«Un médicament efficace à court terme serait la meilleure solution, le chemin le plus court, pour arriver à des résultats qui aident les gens», estime Alain Schmit. (Photo: Shutterstock)

«Un médicament efficace à court terme serait la meilleure solution, le chemin le plus court, pour arriver à des résultats qui aident les gens», estime Alain Schmit. (Photo: Shutterstock)

Un essai européen de grande ampleur, incluant 3.200 patients à travers l’Europe, et notamment au Luxembourg, a débuté dimanche. Quatre traitements contre le coronavirus vont ainsi être testés.

«C’est une très grosse étude, avec des données à n’en plus finir, et qui suppose un investissement énorme», commente le président de l’Association des médecins et médecins-dentistes (AMMD), le docteur Alain Schmit, au sujet de l’essai clinique européen «Discovery». Celui-ci inclut 3.200 patients à travers l’Europe, notamment au Luxembourg, mais aussi en France, en Belgique, aux Pays-Bas, au Royaume-Uni, en Allemagne et en Espagne.

Cet essai, qui a démarré dimanche dernier en France, selon l’, va permettre de tester une liste de molécules antivirales susceptibles d’être efficaces pour lutter contre le SARS-Cov2, le virus à l’origine du Covid-19: le remdesivir, le lopinavir en combinaison avec le ritonavir (ce dernier traitement étant associé ou non à l’interféron bêta) et l’hydroxychloroquine (un traitement qui a obtenu des résultats prometteurs lors d’une étude menée sur un nombre réduit de patients à Marseille). Une sélection basée sur la liste des traitements expérimentaux classés comme prioritaires par l’OMS, informe l’Inserm.

Un grand nombre de patients inclus

La difficulté de ces études est le temps qu’elles nécessitent pour atteindre un bon niveau de fiabilité. «Cela peut prendre un an, voire deux», juge Alain Schmit. «Pour faire plus vite, il faut cumuler un grand nombre de patients dans de nombreux centres hospitaliers différents. Ce qui suppose des protocoles d’études qui fassent l’unanimité dans ces hôpitaux. Et les barrières administratives et éthiques sont nombreuses.»

Dans la nécessité de trouver en urgence un moyen de lutter contre la pandémie de coronavirus, l’essai «Discovery» a manifestement surmonté ces difficultés, en incluant un très grand nombre de patients. L’analyse de l’efficacité et de la sécurité du traitement sera évaluée 15 jours après l’inclusion de chaque patient.

«Cet essai est conçu de façon pragmatique et adaptative. Il a pour but d’analyser l’efficacité et la tolérance des options thérapeutiques pour les patients dans un temps limité. C’est une démarche de recherche résolument proactive contre la maladie», explique à l’Inserm Florence Ader, qui pilote l’essai en France. L’attribution des modalités de traitement se fera de façon randomisée, c’est-à-dire aléatoire, mais patients et médecins sauront quel traitement est utilisé (on parle alors d’essai ouvert).

«Un médicament serait la meilleure solution»

Les résultats de cet essai pourraient marquer un tournant dans la lutte contre le coronavirus. «Un médicament efficace à court terme serait la meilleure solution, le chemin le plus court, pour arriver à des résultats qui aident les gens», estime Alain Schmit. «Trouver un vaccin est plus compliqué et plus long, de 12 à 18 mois minimum.»

D’ici au résultat de ces études, le recours à de tels médicaments «n’est pas généralisable, car il n’y a pas de preuve scientifique d’efficacité», assure Alain Schmit. «Cela ne veut pas dire qu’on ne peut pas les utiliser du tout. Mais leur utilisation n’est à encourager que dans des cas où il y a complication, en fonction du contexte clinique, et s’il n’y a pas de contre-indications. La décision est à prendre au cas par cas.» La prudence reste donc de mise lorsque l’efficacité n’est pas prouvée, le principe étant de bien faire la balance entre les bénéfices et les risques encourus.