Pour Catherine Larue, la proximité géographique des acteurs de la santé et des politiques au Luxembourg est un véritable atout. (Photo: LIH)

Pour Catherine Larue, la proximité géographique des acteurs de la santé et des politiques au Luxembourg est un véritable atout. (Photo: LIH)

Madame Larue, quelle est la raison qui vous a poussée à vous installer au Luxembourg?

«L’intérêt du job de CEO de la biobanque IBBL (alors une fondation) qu’on m’a proposé était une vraie rupture avec les emplois précédents que j’ai exercés dans l’industrie. Les objectifs financiers au mépris de l’humain et le manque de vision stratégique technologique de certaines grosses sociétés 'biotech' commençaient à m’épuiser. L’ambition de rendre visible et 'successful' la biobanque à un niveau international a été un vrai moteur à mon arrivée, car c’était un challenge difficile. L’équipe que j’y ai rencontrée a été formidable.

Quelles opportunités et quelles éventuelles difficultés personnelles et professionnelles avez-vous rencontrées ou se sont offertes à vous?

«La proximité géographique des acteurs de la santé et des politiques au Luxembourg est un véritable atout; il est donc difficile de ne pas entendre les messages qui nous sont donnés. C’est un pays qui va vite, car il y a peu de distance entre les décideurs et les acteurs, il n’y a qu’à observer ces cinq dernières années. Il faut dire également que le pays est stable économiquement et financièrement.

Les différents ministres de la Recherche, de la Santé et de l’Économie ainsi que mon conseil d’administration m’ont tous fait confiance en me laissant la liberté de construire, de façonner pour le meilleur d’IBBL et depuis janvier 2016 du LIH quand j’en ai pris la direction[1]. Il arrive cependant qu’une carrière dans l’industrie ne soit pas autant reconnue qu’une carrière académique par certain(e)s puristes, mais cela n’est pas particulier au Luxembourg. Pourtant, ce ne sont pas le nombre de publications ou de brevets déposés qui me manquent. 

Venant de la recherche dans l’industrie et étant passée maintenant du côté des forces 'lumineuses', immergée avec bonheur depuis plus de quatre ans au Luxembourg dans le monde de la recherche du public, j’observe ces deux mondes (recherche du privé et du public) – encore trop étanches à mon avis – et pourtant si proches. Je crois qu’il nous manque encore des 'traducteurs' afin de mieux collaborer pour le meilleur de la valorisation des travaux des chercheurs du public. Il nous incombe donc de créer des passerelles entre les hommes (et les femmes), d’inventer des intelligences, d’ouvrir des portes entre les métiers, entre recherche en amont et recherche appliquée pour dessiner le chemin afin de relier l’idée, l’innovation au produit. On n’a pas trop le temps de flâner avec nos egos, car les patients attendent de nous de nouveaux traitements issus de la recherche.

En une phrase, comment définiriez-vous votre expatriation?

«C’est drôle, je ne me sens même plus expatriée, mais plutôt 'impatriée'. Je me sens bien intégrée, je me suis fait des amis luxembourgeois. Et je prends des cours de luxembourgeois depuis un an et demi.

Je me sens à l’aise ici au Luxembourg, qui est un melting pot multiculturel; c’est aussi un pays qui est conscient politiquement de l’importance des efforts à faire au niveau social, santé et recherche. J’aimerais continuer à contribuer dans ce pays qui m’a si bien accueillie il y a plus de quatre ans maintenant.»

Les inscriptions au 10x6 Expat women sont ouvertes sur le site du Paperjam Club.

[1] ad interim