Steve Reckel: «Aujourd’hui, le bourgmestre ou l’échevin doit être polyvalent, et il est censé avoir des compétences dans tous les domaines.» (Photo: Commune de Mondorf-les-Bains)

Steve Reckel: «Aujourd’hui, le bourgmestre ou l’échevin doit être polyvalent, et il est censé avoir des compétences dans tous les domaines.» (Photo: Commune de Mondorf-les-Bains)

Préparer la rentrée politique, c’est le devoir de vacances que Paperjam a donné à plusieurs acteurs de la vie publique! Aujourd’hui, Steve Reckel, bourgmestre de Mondorf-les-Bains, estime que la loi communale n’est plus adaptée à la réalité.

La politique communale a fortement changé ces deux dernières décennies! L’époque où la politique se faisait avec les habitants avec qui nous discutions lors de festivités autour d’un verre est révolue. Aujourd’hui, les élus s’enferment toujours plus derrière des portes closes pour participer et souvent animer d’interminables réunions pour traiter des dossiers dont la complexité ne fait qu’augmenter: gestion du personnel, besoins des habitants, finances communales, entrevues avec des consultants, sans parler de la très lourde gestion des projets.

Aujourd’hui, le bourgmestre ou l’échevin doit être polyvalent, et il est censé avoir des compétences dans tous les domaines. Ceci n’est pas réaliste en étant un simple «bénévole», et c’est pour cela qu’il faut professionnaliser la fonction. La responsabilité et le travail dévolus aux responsables communaux ne sont plus en relation avec l’indemnité, mais surtout avec le nombre d’heures de congé politique prédéfini par la loi communale.

Pour encadrer un PDG en CDD le temps d’une mandature, il faut un personnel qualifié et compétent à tous les niveaux.
Steve R eckel

Steve R eckelbourgmestreMondorf-les-Bains

Les élus locaux ne sont plus des politiciens, mais que de simples employés d’un organisme qui s’appelle commune. Le bourgmestre en est le PDG et gère au quotidien le développement de son entreprise. Cela n’aurait rien d’insurmontable s’il avait le temps de le faire au quotidien, c’est-à-dire sept jours sur sept. Mais, bien souvent, le bourgmestre a un métier et une vie familiale, qui en pâtissent. Donc arrêtons d’être surpris par le manque de candidats motivés pour se faire élire.

Pour encadrer un PDG en CDD le temps d’une mandature, il faut un personnel qualifié et compétent à tous les niveaux. Il faut donc absolument revoir les carrières et leur classification dans la fonction communale.

Également revoir les tâches administratives confiées au secrétaire ou receveur communal. Chaque commune a aujourd’hui besoin d’un juriste, d’un architecte-urbaniste, d’un ingénieur, d’un responsable des relations humaines et du marketing, d’un informaticien, et surtout d’un directeur financier. Les communes sont appelées à chercher les ressources dans le secteur privé, et surtout dans l’artisanat, ce qui ne réjouit pas les professionnels du secteur en quête d’un personnel qualifié, qu’ils ont du mal à recruter.

Le rôle du bourgmestre est celui d’un manager, très exactement.
Steve  Reckel

Steve  ReckelbourgmestreMondorf-les-Bains

Il faut donner un moyen d’évaluation au PDG et aux chefs de service, et ainsi pouvoir rémunérer à leur juste valeur le fonctionnaire, l’employé et l’ouvrier communal, et sortir de la rigidité du système actuel. Car il ne faut en aucun cas sous-estimer leur travail, ni le poids énorme qu’ils ont sur le développement d’une commune, et ainsi aussi sur la perception politique des citoyens.

Le rôle du bourgmestre est celui d’un manager, très exactement. Il faut donc que la commune se modernise par son fonctionnement et se privatise par son organisation. La réforme communale est donc primordiale dans les années à venir pour le développement futur des communes. Une commune est une puissance économique redoutable!

Aujourd’hui, les responsables politiques que sont les députés, et surtout les ministres, ont le pouvoir de changer leur base, c’est-à-dire la politique communale. Réagissons et arrêtons les discussions stériles qui s’éternisent!