Guy Daleiden (à g.) a beaucoup apprécié le film de Donato Rotunno (à d.). «C’est un petit chef-d’œuvre», dit-il.  (Photo: Matic Zorman)

Guy Daleiden (à g.) a beaucoup apprécié le film de Donato Rotunno (à d.). «C’est un petit chef-d’œuvre», dit-il.  (Photo: Matic Zorman)

Alors que l’année 2021 se termine tout doucement, Guy Daleiden, directeur du Film Fund Luxembourg, nous raconte ce qu’il a vu de mieux sur les écrans ces 12 derniers mois. Et évoque déjà un peu 2022. 

Quel est votre film préféré de 2021?

. – «‘Lingui, les liens sacrés’. Un film du réalisateur franco-tchadien Mahamat-Saleh Haroun qui était présent au festival de Cannes mais que j’ai vu en tant que juré à Cinemania, le festival francophone de Montréal. Il m’a vraiment impressionné, réunissant pas mal de problématiques importantes. Il raconte la survie d’une maman dans un village africain. Une maman esseulée, avec sa fille qui a été violée et essaie d’avorter alors que la religion islamique le lui interdit. C’est fort, bien écrit et remarquablement mis en scène.

Quelle est votre série préférée de 2021?

«C’est une série coréenne diffusée sur Netflix, mais ce n’est pas ‘Squid Game’. J’ai commencé à regarder cette dernière, mais j’avoue avoir assez vite arrêté, n’étant pas vraiment intéressé.

Non, celle dont je vous parle se nomme ‘Vincenzo’. Elle a été créée par Park Jae-bum (un showrunner très connu en Corée, qui est notamment derrière la série ‘Good Doctor’ dont la version américaine qui passe chez nous n’est qu’un remake, ndlr) et réalisée par une femme, Kim Hee-Won. C’est un véritable ovni composé de 20 épisodes de 1h25 chacun.

C’est l’histoire d’un Sud-Coréen adopté dans une famille sicilienne qui devient avocat et bras droit d’un parrain de la mafia. Cela mixe donc des thèmes comme la mafia, les affaires d’avocats, tout en plongeant dans la vie sociale coréenne et en montrant pas mal de violence à l’écran. C’est bien écrit et filmé. On suit le récit à plusieurs niveaux et l’ensemble est construit de manière à ce que l’on ne puisse jamais deviner la suite. On en arrive même à se demander qui a pu mettre au point un tel scénario. Bref, cela m’est apparu très différent de ce que l’on voit habituellement.

Marc (Limpach), qui s’était fait connaître avec son rôle dans la série ‘Bad Banks’ et est aujourd’hui toujours juriste à la CSSF, est brillant dans ‘Hinterland’.
Guy Daleiden

Guy DaleidendirecteurFilm Fund Luxembourg

Quelle est votre (co)production luxembourgeoise préférée vue en 2021?

«Deux noms me viennent en tête : ‘Io sto bene’ de Donato Rotunno (Tarantula Luxembourg) et ‘Le Chemin du bonheur’ de Nicolas Steil coproduit par Iris Productions. Mais ce dernier n’étant pas encore sorti sur nos écrans, je vais opter pour Donato.

Son film est une belle petite fable poétique sur l’immigration italienne. Un petit chef-d’œuvre! On sent qu’il a mis beaucoup de sa propre histoire dans le scénario. Ce n’est pas une production hollywoodienne, mais il représente bien notre pays, son immigration et son cinéma. Il montre notre niveau actuel, cinématographiquement parlant, ce que nous sommes capables de réussir dans une production avec un réalisateur luxembourgeois, des comédiens luxembourgeois, des techniciens luxembourgeois…

Une performance marquante d’un(e) acteur/actrice en 2021?

«Je dirais Marc Limpach dans ‘Hinterland’ du réalisateur autrichien Stefan Ruzowitzky (une coproduction Amour Fou Luxembourg, ndlr). Un film qui a remporté cet été le Prix du public au 74e Festival international du film de Locarno, en Suisse. Marc, qui s’était fait connaître avec son rôle dans la série ‘Bad Banks’ et est aujourd’hui toujours juriste à la CSSF, est brillant. Il n’a pas le premier rôle, mais il incarne son personnage d’une telle manière que ce dernier prend une importance supérieure à ce qu’il était au départ.

Une attente cinématographique pour 2022?

«Que les films autorisés par le Film Fund Luxembourg puissent rapidement se réaliser en 2022. Nous en autorisons une vingtaine par an, mais avec la crise sanitaire, beaucoup n’ont pas encore pu commencer à se tourner. Ce qui signifie que l’argent que nous débloquons n’a pas encore pu être distribué au secteur. Et que beaucoup de gens présents au sein de celui-ci n’ont donc pas pu travailler comme ils auraient dû le faire…»