principe-clé de la législation européenne sur l’ouverture des services bancaires, la règle dite de «réauthentification à 90 jours».

La règle dite de «réauthentification à 90 jours», une norme technique réglementaire-clé de la directive européenne sur les services de paiement (PSD2), fait l’objet d’une consultation auprès de l’Autorité bancaire européenne (ABE) jusqu’au 25 novembre 2021. Les changements proposés suggèrent que les 90 jours soient étendus à 180 jours minimum, ce qui signifie en pratique que les clients actuellement tenus de se réauthentifier tous les 90 jours auront désormais un minimum de 180 jours pour le faire.

Cette mesure rendrait les comptes et les services d’initiation de paiement beaucoup plus faciles à mettre en œuvre pour les banques luxembourgeoises et les fournisseurs de paiements tiers (FPT) et contribuerait à ouvrir la voie à des paiements et à des services bancaires plus fluides dans le Grand-Duché.

«Bien que cela ne résolve pas le cœur du problème, c’est un pas dans la bonne direction», a déclaré Ralf Ohlhausen, président de l’association européenne des FPT, lors d’une interview accordée à Delano.

«La règle des 90 jours est la raison pour laquelle il faut désormais une authentification à deux facteurs (et non plus un seul), soit à chaque fois que l’on accède à son compte, soit au moins tous les 90 jours. Malheureusement, il est impossible de se réauthentifier une fois pour tous les comptes agrégés. Il faut le faire séparément pour chaque compte et généralement à des moments différents, car leurs délais respectifs d’expiration de 90 jours ne sont pas synchronisés», explique Ralf Ohlhausen. «Cette règle concerne également les banques agissant en tant que FPT.»

La modification proposée est une bonne nouvelle pour les banques luxembourgeoises et les prestataires de paiements tiers désireux de tirer parti des avantages potentiels du PSD2 en matière de sécurité, d’innovation et de concurrence.

C’est le cas de la banque luxembourgeoise Spuerkeess, qui a déjà utilisé les dispositions du PSD2 pour permettre à ses clients d’accéder à des comptes tiers par le biais de son application S-Net. Plus récemment, elle a ajouté les néobanques N26 et Revolut à cette offre, permettant aux utilisateurs de l’application de voir et de gérer les comptes transfrontaliers en un seul endroit.

Spuerkeess estime que le règlement PSD2 offre un grand potentiel pour améliorer l’expérience client au Luxembourg. «Au fil du temps, de plus en plus de banques tierces seront ajoutées», déclare Daniel Madariaga, le chef d’équipe du Business Innovation Office chez Spuerkeess, dans une déclaration en octobre concernant l’ajout de N26 et Revolut à l’appli S-Net.

«Une modification de la règle des ‘90 jours’ est beaucoup moins perturbatrice pour ce type d’offre», estime Ralf Ohlhausen.

Qu’est-ce que l’open banking et le PSD2?

L’open banking est la pratique consistant à autoriser des applications tierces à accéder aux comptes bancaires et financiers des consommateurs et à les contrôler, «ouvrant» les données financières pour qu’elles soient partagées en toute sécurité avec les institutions financières. En 2018, le PSD2 a été introduit pour créer un cadre autour des premières étapes de l’open banking en Europe, à savoir l’agrégation de comptes et les paiements numériques.

À la suite de l’introduction du PSD2, Spuerkeess ainsi que trois autres banques luxembourgeoises – BGL BNP Paribas, Banque Raiffeisen et Post Luxembourg – ont fondé, qui a vocation à devenir l’une des plus grandes plateformes bancaires ouvertes en Europe. Spuerkeess est ensuite devenue la première banque du Grand-Duché à offrir des services d’agrégation de comptes tiers, selon la de la banque sur l’intégration de N26 et Revolut.

Cet article a été écrit pour , traduit et édité pour Paperjam.